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La petite balle jaune et le « snobusiness »
La 107ème édition du tournoi Masters 1000 de tennis de Monte-Carlo a débuté le samedi 13 avril. Les plus grands tennismen mondiaux s’y affronteront pendant plus d’une semaine, sous les yeux de près de 200 000 personnes attendues cette année. Pour que tout ce petit monde jouisse de la compétition au mieux, l’ATP, l’association des joueurs de tennis professionnel, est là pour organiser les à-côtés. Quitte parfois à en faire trop.
C’est sous le soleil monégasque que le tournoi débute par la rencontre opposant le Français Florent Serra à l’Ukrainien Serhiy Stakhovsky, en match de qualification. Sous une température dépassant les 25°C, le Monte-Carlo Rolex Masters 2013 s’annonce une fois de plus très chaud. Pas en tribune en tout cas.

Monaco et son soleil, le cadre supposé idéal pour profiter d’un tournoi de cette envergure. Photo : N.G
Silence, on joue
Car si c’est sous les applaudissements du public que les joueurs font leur entrée sur les courts, la fête ne dure qu’un temps. L’arbitre de chaise demande rapidement le calme afin que les joueurs puissent se concentrer. Bienvenu dans un univers qui surprendra plus d’un supporter de foot ou de rugby.
Il est formellement interdit d’être debout ou encore de marcher lorsque les joueurs jouent. Il faut attendre trois jeux pour pouvoir bouger de sa place (entrer ou sortir). Un contrôle permanent de la sécurité est effectué pour que ces consignes soient respectées.
Pour apercevoir son idole, il faut donc une dose de prise de risque pour tenter de se faufiler, tellement la protection des joueurs et des VIP frise le ridicule. Toute cette ronde est dictée par l’ATP, qui surveille attentivement les gradins, avec une paranoïa parfois pesante.
Cependant, si l’organisation du tennis contrôle son public, elle veille avant tout à en prendre soin. Matthieu Constant, directeur départemental des Alpes-Maritimes de l’urgence et du secourisme à la Croix Rouge française, est là pour cela :
L’ATP, Big Brother du tennis mondial
L’organisation voit tout, sait tout, contrôle tout et met tout en place. Même la pléiade de stands installés autour des courts pour les petits et grands, du ludique au lucratif. On comprend vite qu’aller voir un match de tennis est bien plus qu’admirer deux joueurs qui s’affrontent. Les prix des consommations, les coins VIP, le restaurant de luxe installé en surplomb du court central, l’atmosphère parfois too much a de quoi dépayser, voire écœurer. Il y a ce que le commun des spectateurs peut atteindre, et ce qui lui est interdit, une sorte de prison dorée réservée à une élite triée sur le volet.
Pour avoir l’interview d’une personne travaillant sur le site, c’est encore l’ATP qui donne ou non son feu vert. L’interview d’un arbitre professionnel nous a d’ailleurs été refusée car la direction internationale de l’arbitrage, basée aux Etats-Unis, devait donner son accord, qui n’est jamais arrivé. Comme la société Amaury Sport le fait sur le Tour de France cycliste par exemple, l’ATP censure au possible pour le « bien » de son action.
Des ramasseurs de balles sous pression
Rafael Nadal, Novak Djokovic, Juan Martin Del Potro, Gaël Monfils, Jo-Wilfried Tsonga,… les stars du tennis sont biens présentes dans la principauté du Prince Albert. Pour que les joueurs évoluent le plus confortablement possible, une rude sélection est établie pour déterminer leurs serviteurs, à savoir les ramasseurs de balles.

Quentin (deuxième en partant de la droite) est avec ses camarades l’un des garants du bon déroulement de la rencontre. Photo : N.G
Quentin, 14 ans, pratique le tennis depuis l’âge de 5 ans : « Je suis ramasseur de balles pour la troisième fois à Monaco. Pour le devenir, j’ai dû passer des tests physiques et mentaux. On nous apprend à bouger sur le court, effectuer les bons déplacements, savoir se replacer au plus vite, lancer la balle et comment aborder les joueurs à la fin du match. C’est parfois difficile de se plier aux contraintes, avec la chaleur ça peut même devenir difficile de tout respecter. Mais être ramasseur me permet avant tout d’approcher mes idoles comme Nadal, Federer, Djokovic. Même s’il est sur le déclin, mon joueur préféré reste Federer. Il est classe, sympa et pour moi il est le meilleur techniquement. J’espère un jour lui ressembler. »
Si le tennis possède des origines bourgeoises (le jeu de paume, qui est son ancêtre, était pratiqué par la haute société monarque), l’organisation internationale du tennis ne semble pas vouloir troquer cette image contre celle d’un sport dit populaire, en dépit du slogan de la FFT : « Le tennis, un sport réservé à tous ». Ce n’est pas un hasard si les principaux Masters sont organisés dans des lieux à connotation dorée (Miami, Doha, etc.). Spectateurs, journalistes et autres petites mains du tennis, devront encore se plier aux exigences drastiques de l’ATP pour longtemps.
A retrouver ici le Monte-Carlo Rolex Masters comme si vous y étiez avec photos, vidéos et réactions.
Axel Bluteau
Nathan Gourdol