France 2 fait son mea culpa

Nous n’étions pas loin de l’incident politico-médiatique. A trop avoir titillé le Parlement dans un sujet diffusé le mercredi 6 février lors du journal télévisé de 20h, la rédaction de France 2 s’était attirée les foudres de quelques députés.

Les parlementaires sont-ils trop payés ?

Dans une enquête diffusée mercredi soir, les journalistes de France 2 pointaient du doigt le salaire des fonctionnaires de l’hémicycle. Révélateur et accusateur, ce reportage n’a pas tardé à faire réagir le Parlement, en plein débat depuis le 29 janvier à propos du projet de loi sur le « mariage pour tous ». « Ceux qui pensent qu’on peut faire fonctionner la démocratie sans qu’elle ait un coût sont des populistes » a ainsi déclaré son président, Claude Bartolone (PS) qui avoue toutefois ne pas avoir visionné le reportage au cœur du scandale. Quant à Marc Le Fur, le député UMP des Côtes d’Armor, il n’a pas hésité à qualifier la chaîne du service public de faire preuve d’un « certain antiparlementarisme ». Mais en quoi ces révélations sont si dérangeantes ?

Salaires et primes mirobolantes

L'hémicycle de l'Assemblée nationale. Photo : DR

L’hémicycle de l’Assemblée nationale. Photo : DR

La chaîne télévisée France 2 a révélé au grand jour l’existence d’une prime à l’attribution des plus hasardeuse et loufoque. Il s’agit de la fameuse prime concernant les heures supplémentaires effectuées par le service des huissiers et les députés. Jusque-là rien de plus normal sauf que cette prime est attribuée à l’ensemble des 1250 fonctionnaires du Parlement, qu’ils effectuent ces dites heures supplémentaires… ou non ! La raison en est que le planning des fonctionnaires ne peut être préétabli au vu des débats qui jouent -souvent – les prolongations. Une sorte de compensation donc.

Chiffre à l’appui, le sujet nous donne également un aperçu du salaire moyen des huissiers et des députés. Ainsi un huissier,  « l’un des derniers fromages de la République » pour les journalistes de la chaîne, gagne en fin de carrière 5000 euros de salaire brut. Un salaire qu’il gagne en tâchant de faire régner l’ordre au sein de l’hémicycle. Son rôle est également de distribuer le courrier aux députés pendant les séances de débat. Mais les privilèges sont bien plus impressionnants lorsque l’on se tourne vers les hauts fonctionnaires du Parlement qui peuvent être dans certains cas mieux rémunérés que le président de la République qui ne gagne « que » 15 000 euros par mois contre 17 500 euros en moyenne pour les 24 parlementaires les plus chanceux.

Le ton se fait plus léger

Jeudi 7 février, soit le lendemain du scandale, la rédaction de France 2 n’a pas hésité à évoquer une nouvelle fois l’institution dans un second sujet. Mais cette fois-ci l’ambiance était plus à la gentille taquinerie qu’à l’accusation grinçante de la veille. A l’ordre du jour : une compilation des meilleurs moments et des phrases les plus drôles, les plus acerbes, les plus littéraires prononcées à l’occasion de ces dix jours de débat pour le « mariage pour tous ». Nous en avons pour tous les goûts même pour les nostalgiques de la Révolution française ! « Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous en ressortirons que par la force des baïonnettes » s’exclament des députés le poing levé. L’occasion de remarquer que le débat peut parfois être aussi agréable à regarder qu’une pièce de théâtre. Assurément les moments les plus succulents nous sont offerts par Christian Jacob, « clown » et président de l’UMP à l’Assemblée. Visiblement affamé, il demande la suspension de la séance car « les pains aux chocolats sont arrivés ». Il arrive exæquo avec Christiane Taubira, Garde des Sceaux, pour son fou rire  « par petits bouts ».

Méline Escrihuela