Deported: un voyage sans retour

Depuis 1996 et 2002, les États-Unis et le Canada, mènent une politique systématique de rapatriement de tout résident étranger ayant commis un délit sur leur sol. Cela va des crimes, des viols à de simples condamnations pour conduite en état d’ébriété ou de petits vols. « Déported » suit le retour en Haïti de ces hommes renvoyés vers leur pays: Haïti, destination qu’ils ne connaissent pas et qui leur est hostile.

« Deported ». Emprunté d’un lexique d’une époque qui nous semble révolue, ce terme n’a rien d’anodin. Il se révèle être le qualificatif qui convient à la situation de ces hommes arrachés de leur famille et de leur milieu. Rachelle Magloire et Chantal Regnault ont posé leur caméra dans la poussière de Port-au-Prince. Immergé dans une triste réalité, celle d’Haïti, « Deported » donne la parole à ces rejetons de l’Oncle Sam, victimes d’une justice à double tranchant.

Ce reportage dresse le portrait de ces hommes, américains de cœur, qui ont purgé des peines de prison aux USA et se voient renvoyés ensuite en Haïti : une double-peine. On suit leur retour dans une société sans structure d’accueil, une société qui les rejette. Considérés comme étrangers dans leur propre pays, étiquetés « deported », l’insertion se révèle impossible ou presque. Venant pour la plupart des USA et du Canada, les déportés expriment la douleur d’un exil forcé. Au pays du rêve américain, de la réussite personnelle, on prive ces hommes, qui ont payé leur dette, d’une chance de se reconstruire. Pour les expulsés, la raison de cet acharnement est simple. Il sont victimes d’une politique sécuritaire post 11 septembre qui les condamne pour un crime qu’ils n’ont pas commis.

Arthur Gros