Prison : une sortie délicate

Sortir de taule, sans emploi, ni logement. Une situation difficile pour des jeunes sur- représentés en prison. Un détenu sur quatre avait moins de 25 ans en 2010 selon la direction de l’administration pénitentiaire. Leur réinsertion est parfois parfois très compliquée.

« La prison en France est invivable pour les jeunes. On y perd nos repères », explique Saïd*, 25 ans, placé en liberté surveillée. Une fois en détention, d’autres lois régissent la vie pénitentiaire, bien loin de celles du monde professionnel. « Il faut montrer les dents d’entrée pour ne pas subir de pression, la prison c’est l’apprentissage des codes de la rue », ajoute l’ancien détenu de la prison de Bois-d’Arcy (Yvelines). Difficile alors de trouver la motivation nécessaire à la réinsertion…

La peur des sorties sèches

Les SPIP (Services pénitentiaires d’insertion et de probation) sont chargés de conseiller les prisonniers sur leur avenir, tant social que professionnel. « J’étais suivi par quelqu’un, sans cela je n’aurais pas réussi à trouver un emploi aujourd’hui », confie Sébastien*, 26 ans. Après trois peines à la maison d’arrêt de Grasse, dont la première à 19 ans, il estime « qu’il faut également rechercher des solutions par soi-même ». Pour les jeunes, le danger réside dans les sorties « sèches ». Ils se retrouvent alors sans rien, ni toit, ni lien social. « Souvent les SPIP se retrouvent débordés, et les démarches ne sont pas faites », détaille Frédérique Clément, permanente à la FARAPEJ (Fédération des associations réflexion action prison et justice). «  Cela fait 6 mois que je cours après mon conseiller pour faire une demande de liberté conditionnelle auprès du juge », surenchérit Saïd*. Nous avons contacté à de nombreuses reprises les SPIP des Alpes-Maritimes. Ils n’ont pas souhaité communiquer à ce sujet.

« Acquérir du savoir-être et des savoir-faire »

L'association Mosaïcités à Nice, participe à la réinsertion des jeunes, notamment les ex-détenus. Photo : DR

L’association Mosaïcités à Nice, participe à la réinsertion des jeunes, notamment les ex-détenus. Photo : DR

Il n’existe « aucun suivi de l’administration pénitentiaire après la sortie définitive » des jeunes détenus, continue Frédérique Clément. Le rôle des associations et des chantiers d’insertion devient donc primordial. « Certains prisonniers adressent leur candidature via les SPIP. Pour d’autres, ce sont les familles qui nous contactent », précise Ryad Hammany, encadrant de jeunes à Mosaïcités, association spécialisée dans la réinsertion professionnelle par la mosaïque. « Le but pour eux est d’acquérir du savoir-être, des savoir-faire et des compétences pour se réinsérer dans la vie active », renseigne Delphine Barthélémy, la directrice de l’organisation basée au quartier de l’Ariane à Nice. Dix-sept associations accueillent les jeunes ex-détenus dans les Alpes-Maritimes.

Jalal Kahlioui et Thibaut Carage

*Les noms des anciens détenus ont été modifiés.