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Football total : le beau jeu est de retour
Amoureux du ballon rond, réjouissez-vous : le football total est de retour. A des années lumières du catenaccio, système à forte vocation défensive popularisé par les équipes italiennes, le football total est l’essence même de ce que doit être le football : un spectacle.
Qu’est-ce que le football total ?
« Ce que je voulais créer est un jeu dans lequel les dix joueurs de champ vont sans cesse de l’avant, même lorsque nous n’avons pas le ballon ». Une citation signée Rinus Michels, élu meilleur entraîneur du XXe siècle par la FIFA.
Le terme de « football total » apparaît pour la première fois dans les années 1970. L’auteur de ce concept ? Rinus Michels. Une fois sa carrière terminée, cet ancien international néerlandais prend les rênes de son club de cœur : l’Ajax Amsterdam. Il va alors instaurer un genre révolutionnaire. Le principe ? Les dix joueurs de champ doivent participer aux phases de jeu, qu’elles soient offensives ou défensives. Lorsqu’un défenseur prend part à une action et participe à l’élaboration d’une attaque, l’attaquant doit redescendre pour prendre la place de son coéquipier. Les permutations sont incessantes et le jeu en est fluidifié. L’équipe adverse se retrouve alors déboussolée, le danger provenant de toutes parts. Après un temps d’adaptation qui durera près de 5 ans, la mayonnaise prend enfin.
Emmenée par des joueurs exceptionnels comme Johan Cruyff, Ruud Krol ou encore Johan Neeskens, l’Ajax Amsterdam va connaitre son âge d’or et ainsi dominer l’Europe du football. Le club hollandais remportera 3 Ligues des champions d’affilée, écrasant tous ses adversaires. Lors des saisons 1972-1973 et 1973-1974, l’Ajax termine le championnat en ayant marqué plus de 100 buts. Cette volonté d’un football spectaculaire est basée, avant toute chose, sur le jeu offensif. Elle se répercutera également sur le jeu de l’équipe nationale des Pays-Bas qui illuminera la coupe du monde 1974.
Le Shakhtar Donestk, digne successeur de l’Ajax Amsterdam ?
Après de belles années à l’Ajax, Rinus Michels part entraîner le FC Barcelone. Sa clairvoyance séduira les dirigeants catalans. Aujourd’hui encore, on retrouve la patte Michels dans le jeu barcelonais. Plus de quarante ans après sa création, le football total s’est-il transposé dans le football moderne ? Après une longue période où le catenaccio, prôné par la Juventus Turin ou l’Internazionale FC, a été le modèle d’innombrables écuries européennes, le « jeu à la hollandaise » semble être de retour.
Appliquant à sa manière les préceptes inculqués par les hollandais passés par le club, le FC Barcelone est, selon les spécialistes, la meilleure équipe du monde et ce, depuis 2008. Certains seront peut-être surpris d’apprendre que Josep Guardiola n’est pas le précurseur de ce jeu si attrayant. De nos jours, quelques équipes proposent un jeu proche de celui de l’Ajax des années 1970.
C’est le cas du Shakhtar Donetsk. Le club ukrainien, entraîné par Mircea Lucescu, propose depuis près de cinq ans un « football spectacle » comme le souligne le coach roumain. Cela est dû, en grande partie, à la forte colonie brésilienne présente au club (12 brésiliens sur 31 joueurs sous contrat). Willian, Fernandinho, Mkhitaryan… Le Shakhtar possède un effectif où les génies du ballon se côtoient au quotidien. La plus brésilienne des équipes ukrainiennes aspire à atteindre le sommet du football européen comme l’avait fait l’Ajax avant elle. Qui aurait pu prédire qu’un jour, une équipe ukrainienne ferait peur aux plus grands ? Après avoir gagné la coupe UEFA en 2009, il ne serait pas surprenant de voir le club présidé par Rinat Akhmetov (39ème richesse mondiale) gagner la Ligue des champions d’ici peu tant la qualité de jeu proposée impressionne. Même si l’équipe mène 3-0, il faut continuer à attaquer pour marquer le plus de but possible, quitte à en encaisser un. C’est ça la philosophie du football total : toujours jouer pour gagner et procurer du spectacle au spectateur.

Le Borussia Dortmund et le Bayern Munich, têtes d’affiche de ce football allemand. Montage Hassen Gallah.
La réussite du système allemand
D’une manière plus générale, la Bundesliga (championnat d’Allemagne) semble être le berceau du football total moderne. Connu pour sa rigueur et sa terrible efficacité, le football allemand est en pleine reconstruction. En ayant énormément misé sur la formation des jeunes footballeurs, l’Allemagne comptait détruire les clichés liés à son football. C’est désormais chose faite. Que ce soit avec la Mannschaft (expliquer, équipe nationale) ou par l’intermédiaire de ses clubs, le football allemand est désormais synonyme de spectacle. Borussia Dortmund, Bayern Munich, Schalke 04 ou encore Hanovre 96 : autant d’équipes qui pratiquent un football léché basé sur le jeu offensif, rien que le jeu offensif. Avec une moyenne d’environ 4 buts par matchs depuis le début de la saison, on ne fait pas mieux en Europe. Et un tel jeu attire les foules. Pour preuve : le taux de remplissage des stades en Bundesliga est proche des 90%.
Un système de jeu adéquat : le 4-2-3-1
D’un point de vue tactique, et à y regarder de plus près, toutes ces équipes ont un point commun : elles évoluent dans un schéma en 4-2-3-1. Quatre défenseurs, deux milieux récupérateurs, trois milieux à vocation offensive plus un attaquant de pointe. Un détail pas très étonnant. Ce qui fait la force de ces équipes adeptes du football total, comme cela était le cas avec l’Ajax, c’est le fait d’avoir, en permanence, quatre joueurs concernés par les actions offensives. Selon les phases de jeu, le nombre peut monter à six, voire jusqu’à huit lorsque les arrières latéraux y participent. Et lorsque vous êtes l’adversaire et que vous devez défendre face à huit joueurs à la fois, la tâche est très, très compliquée.
Aujourd’hui, 40 ans après l’apparition du football total, le ballon rond est divisé en plusieurs catégories : il y a les équipes qui, à défaut de mieux, continuent de jouer avec la « bonne vieille défense à 5 », celles qui tentent de faire du beau jeu et qui y arrivent de temps à autres et celles qui pratiquent un football flamboyant, tourné vers l’avant et qui offrent aux passionnés 90 minutes de pur plaisir. Les plus convaincantes d’entre-elles resteront gravées dans les mémoires des amoureux du football, ceux-là mêmes qui n’oublient pas à qui l’on doit le « football total ».
Hassen Gallah
J adore c systeme
Merci de votre intérêt pour Buzzles. Bonne journée
Le football total repose sur un système bien précis, le 4-3-3, pas le 4-3-2-1, qui propose un jeu tout à fait différent (moins d’attaques excentrées et une densité plus défensive qu’offensive, comme le veut le football total).
Par ailleurs, l’article propose une analyse succincte du football total, mais elle n’en demeure pas moins juste. Bon article donc, même si cette tactique mériterait davantage d’explications. Comme par exemple la préparation extrêmement physique qu’elle oblige, le rôle de gardien volant, l’alternance entre les ailiers et les latéraux défensifs, le pressing haut et fort, etc… C’est un peu trop brièvement expliqué.
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