Joaquin Guzman, le nouvel Al Capone

Dimanche 17 février, Joaquin Guzman Loera, dit « El Chapo » – « Le Petit », en argot mexicain – est devenu le nouvel ennemi public numéro un de la ville de Chicago (Illinois, nord des Etats-Unis). Il est le chef du cartel de Sinaloa, l’une des organisations narcotrafiquantes les plus puissantes au monde.

Cela n’était plus arrivé depuis 1930. A l’époque, dans une ville de Chicago encore en pleine prohibition, Al Capone, roi de la contrebande d’alcool et parrain légendaire de la mafia italienne, est nommé « ennemi public numéro un », après son célèbre Massacre de la Saint-Valentin où sept de ses rivaux sont assassinés.

Joaquin Guzman. Photo : DR

Joaquin Guzman. Photo : DR

Aujourd’hui, Joaquin Guzman est le second à recevoir ce « titre ». La comparaison avec son prédécesseur est immédiate. Dans un communiqué de la Chicago Crime Commission, il « est accusé d’avoir utilisé Chicago comme plaque tournante pour son trafic de drogue dans le Midwest. » Selon cette même commission, le chef du cartel de Sinaloa, qui contrôle la majeure partie de l’ouest du Mexique, a fait passer 1 500 à 2 000 kilos de cocaïne chaque mois par Chicago, sans compter des quantités gigantesques de marijuana, d’héroïne et de méthamphétamines. Pour introduire la marchandise sur le territoire américain, El Chapo n’hésite pas à employer les grands moyens : camions, tunnels clandestins et aéronefs ULM (« ultra-léger motorisé », ndlr). Une fois cette étape franchie avec succès, la drogue peut être disséminée dans tout le pays.

« Plus dangereux qu’Al Capone »

Joaquin Guzman est en cavale depuis douze ans. En 2001, alors qu’il purge une peine de vingt ans de prison dans un établissement de haute sécurité, déjà pour une affaire de drogue, le Mexicain parvient à s’échapper en se cachant dans un chariot de vêtements sales. Pour ce faire, il aurait réussi à corrompre le personnel pénitencier et même le directeur de la police locale de l’époque. Selon Jack Riley, agent fédéral responsable de la Drug Enforcement Administration (DEA, équivalent de la brigade des stupéfiants, ndlr) à Chicago, la capacité de Guzman « à corrompre les gens (…) lui donne plus de pouvoir que la mafia italienne » d’Al Capone.

Al Capone. Photo : DR

Al Capone. Photo : DR

Art Bilek, vice-président de la Chicago Crime Commission, n’hésite pas quant à lui à affirmer que Guzman est « clairement plus dangereux que ne l’était Al Capone à l’époque », de par « son vice, son côté diabolique et son pouvoir. » Bilek insiste sur la puissance financière d’El Chapo. « Il possède un pouvoir et une capacité financière bien au-delà de ce que Capone aurait pu rêver. »

Une ascension fulgurante

En 2003, Joaquin Guzman devient l’un des principaux narcotrafiquants du Mexique, après l’arrestation d’Osiel Cardenas, leader du cartel du Golfe, concurrent direct du cartel de Sinaloa. « El Chapo » parvient alors à tirer son épingle du jeu dans la nouvelle guerre de la drogue mexicaine, à tel point que le magazine Forbes estime aujourd’hui son patrimoine à plus d’un milliard de dollars, lui permettant d’accéder au célèbre classement des milliardaires. Al Capone, lui, aurait gagné 100 millions de dollars par an.

S’il est toujours recherché activement par la police mexicaine, américaine et par Interpol, les rumeurs vont bon train quant à la situation géographique actuelle de Guzman. Il vivrait dans une villa ultrasécurisée à l’ouest du Mexique, ou bien se déplacerait régulièrement dans le territoire qu’il contrôle, afin de brouiller les pistes. Toujours est-il que personne ne sait s’il a déjà mis les pieds à Chicago, aucune indication n’ayant permis de le prouver.

Washington offre 5 millions de dollars (3,7 millions d’euros) à toute personne susceptible d’aider à la capture du nouvel ennemi public numéro un.

Vincent Jezioro