Christian, le fleuriste ambulant

Depuis 25 ans, Christian arpente les rues d’Antibes, de Cannes et de Nice. Trois fois par semaine, il vend ses fleurs aux passants.

Cannes, en début d’après-midi. La pluie incessante s’arrête peu à peu et laisse place au soleil. Christian, fleuriste itinérant à la cinquantaine joviale, va pouvoir pousser sa carriole dans le coeur de la ville. Le long de la rue d’Antibes et de ses ruelles avoisinantes, cet amoureux des belles plantes commence son petit rituel : il se gare aisément devant les grandes enseignes, les salons de coiffure ou encore les parfumeries, qu’il embaume d’autant plus avec sa cargaison parfumée. Il y entre et vend ses fleurs aux commerçants, qu’il connaît depuis un quart de siècle, pour certains, « devenus de vrais amis ». Christian est aujourd’hui un personnage incontournable : impossible de marcher plus de cinq minutes sans que quelqu’un ne l’interpelle ou ne le klaxonne en voiture. Il ne se sent lui-même qu’en compagnie de sa modeste carriole, qu’il nomme sa « caravane de rêve ». C’est ainsi qu’il l’appelle car « elle bouge et elle fait rêver les gens. » 

 

Christian et sa carriole fleurie, devenue mythique depuis déjà bien des années. (Crédit photo : Lara Pekez).
Christian et sa carriole fleurie, devenue mythique depuis déjà bien des années. (Crédit photo : Lara Pekez).

« Une aventure humaine »

Nul besoin de forcer le contact, des gens de tous horizons s’arrêtent systématiquement dans les rues cannoises pour choisir leurs fleurs parmi les vingt variétés différentes qu’il propose. Des tulipes, des renoncules, des amaryllis ou encore des roses… Il anime la rue et l’enivre de mille odeurs. « C’est le poète des fleurs, je suis triste quand il ne vient pas« , affirme une vendeuse. Pour Christian, il y a les fleurs mais il y a surtout le contact avec les gens. Il n’hésite pas à affirmer que son métier est « une aventure humaine » : « En 25 ans, j’aurais pu réécrire « Les Caractères » de La Bruyère. Les gens n’ont plus de secret pour moi. »
Le fleuriste n’est jamais pressé. Il sait prendre le temps pour parler à ses clients, car le contact humain « [le] transcende« . Un peu plus loin, au fond d’une ruelle escarpée, il s’arrête net devant un vieil immeuble et sonne. Violette, 85 ans, descend comme tous les samedis choisir ses fleurs. Il ne compte même plus tous ses habitués de longue date, tant ils sont nombreux.
Il vadrouille ainsi dans les rues jusqu’à la fermeture des boutiques, puis le soir venu, son pèlerinage hebdomadaire se poursuit devant les bars et les restaurants. Si travailler dans la rue est pour lui un choix heureux, il possède aussi une boutique de fleurs à Nice lorsqu’il n’officie pas en ville. Ouverte il y a deux ans, elle va fermer ses portes : « La boutique, c’est trop de contraintes quand on a eu l’habitude de travailler dehors toute sa vie. » Car déjà en 1989, il vendait des fleurs sèches à travers toute la France avec sa camionnette, pour ensuite sillonner les côtes de l’Italie et de la Grèce avec les amours de sa vie…

"Ma vie, elle est là", confie le fleuriste en désignant sa carriole. (Crédit Photo: Lara Pekez).
« Ma vie, elle est là », confie le fleuriste en désignant sa carriole. (Crédit Photo: Lara Pekez).

Lara Pekez

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