3ème journée du Tournoi des 6 Nations : un banquet qui se précise

Les amateurs de rugby se régalent avec un Tournoi 2013 assaisonné de retournements de situations et autres surprises. La troisième journée n’a pas déçu : le débrief de la Rédaction.

Les Gallois reviennent à la table pour de bon

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Les Gallois, ici Toby Faletau, ont su faire parler la poudre face aux Italiens. Photo : DR

Dans un Stadio Olimpico trempé comme un pré britannique, le Pays de Galles a confirmé ce que l’on avait entrevu au Stade de France deux semaines plus tôt. Une vague rouge retrouvée, éclatante, qui a submergé des Italiens surclassés et décevants.

En effet, les transalpins, privés de leur capitaine et emblème Sergio Parisse, suspendu, n’ont cessé de confondre le zig et le zag. Une indiscipline qui transige avec le sérieux gallois, à l’image de l’expulsion temporaire de Martin Castrogiovanni en début de seconde période qui s’est avérée préjudiciable. La Squadra Azzura, qui avait séduit jusque-là, s’est montrée incapable de construire un semblant d’action, comme privée de rythme.

Deux équipes et deux visages différents donc. En effet, en contraste avec leurs adversaires brouillons, les Gallois se sont montrés précis dans leur jeu au pied, dominateurs en mêlées, supérieurs dans le combat, et maîtres de chaque instant. Les partenaires du buteur Halfpenny n’ont jamais semblé inquiets, comme s’ils récitaient une poésie de rugby apprise à la perfection. Cuthbert et Davies réussiront à concrétiser ce récital en début de seconde période, en aplatissant en terre promise. La partition se conclura sans fausse note, avec un goût de Poireau affirmé tellement les hommes de Rob Howley ont impressionné (26-9).

Comme une évidence, le Pays de Galles se repositionne dans la course au titre, en se tenant prêt à sauter sur le moindre faux-pas anglais.

Les Anglais engloutissent le Crunch, avant le Grand Chelem

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Ce diable de Tuilagi et ses coéquipiers auront eu raison du sursaut d’orgueil français. Photo : DR

Les Français rêvaient de relever la tête face à leurs meilleurs ennemis anglais dans leur antre de Twickenham. Mais au lieu de croquer du « rosbeef », c’est bien le schéma so british proposé par les sujets de Sa Majesté qui a eu raison des espoirs bleus.
Et pourtant, le XV de France affiche d’emblée un visage entreprenant. La défense tricolore est bien en place, contenant à merveille les velléités adverses, à l’image d’une troisième ligne coupeuse de Rose. Tant et si bien que même la star Ashton n’a pas son mot à dire. Le faux-rythme est là, et c’est à la 30ème minute que le temps s’arrête. Bastareaud sert Fofana, étoile Bleue, qui inscrit au bout d’une course de 65 mètres, un essai pour la légende (6-10). Là, on commence à croire que la soirée va être belle, car les Coqs ont fière allure.

Mais ce Crunch marque également les retrouvailles entre les Bleus et M. Joubert, arbitre de la finale de la Coupe du Monde 2011, ennemi public numéro 1 de tout amateur de rugby français, depuis le vol du titre en terres néo-zélandaises.

L’officiel sud-africain n’a pas changé pas de cap, et avantage cette fois les Anglais. Ceux-ci ne manquent pas d’en profiter, en produisant leur jeu calculé, fait d’esbroufe, de tactique, et de fighting spirit. La rentrée de Michalak vient aussi déstabiliser quelque peu le collectif français. Et sur une énième erreur arbitrale, Tuilagi file à Dame. Les hommes de Martin Johnson, en confiance, prennent le large, alors que les bottes de Farrell et Flood clôturent une feuille de match à l’anglaise : pas d’envolée lyrique, mais du réalisme (23-13).
Les Français ont des bleus à l’âme, alors que les Anglais les narguent de plus belle. Les destins sont plus que jamais croisés. Et pour cause, si le XV de la Rose file avec appétit vers le Grand Chelem, les Bleus ne veulent surtout pas avaler la cuillère de bois (dernière place au classement du Tournoi, ndlr). Trois victoires anglaises, et autant de défaites françaises, on ne peut faire plus explicite.

L’Irlande et le péché de gourmandise

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Les Irlandais devaient s’imposer, mais l’Ecosse a su exploiter la baisse de régime du Trèfle. Photo : DR

2001 ! Douze ans que l’Ecosse n’avait pas battu ces diables d’Irlandais. Douze ans que le Trèfle avait pour habitude de s’imposer sur le sol des Chardons. Et dans ce match engagé, rythmé, tout était pourtant parti pour sourire à nouveau à des Irlandais déterminés. La ligne de trois-quarts verte acculait en effet à merveille les Ecossais dans leur moitié de terrain. Mais au score, seul le jeune ouvreur Paddy Jackson, 21ans, pour sa première sélection en lieu et place du mythe O’Gara, parvenait à traduire la supériorité. Le score à la pause (0-3) pouvait laisser d’énormes regrets aux Irlandais, effarants de manque de réalisme.

En début de seconde période, les hommes de Declan Kirney enfonçaient même le clou par l’ailier Gilroy (0-8). Mais à dominer sans justifier véritablement au tableau d’affichage, ce qui devait arriver arriva. Les Ecossais, poussés par tout un peuple, avaient décidé de troquer le kilt pour le bleu de chauffe.

La mêlée bleu marine sonne en premier la révolte. Les Irlandais s’éteignent peu à peu, et accumulent les fautes. Greig Laidlaw enfile le costume de héros de la nation, en même temps que les pénalités. La furia change de camp (12-8), et ce n’est pas le baroud d’honneur irlandais qui changera le cours de la partie. Le XV du Chardon renoue avec la victoire sur ses terres. Ou plutôt devrait-on dire que les Irlandais, par une accumulation d’erreurs au moment de conclure, ont laissé leur suprématie s’envoler.

La suite dans deux semaines avec Ecosse-Galles (09/03 15h30), Irlande-France (09/03 18h) et Italie-Angleterre (10/03 16h).

Nathan Gourdol