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« Une pagaille sans nom »
Breaking News : l’UMP s’est effondrée dimanche 18 novembre, premier jour d’une omniprésence dans les médias de cette crise interne. Buzzles en parle côté isoloirs, depuis les bureaux de vote où les rumeurs de fraude sont nées.
Au vu des tensions entre fillonistes et copéistes à l’intérieur des bureaux, de la mauvaise organisation et des queues interminables, l’issue du scrutin du dimanche 18 novembre ne pouvait pas être claire. Retour dans le bureau de vote cannois, où l’ambiance n’était pas au beau fixe.
Une organisation mouvementée
Le jour J à 9 heures, une centaine de personnes font la queue devant les portes closes du Palais des Victoires, à Cannes-la-Bocca. A 9h45, le complexe sportif devant accueillir les militants de la circonscription de Cannes, Mandelieu-La-Napoule et Théoule-sur-Mer, ouvre enfin. Le début d’une très longue journée pour Béatrice, assesseure pour François Fillon, qui a une formule sans appel pour qualifier ce vote, “une pagaille sans nom”. Les assesseurs sont chargés de faire signer les électeurs sur la liste d’émargement et de tamponner la carte électorale. Un représentant de chaque « clan » a été prévu dans les bureaux de vote, pour surveiller toute irrégularité.
Si Béatrice assure n’avoir assisté à aucune tricherie dans son bureau, elle a toutefois “constaté des choses très particulières”.
Premier élément “particulier”, avant même le vote, rapporté par Le Point : des représentants de la députée-maire du Cannet, Michèle Tabarot, soutien de Jean-François Copé et actuelle secrétaire générale du parti, avaient proposé que le scrutin se déroule dans un appartement de 70 m² situé au premier étage d’un immeuble de l’avenue Carnot à Cannes. Face à l’opposition du maire de Cannes Bernard Brochand, le scrutin a lieu dans le Palais des Victoires de 800 m². “On s’est battu pour avoir cette salle, imaginez si ça s’était passé dans un endroit plus petit !” s’exclame Béatrice.Une tentative de découragement de la part des copéistes, dans le département d’Eric Ciotti, directeur de campagne de François Fillon, et dans une circonscription déjà largement acquise à sa cause ? Pour Béatrice, le problème se trouve à la source de l’organisation du vote, déjà trouble : “Est-ce normal que M. Copé, qui était candidat et en fonction de secrétaire général de l’UMP, organise l’élection ? Il aurait dû se retirer et quelqu’un de neutre au sein de l’UMP s’en serait chargé.”
Des militants découragés
Autre extrait de cette journée infernale : un incident pas si anodin. Les maires de Mandelieu-La Napoule et de Cannes, tous deux soutiens de François Fillon, étaient présents dans le bureau de vote de Cannes le jour du vote, et ont été au final priés de… quitter la salle où avait lieu le scrutin. “M. Brochand disait bonjour aux gens qui venaient le voir, explique Béatrice, il ne leur disait pas de voter Fillon. Alors quand deux furies arrivent en disant “notez sur le procès-verbal que M. Brochand parle à des gens”, c’est lamentable !”. Béatrice a beaucoup d’exemples : un très grand nombre de procurations refusées à cause de “beaucoup de titillements, alors qu’à 90 ans, on n’a pas toujours la même écriture que sur sa carte d’identité…” ; des listes d’émargement incomplètes car les gens partent “sans les signer” ;une organisation débordée, “plusieurs couples qui ont payé en même temps leur adhésion, on ne trouve que le nom du mari sur les listes d’émargement…” ; ou encore des renouvellements d’adhésions faits « le jour même du vote ». Une accumulation de désagréments qui donne l’impression à Béatrice “qu’on voulait décourager les gens.” Avec des queues qui pouvaient durer jusqu’à 2 heures, “beaucoup de militants en avaient ras-le-bol et sont repartis sans voter. On se faisait traiter d’incapables alors que c’est à Paris que le vote a été pensé et organisé”. Car en même temps que les militants votaient pour leur président, il y avait encore deux autres votes. Celui pour la motion UMP et un autre pour la charte UMP, qui rendaient la tâche “très difficile pour les militants, il y avait trop de choses à faire.”
Au final, pour Béatrice le “plus juste” serait de revoter. Jean-François Copé, lui, a bien proposé un nouveau vote, mais après les prochaines municipales, c’est à dire… dans deux ans.
Pour en savoir plus sur la pagaille des élections à l’UMP : http://storify.com/HortenseReberat/pas-de-president-a-l-ump
Elvire Simon