Le prix des livres numériques est-il anormalement cher en France ?

Comme le précise une enquête de Slate.fr, le marché numérique représentera 6 % des ventes en France en 2015 © Getty images

Kindle, Ipad, Galaxy Note, Nexus 7, les supports des livres numériques (les e-books) se sont multipliés. Les plateformes de téléchargement aussi (Amazon, iBookstore, Google Play). Elles proposent de plus en plus d’e-books pour un tarif moyen de 15 euros. La différence avec la version papier n’est pas significative. Pourtant, certains coûts comme l’achat de matières premières, l’impression ou encore le transport ont disparu. Une économie de 30 % selon le centre d’analyse stratégique.

Bien que certains e-books soient disponibles à très petits prix  (moins d’un euro), les livres numériques se vendent en France en moyenne 30 % moins chers que ceux en papier contre 60 % aux Etats-Unis. Le prix de l’e-book en France est trop cher pour le consommateur français : selon une étude menée par le cabinet Gfk reprise par Slate.fr, le lecteur se dit prêt à dépenser 7 euros pour s’offrir un livre qui en vaut 18 au format papier, soit une différence de 60 % (comme aux Etats-Unis).

Des marges plus intéressantes

Pourquoi une telle différence entre le prix des e-books français et américains ? Parce que le modèle français est spécifique. Dans l’Hexagone, c’est l’éditeur et lui seul qui détermine le prix de vente de son livre en se basant sur ses coûts de production. Pour la majorité d’entre eux, ils restent encore élevés. La numérisation de l’ouvrage s’ajoute aux coûts déjà existants (rémunération de l’auteur, de la maison d’édition, marketing, etc). Pourtant le coût d’une numérisation est modeste (1200 euros pour un ouvrage de 256 pages selon l’observatoire du livre et de l’écrit en Île-de-France). Une autre explication possible, le fait que les éditeurs arrivent aujourd’hui à tirer des marges très intéressantes sur leurs livres numériques (55 % du prix de vente revient à l’éditeur pour un e-book contre 36 %  pour une version papier soit une différence de 18 points).

Certains éditeurs comme Hachette pratiquent toutefois une politique de prix bas sur une partie de leur catalogue, une évolution des tarifs reste donc encore possible.

Christophe Napoli