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« On n’invente pas la survie, on s’y prépare »
Après avoir rassemblé votre matériel de survie, il est temps de prendre en note quelques conseils pratiques. Rencontre à Cap d’Ail avec Frédéric Vimes, 40 ans, professionnel de la vie en conditions extrêmes.
Buzzles : Avant de nous confier vos précieuses recommandations, pouvez-vous nous en dire plus sur vous ?
Frédéric Vimes : Je suis devenu militaire très jeune et j’ai passé les sélections pour intégrer les forces spéciales françaises. C’est l’école militaire la plus dure, on est aguerri à toutes les méthodes de combat ! Forcément, ma formation m’a beaucoup mené dans l’action. Suite à une blessure, j’ai dû arrêter et j’ai rejoint les bureaux, ce qui ne me correspondait pas du tout. J’ai alors donné ma démission et passé les concours pour devenir fonctionnaire de police à Monaco. Rapidement, j’ai été assigné à la garde rapprochée de la famille princière. Mais après avoir vécu des faits d’armes, reprendre part à la vie civile était difficile. J’ai quitté mes fonctions en 2006 et ai passé deux ans à retaper une vielle grange dans la montagne.
B : Aujourd’hui, où en êtes-vous ?
F.V. : Maintenant, je me suis associé à ma femme pour proposer un enseignement sportif, notamment aux sports de combat, et à apprendre à mes stagiaires à se dépasser en les emmenant en stage de survie. Depuis 2006, il me semble… C’est un plaisir pour moi de retrouver la vie en survie et c’est très intéressant d’emmener des gens avec moi. Un groupe se forme, la cohésion est indispensable à la communauté au cours du week-end.
B : Qu’apprenez-vous à vos élèves ?
F.V. : D’abord, je ne leur apprends pas directement, je les observe. En les confrontant à des situations de crise, variées, difficiles, j’analyse les réactions. Ensuite, je transmets mon savoir et je reviens sur les erreurs, les réussites. Cela passe par la confrontation de soi. Sans repères, il faut adopter des bons réflexes : vers où aller pour vivre dans les meilleures conditions, comment se nourrir, dormir, construire un groupe cohérent… Evidemment, le moral est capital. C’est lui qui développe la force physique.
B : La survie c’est quoi ?
F.V. : C’est tout simplement la foi en la vie et la prise de conscience de sa propre mort. Sans rentrer dans la philosophie et les thèses religieuses, la prise de conscience de sa mort est une force puisqu’elle nous permet de repousser cette limite au plus loin. On ne veut pas mourir, alors on fait tout ce qui est en notre pouvoir pour continuer à vivre. Pourquoi survivre à la fin du monde ? Pourquoi ne pas tous se suicider pour éviter de la subir ? Et si, finalement, ce n’est qu’une continuité du monde ? La vie va pouvoir continuer, la nature est plus forte que nous.
B : Vous ne croyez pas à la fin du monde ?
F.V. : Je dois dire que le concept de fin du monde ne m’intéresse pas. J’ai pris conscience de ma propre mort, nous allons tous mourir. Quand, comment ? Personne ne sait. Ce qui est sûr c’est qu’on va tous y passer. Ma propre fin est donc plus importante pour moi que la fin du monde. Il faut savoir que le monde est en renouvellement perpétuel. Même après l’apocalypse, la Terre va se transformer, le climat changera constamment. Alors il faut apprendre à se déplacer, s’orienter et savoir où trouver de la vie et les meilleures conditions pour assurer sa condition physique. La mobilité, c’est la clé de la survie.
B : Comment se préparer à survivre alors ?
F.V. : Evidemment, la préparation n’est pas la même pour tout le monde. Chacun a ses forces et ses faiblesses, cela implique que l’on apprenne à se connaitre et à optimiser ses capacités. On ne survit pas tout seul. Comme le dicton le dit si bien, « l’union fait la force. » Le groupe survit grâce aux individualités de chacun. D’autre part, on ne vit pas de la même manière à Cannes qu’en Afrique centrale ! Il faut donc connaître son environnement, savoir ce que la nature peut nous offrir pour survivre : plantes, fruits, animaux… Qu’est-ce que est bon pour nous, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Ça, ça s’apprend.
B : Y a-t-il un nécessaire de base que vous emportez pendant vos stages ?
F.V. : Ça dépend bien sûr du niveau du stage [quatre « attitudes » sont proposées pendant ces stages] ! Pour les plus expérimentés, on ne part sans rien : pas de sac de couchage, de bonnet, très peu d’eau… C’est là qu’on est confronté à la réalité de la vie, privé de tout son petit confort. Si on prépare la fin du monde avec tout un attirail, tant mieux. Mais c’est en se préparant au pire qu’on peut appréhender sa survie.
B : Ceux qui se préparent à vivre l’apocalypse dans leur bunker tout équipé peuvent-ils survivre ?
F.V. : La question n’est pas vraiment « est-ce que je peux survivre » mais plutôt « si tout notre monde s’arrête, suis-je capable de retourner à l’état naturel ? ». Il y a très peu de chances qu’en restant enfermé, on sache ce qui se passe à l’extérieur et où il y a de la vie. Je suis pour la mobilité. Qu’on connaisse son milieu ou non, il faut partir à la recherche d’un jardin d’Eden, de là où la terre nous offre de quoi vivre.
B : Que nous conseillez-vous pour survivre ?
F.V. : La clé, outre le mental, c’est le vécu. Ce n’est pas dans les livres et en restant dans son petit confort qu’on se prépare à la survie. C’est en ayant connu la faim, la soif, la privation, la fatigue, qu’on peut se rendre compte de ce qu’est le mode survie. La théorie ne suffira jamais, il faut avoir pratiqué. Notre corps n’oublie jamais, le tester c’est le meilleur moyen de se préparer.
Pour plus d’informations sur les stages de survies :
Frédéric VIMES
Téléphone : 06.22.84.03.96
Mail : contact@vimfitatittude.com
http://www.vimfitattitude.com/
Tarifs des raids attitudes :
– Attitude 1: 200 euros le week-end
– Attitude 2: 250 euros le week-end
– Attitude 3: 250 euros le week-end
– Attitude Extrême: 300 euros le week-end
Propos recueillis par Arthur Gros et Louise Malnoy, avec la collaboration de Jalal Kahlioui