La danse, méconnue mais pas méprisante

Il n’y pas que sur les écrans que des vedettes esquissent des entrechats à Cannes. Le Palais des Festivals accueille toute l’année des compagnies de danse et des chorégraphes reconnus. De Phillipe Découflé à Benjamin Millepied, ils sont nombreux cette année encore à venir se produire sur les planches de la scène qui accueille le festival du cinéma.

Des ballets grandioses

Malgré le désir de s’ouvrir de plus en plus au public, la danse reste un art moins populaire que le cinéma ou le théâtre. A Cannes, tout est fait pour que les habitants de la région puissent assister à des représentations de grandes compagnies. Dimanche 9 décembre, ce sont les danseurs du Malandain Ballet Biarritz qui ont fait résonner leur pas dans le grand auditorium. Ils présentent une version dansée de Roméo et Juliette. Tout en finesse et anachronisme, ils revisitent la célèbre romance de Shakespeare et ce ne sont pas un mais neuf couples en proie aux affres de l’amour qui forment le corps du ballet.

Les danseurs du Malandain Ballet Biarritz en plein mouvement. Photo Site de la compagnie

Les danseurs du Malandain Ballet Biarritz en plein mouvement. Photo Site de la compagnie

Un autre ballet se produira également le 31 décembre et le 1er janvier 2013. C’est le ballet National d’Espagne qui revisite la tradition flamenco avec de nombreux accents contemporains. Le spectacle présenté s’intitule Suite Sévilla et c’est comme on peut l’imaginer une ode à la capitale de l’Andalousie. Haute en couleur et définitivement entraînante, la pièce est dansée par 37 danseurs et jouée en direct par 7 musiciens ! C’est presque autant pour le Ballet de L’Opéra National Tchaikovski de Perm qui dansera le 12 février prochain. Les danseurs exécuteront un ensemble de scénettes relatant l’histoire de Don Quichotte. Cette compagnie plus vieille, mais aussi plus exigeante et classique que les deux autres, s’est produite notamment au théâtre moscovite du Bolchoï (fondé en 1776, il est un des symboles de la danse néo-classique). De nombreuses danseuses étoiles ont étés consacrées après avoir dansé cette pièce d’une complexité et d’une technique peu commune.

Le ballet National d'Espagne : un mélange de tradition et d'originalité. Photo Site Palais des festivals

Le ballet National d’Espagne : un mélange de tradition et d’originalité. Photo Site Palais des festivals

La danse n’est plus une culture d’élite

La danse ne se résume pas aux écoles classiques et aux ballets. C’est ce que tend à démontrer le reste du programme du Palais des Festivals. Le 9 février prochain, c’est le hip-hop qui est à l’honneur avec Break the Floor  International. Depuis sa création en 2007 par l’association cannoise « On existe », Break The Floor est devenu un évènement incontournable. Réunissant artistes et break-dancers français et étrangers, le spectacle permet d’explorer le genre et d’en prendre plein les yeux. Mais avant tout c’est une compétition opposant plusieurs équipes avec leurs noms, cultures, figures emblématiques venues pour faire le show.

On reste dans la danse « commerciale » avec un spectacle de Benjamin Millepied (http://www.benjaminmillepied.com/), le chorégraphe du film Black Swan, qui présentera le L.A Dance Project le 27 avril 2013. Propulsé sur la scène américaine grâce au film et à Natalie Portman (sa fiancée) il est aujourd’hui le chorégraphe français le plus connu outre-Atlantique. Il présente ici deux pièces : Winter Branch de Merce Cunningham et Quintett de William Forsythe. Des œuvres de grands chorégraphes contemporains revisitées par le jeune artiste avec un regard neuf.

Mais c’est probablement la représentation du 1er mars qui devrait réellement être un monument. La compagnie DCA du génial Phillipe Découflé présentera sa dernière création : Panorama. C’est un best-of farfelu de tous les spectacles de DCA qui ont véritablement révolutionné le monde de la danse, parfois trop rigide ou au contraire trop commerciale. Phillipe Découflé, chorégraphe populaire et metteur en scène de la cérémonie d’ouverture des J.O. D’Albertville en 1992, et ses pièces sont habités par un humour décalé. Il joue sur une fusion improbable entre arts du cirque, danse, mime. Tout cela illustré par des références au cinéma, à la BD.  Avec lui la danse sait aussi être anticonformiste, folle et en même temps techniquement irréprochable. Un moment de magie à savourer.

                                   

Lucie Puyjalinet

Louis-Vianney Simonin