Les Roms sur le chemin de l’école

Elles sont surexcitées ce matin. Simona, 11 ans et Denisa, 9 ans vont pour la première fois à l’école. Depuis deux ans, elles vivent dans un camp rom sur les berges de la plaine du Var, près de Nice.

Petit pull rouge, cache-oreilles rose, les fillettes frissonnent de froid. Pas de larmes pour cette rentrée, mais un sourire radieux. Pourtant c’est un vrai défi, elles ne parlent pas un mot de français. Leur accompagnateur, Viorel Costache, est un Tzigane arrivé en France en 2002. Président de l’association Pralés -les frères, il se bat pour les droits des Roms dans le département. Il se charge d’emmener à l’école les sept enfants du camp, âgés de 6 à 11 ans, dans l’espoir qu’ils « étudient en France et s’intègrent ».

Photo de famille devant l'école. Photo : M.G./E.S.

Photo de famille devant l’école. Photo : M.G./E.S.

Un accès au savoir difficile

Viorel, accompagné des parents, multiplie les allers-retours entre l’école et la mairie, pendant deux heures. Photocopies, vaccins à faire, les portes du savoir ne s’ouvrent pas facilement. Les enfants ne commenceront pas l’école ce jour-là. Bernard Daemens, directeur de l’école maternelle Digue des Français, à Nice, vérifie aussi que le projet de scolarisation est sérieux. Il y a eu « trop de déceptions et de frustrations. Une fois le certificat de scolarité obtenu, on ne revoit plus les enfants à l’école. Les parents sont sûrs de toucher les allocations… », explique-t-il. Michèle Ducerisier, bénévole chez RESF (Réseau Education Sans Frontières), a suivi ces familles, et appuie leur motivation.

L’intégration sociale, le défi

Pour l'inscription, certificat de naissance, passeport, vaccins sont nécessaires. Photo : M.G./E.S.

Pour l’inscription, certificat de naissance, passeport, vaccins sont nécessaires. Photo : M.G./E.S.

Mais tout le monde n’apprécie pas le changement. Une institutrice rapporte que la plus petite refuse d’aller en cours, frappant violemment la porte à coups de pied. « Elle n’est jamais séparée de ses sœurs… », explique Viorel. Bernard Daemens a constaté que l’apprentissage scolaire n’est pas le plus difficile, car « la langue n’est pas une barrière, ils apprennent très vite ». Catherine Chavepeyre, directrice de l’école élémentaire, affirme que « la réputation des Roms est tenace. Les parents d’élèves ne peuvent pas s’empêcher d’être inquiets… » L’intégration sociale reste le principal défi.

Une nouvelle génération

La scolarité, pour les plus de 12 ans, c’est encore possible ? « Non, trop tard », affirme Voriel en désignant des jeunes en train de jouer au ballon à l’extérieur du camp. Pourtant, « la scolarisation est la solution pour que les enfants n’aient pas besoin de mendier pour vivre », affirme-t-il. Il rêve d’une nouvelle génération qui irait à l’école et pourquoi pas en faculté. « Si les Roms sont scolarisés maintenant, les générations suivantes seront plus acceptées ». En France, on dénombre entre 5 000 et 7 000 enfants Roms âgés de 6 à 16 ans. Parmi eux, moins de 10% sont scolarisés, selon la Ligue des Droits de l’Homme.

Le chemin de l’école en images

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Elvire Simon
Marie Gonzales