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Entrez dans La Quatrième Dimension
Des paysages nocturnes et étranges, mêlés à un sentiment de paranoïa et d’impuissance. C’est ce que vous verrez et sentirez dans La Quatrième Dimension, la nouvelle exposition du Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain (MAMAC) de Nice. La Quatrième Dimension, disponible depuis le 9 février dernier, se présente en cinq petits films d’artistes différents, toutes plus énigmatiques les unes que les autres.
Il est dix heures au MAMAC de Nice, le premier samedi où la nouvelle exposition est présentée dans le musée. Très peu de personnes sont présentes, seulement une dizaine. Une fois arrivés au premier étage où se tient l’exposition, nous savons que nous venons d’y entrer. Nous sommes déjà autre part. Ailleurs, sûrement dans la quatrième dimension. Toutes les lumières de l’étage sont éteintes, seules les vidéos permettent de nous éclairer. Elles nous guident lentement, vers une autre dimension.
Une exposition qui nous fait douter de tout
La première œuvre appartient à Stéphane Graff, intitulée Professore : La méthode expérimentale à l’étude des phénomènes de la vie. Dans sa vidéo, l’artiste joue le rôle d’un savant fou qui réalise des expériences étranges sur l’être humain. Les patients sont deux personnes de sexe différent qui deviennent des animaux de laboratoire. La vidéo, en noir et blanc, est une succession de flashs et des impressions de déjà-vu. Derrière les nombreuses équations mathématiques et les corps nus, l’artiste nous fait douter de tout : de nos sens jusqu’à notre propre existence.

Professore : La méthode expérimentale à l’étude des phénomènes de la vie ; l’oeuvre de Stéphane Graff. Photo : J.R
Dans Half Moon de Stéphane Thidet, l’artiste nous projette dans le jardin d’une maison la nuit. Tout y est inquiétant : le chant des grillons, les sculptures munies de leurs sourires moqueurs qui nous observent ou encore cette biche qui traverse le jardin. Comme si tout était normal. La technique d’enregistrement de la vidéo est elle-même inquiétante : elle filme comme une caméra de surveillance. Alors, on ne peut s’empêcher de se demander qui sont les voyeurs dans cette vidéo. Nous-même ou cette caméra ?
Réalité ou imagination ?
The Silent Movie de Laurent Grasso marque une césure. Le soleil et les couleurs sont de retour, et nous voilà maintenant devant un paysage mi-paradisiaque, mi-enchanté. Pourtant, tapis dans l’ombre, nous apercevons des bunkers et des caméras de surveillances. Au fil des séquences vidéos nous ressentons de plus en plus une présence. Et nous sommes sa cible. Paranoïa et fiction nous emportent. Pourtant, rien ne se passe. C’est ce sentiment d’absence qui crée notre impuissance et nous éloigne de la raison.
Dans Cosmo Disco de Bertrand Lamarche, l’atmosphère ne s’améliore pas. La vidéo semble simple, elle ne représente qu’un vinyle qui tourne sur sa platine, alors que la caméra effectue une rotation sur elle-même. Pourtant, on se sent vite aspiré et l’impression de tournis arrive tôt. Notre vue est troublée : le vinyle prend la forme d’une soucoupe volante. Le public s’interroge : ce que nous voyons représente-t-il vraiment la réalité ?
Cosmo Disco : un vinyle ou une soucoupe volante ?
Le dernier film est celui de Julien Crépieux. Dans Microfilm, il propose de filmer une télévision qui joue l’œuvre cinématographique Pickup on South Street (1953) de Samuel Fuller. Pourtant, cette télévision est elle-même filmée dans différentes pièces, les mêmes que celles du film. Une sorte de mise en abyme : lorsque la scène du film se passe dans la salle de bains, la télévision est aussi dans la salle de bain.
La Quatrième Dimension est une exposition qui montre ce qui est inconnu de l’homme. Elle le fait basculer dans une dimension où les réalités du monde sont exposées. Quand vous sortirez du MAMAC, vous ne pourrez pas vous empêcher de vous retourner. Parce-que quelque part, il y a toujours quelqu’un qui vous observe.
La Quatrième Dimension, une exposition à découvrir gratuitement jusqu’au 26 septembre 2013 au MAMAC de Nice, place Yves Klein.
Un article à retrouver sur The Uncult.
Juliette Redivo