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« Je suis une enfant du pays »
En mai 2010, Le Point sortait un numéro spécial Cannes. En Une : la volleyeuse Victoria Ravva. Au Racing Club de Cannes (RCC) depuis 1995 et promue capitaine, la « centrale » est l’atout charme numéro 1 de la ville. A 37 ans, elle se livre pour Buzzles.
Buzzles : Que pensez-vous des résultats du RCC cette année ?
Victoria Ravva : Comme d’habitude, nous avons une très bonne équipe, avec de jeunes joueuses. Nous avons perdu quelques matchs en Coupe d’Europe mais cela me semble logique. Les jeunes joueuses ont le temps de progresser. L’ambiance est sympa, je pense que nous faisons de belles choses. Nous allons encore une fois faire une grande saison.
B : Quelles sont vos ambitions ?
V.R. : Gagner le championnat et la Coupe de France sont presque une obligation. Nous voulons également aller le plus loin possible en Coupe d’Europe. L’année dernière, nous sommes arrivées en finale : c’était un exploit. Nous travaillons pour réaliser la meilleure saison possible.
B : Allez-vous terminer votre carrière ici ?
V.R. : Je suis plus proche de la fin de ma carrière que du début ! (rires) Je m’imagine mal partir, même si je pourrais jouer encore un an ou deux. Je suis en fin de contrat cette année, je n’ai pas encore pris ma décision. En tout cas, je ne me vois pas faire autrement que de jouer à Cannes.
B : Qu’envisagez-vous après la fin de votre carrière ?
V.R. : Le milieu du sport, c’est un confort et ce serait un grand bonheur d’y rester. Je pourrais par mon expérience de joueuse apporter quelque chose de nouveau. Ma décision n’est pas prise, gérer deux carrières est difficile. Je suis joueuse aujourd’hui, chaque chose en son temps.
B : Avez-vous des regrets, notamment la finale de l’année dernière ?
V.R. : Non, la finale de l’année dernière n’en est pas un, loin de là. Tout le monde nous en a parlé. Je pense simplement que c’était un miracle que nous arrivions à ce niveau. Personne n’aurait parié sur nous. Après, la finale de 2006 perdue à Cannes reste un regret. Nous avions les capacités de la remporter devant notre public.
B : Pouvez-vous nous parler de votre enfance ?
V.R. : Je suis d’origine slave, mes parents sont nés en Géorgie, comme moi. J’ai eu une enfance formidable. J’aime beaucoup y retourner. Je suis française d’adoption, la France est mon deuxième pays, enfin, je ne sais plus faire la différence. En Géorgie, j’ai passé 14 ans de mon enfance, depuis mes 19 ans, je vis à Cannes. Ces deux pays m’ont marquée, c’est extraordinaire que je me sente autant française. Je suis très heureuse ici.
B : Pourquoi le volley ?
V.R. : Je pense que je n’avais pas le choix. Mes parents étaient volleyeurs. Ma grande sœur jouait au volley, je traînais dans les salles, j’ai été élevée par les volleyeurs ! C’était mon manège à moi.
B : Comment gérez-vous la vie de famille et le volley ?
V.R. : Ce n’est pas toujours évident. Une grande chance : ma famille et celle de mon mari (Alexandre Jioshvili, également volleyeur, ndlr) nous aident beaucoup. Durant la saison, nous sommes souvent en voyage, l’emploi du temps est très chargé, nous avons besoin de soutien. C’est ce que m’apporte ma famille. Sans elle, je n’y arriverais pas. Si j’ai continué le volley, c’est parce que je voulais prouver que j’en étais capable. Je ne le regrette absolument pas. Mes filles ont l’air heureuses, cela montre que j’y arrive !
B : Vous avez ouvert un fast food récemment sur Cannes. Pourquoi ?
V.R. : Au départ, c’était une idée de mon mari, je me suis engagée avec lui. Le principe est simple : c’est de faire du fast-food avec une nourriture équilibrée. Notre spécialité consiste en une purée onctueuse de pommes de terre, beurre et fromage. D’autres ingrédients sont disponibles, comme des légumes, du jambon, des soupes ou des sandwichs. On cherche à s’approcher d’une nourriture plus copieuse et plus saine que les fast-foods de base.
B : Vous êtes une des personnalités les plus connues de Cannes. Pourquoi selon vous ?
V.R. : Je participe à une aventure énorme avec le RCC depuis 20 ans. Cannes n’a fait que progresser. Beaucoup de joueuses sont arrivées, mais sont également parties. Je suis restée. Les locaux me connaissent. C’est le revers de la médaille. Je suis l’enfant du pays. Je connais tout de Cannes, Cannes connait tout de moi. C’est une grande famille.
B : Dernière question : quelles sont vos passions en dehors du terrain ?
V.R. : Je m’occupe beaucoup de mes filles. J’en profite l’été, puisque durant 9 mois, nous sommes tout le temps sur les routes. Quant aux loisirs, j’ai les mêmes que tout le monde ! Je lis beaucoup, j’aime le cinéma, je voyage dès que je peux. En revanche, les autres sports : non. On en fait déjà tellement ! Déjà jeune, je n’étais pas très sportive. Je ne comprenais pas mes amies qui partaient en kayak le week-end après une bonne semaine de sport. Pour moi, c’est impossible.
Propos recueillis par Thibaut Carage.