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L’AS Monaco à la sauce russe, ça donne quoi ?
Un an après l’arrivée de l’investisseur russe Dmitry Rybolovlev, la nouvelle AS Monaco prend doucement forme. Mais si, à terme, l’ambition est de concurrencer le PSG de Zlatan Ibrahimovic, tout est encore loin d’être fait.
Auteurs d’un début de saison canon avec 5 victoires en 6 matchs, les Monégasques semblaient partis pour écraser la Ligue 2 cette année. Idéalement lancés par un succès retentissant contre Tours en ouverture (4-0), les hommes de Claudio Ranieri n’ont d’ailleurs jamais quitté le trio de tête lors des 19 matchs de la phase aller. Et pourtant, les critiques fusent et ne sont pas toujours injustifiées. Eliminé prématurément en huitième de finale de Coupe de la Ligue face à Troyes fin novembre (1-2), Monaco n’a pu faire mieux qu’un médiocre huitième tour en Coupe de France. « Monter en Ligue 1 et remporter l’une des deux coupes, c’est l’objectif » avouait pourtant le directeur sportif Tor-Kristian Karlsen en début de saison. Sorti à domicile par la modeste équipe de Bourg-Péronnas, le club du Rocher a laissé entrevoir d’inquiétantes failles. Mal à l’aise dans le jeu, l’ASM peine à jouer en équipe. Si elle brille par son attaque, la meilleure du championnat (33 buts), la défense est souvent apparue à la peine. Sérieuse face aux équipes réputées plus faibles, elle s’est écroulée contre les « gros ». Facile vainqueur au Louis II fin octobre (2-0), le leader nantais en a fait l’expérience, de même que le Stade Malherbe de Caen, troisième au classement. La défaite du début de mois en Normandie (0-3) a d’ailleurs fait du mal, en témoigne la réaction de Ranieri, qui s’est dit « prêt à tuer » ses joueurs. Alors que des tensions ont surgi à l’entraînement, le groupe a semblé moins uni qu’en début d’exercice. Sous couvert d’anonymat, un joueur a clairement remis en question son coach dans L’Equipe, expliquant que plusieurs de ses coéquipiers « ne comprenaient pas ses choix ».
Une Touré dépendance ?
Récemment élu meilleur joueur de Ligue 2 de l’année 2012, le Sénégalais Ibrahima Touré éclabousse le championnat de toute sa classe. Arrivé l’hiver dernier en provenance des Emirats Arabes Unis, il a inscrit 16 buts lors des 19 premiers matchs de championnat. A titre de comparaison, le Rémois Cédric Fauré avait terminé meilleur buteur de Ligue 2 en 2011/2012 avec 15 réalisations, soit une de moins que Touré à mi-parcours. Monaco, qui cherchait désespérément un buteur depuis Fernando Morientes, parti en 2004, semble enfin tenir son attaquant vedette. Joueur le plus utilisé par Claudio Ranieri, il n’a manqué que 18 minutes cette saison, et est l’auteur de 48% des buts monégasques. Preuve de la dépendance dont il est l’objet, aucune victoire n’a été obtenue sans un but de Touré. Si le « Ibra » Monégasque ne pèse pas autant sur les rencontres que son homologue du Paris Saint Germain, il est capable de gestes de grande classe, en témoigne son but à Clermont-Ferrand. Convoité un peu partout en Europe, il n’a pas caché ses rêves d’Angleterre, mais devrait tout de même poursuivre à Monaco, au moins jusqu’à la fin de la saison. En attendant, Monaco peut aussi compter sur son centre de formation. Avec 5 buts, Valère Germain n’a pas raté son début de saison. Bien moins attendu, le jeune belge Yannick Ferreira-Carrasco est devenu, a 19 ans à peine, une pièce maîtresse du onze de Ranieri. Au-delà de ses 4 buts marqués, il s’est distingué par son aisance technique (un exemple ici) et sa capacité à dynamiter le jeu asémiste. La phase retour devrait également voir les débuts de Sébastian Ribas, meilleur buteur du championnat en 2011 avec Dijon et blessé au genou lors de la préparation.
Concurrence déloyale ?
Décidé à refaire de l’AS Monaco un grand d’Europe, le président Dmitry Rybolovlev n’a pas hésité à investir depuis son arrivée il y a un an. Actif en interne, il s’est entouré de dirigeants ayant fait leurs preuves à l’étranger, sans se couper de la réalité du terrain. Après Nabil Dirar, débauché à Bruges pour 7,5 millions d’euros l’année passée, l’ASM a devancé Manchester City et le FC Barcelone, pour ne citer qu’eux, sur le dossier Lucas Ocampos. Débarqué cet été de River Plate, l’ailier argentin de 18 ans est considéré comme l’un des meilleurs espoirs de sa génération. Evidemment, les belles choses ont un prix, 15 millions d’euros en l’occurrence. Mais pas de quoi faire peur à la 13e fortune de Russie. La communication et le marketing n’ont pas été laissés au hasard. L’affluence au stade, problème majeur à Monaco, a déjà augmenté de 20% par rapport à la saison passée. Il se murmure même que Rybolovlev voudrait racheter le Louis II pour le moderniser. Deuxième au classement à l’issue de la phase aller, Monaco ne compte que 3 points d’avance sur Angers, quatrième. Pourtant, le club princier prépare déjà sa remontée au sein de l’élite. Un « coup médiatique » est attendu dès cet hiver. Si Tor-Kristian Karlsen s’est déplacé à Los Angeles pour négocier avec David Beckham, c’est bien Franck Lampard qui semble le plus proche. Devenu indésirable à Chelsea, l’international anglais aurait, selon plusieurs sources, d’ores et déjà donné son accord à Claudio Ranieri.
Et comme on pouvait s’y attendre, les interrogations au niveau de la fiscalité avantageuse de la Principauté resurgissent. Plusieurs dirigeants de clubs dont Vincent Labrune, président de l’Olympique de Marseille, ont fait part de leur inquiétude : « Lorsque l’on participe à un jeu, il faut que les règles soient plus ou moins les mêmes pour tous ». Bernard Caïazzo, vice-président de l’UCPF* et président de l’Association sportive de Saint-Etienne, va dans le même sens : «Ce serait bien que Monaco remonte, c’est un grand club. Mais avec ces 75%, il se créerait un vrai problème de concurrence déloyale et anormale. C’est quelque chose qui interpelle même le PSG.» En cas de montée en mai, Ibrahimovic et Lampard ne seraient pas soumis au même régime fiscal, c’est vrai. L’ « impôt punitif » dont parlait le président de la Ligue Frédéric Thiriez a bel et bien de grandes chances de « faire fuir les meilleurs talents » et d’avantager l’AS Monaco. En moyenne, un joueur étranger lui coûterait d’ailleurs trois fois moins cher qu’à un club sous le coup de ces 75%. Pour le moment, la LFP (Ligue de Football Professionnel) n’a pas été saisie. Le cas de Monaco, unique en Europe, devrait cependant être rediscuté dans les mois à venir.
*UCFP : Union des Clubs Professionnels de Football. Le président du Havre Jean-Pierre Louvel est à sa tête.
Yann Soudé
Clara Carlesimo
Très bon papier.
Vivement que l’ASM remonte pour qu’on ait de nouveau les derbys avec Nice !
Et sachant que la mesure des 75 % a été retoquée, ce sera équitable.
I truly treasure your piece of work, Great post.