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A Nice, une heure au cœur de l’urgence sociale
Un seul camion, deux bénévoles, trois salariés et quelque 1 200 SDF à aider. C’est l’équation compliquée à laquelle est confrontée la Croix-Rouge tous les soirs à Nice. Chaque nuit, l’association effectue une maraude pour veiller sur les sans-abris.
Il est 18 heures quand nous embarquons avec l’équipe : Richard, Alain, Marie, Pascal et Nathalie. Prêt à décrocher son téléphone à tout instant, Alain, bénévole depuis sept ans, reçoit le premier appel du 115, la ligne du Samu social, à 18h18. Ce soir, c’est une jeune femme russe et son fils de trois ans, demandeurs d’asile, que nous retrouvons sur le trottoir. La ville ne dispose que de deux cents lits pour héberger les SDF, mais parce qu’elle a un enfant, son cas est jugé prioritaire. Une solution d’urgence est donc trouvée : l’équipe la dépose dans un hôtel du centre-ville. Au chaud pour une nuit !
Mais l’objectif de la maraude, c’est aussi d’orienter les SDF vers les points de distribution de soupe, ou de leur apporter une aide sanitaire en les mettant en relation avec des associations (comme Médecins du monde). L’équipe est aussi là pour entretenir les relations avec les SDF : « On discute avec eux, on amène des couvertures ainsi que des sacs de provisions, et même des préservatifs et du matériel propre pour se shooter », nous explique Alain.
« Vendredi, un SDF est mort »
L’expérience est parfois éprouvante : « Au fil du temps, on noue des liens très forts avec eux… » confie-t-il. Vendredi, un SDF dont il était devenu proche au fur et à mesure des maraudes, est mort d’un coup de couteau dans le crâne. « Je le connaissais très bien, on était comme sa famille. » Et ils sont nombreux, ces « habitués ». Parfois même, ils occupent la rue depuis quinze ans.
« La crise est bien réelle »
18h24, la sonnerie du téléphone retentit à nouveau. Cette fois, direction le boulevard de la Madeleine où deux Bulgares sont installés devant le Leader Price. En huit ans, à Nice, le nombre des sans-abris a augmenté de 850 à 1 200 individus. Parmi eux, une majorité d’étrangers : « Par exemple, pendant les révolutions arabes, on a rencontré beaucoup de Tunisiens dans les rues », explique Richard, un ancien enseignant et bénévole depuis huit ans. Ils sont aussi nombreux à venir de l’Est pour des raisons politiques, économiques et climatiques : « Je préfère un -2°C à Nice qu’un -24°C en Bulgarie. », confie l’un des deux Bulgares devant ce supermarché de Nice-Ouest.
Il est 19 heures quand nous quittons l’équipe de la Croix-Rouge. Eux vont parcourir les rues jusqu’à 23 heures.
Juliette Redivo
Jessica Coudurier
bonjour,
bravo pour votre travail.
Nous souhaiterions en savoir davantage sur le monsieur mort vendredi d’un coup de couteau.
seriez vous d’accord pour nous en dire un peu plus ? notamment pour une enquête épidémiologique (on cherche à mieux dénombrer les morts de la rue et mieux comprendre leurs parcours d’avant, familial, social,etc.)
si vous le voulez bien vous pouvez nous joindre au Collectif Les Morts de la Rue 0142450801 ou 0682862894
Un grand merci.
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