Le journalisme : voie sans issue ?

Mercredi après-midi se tenait à l’Arsenal de Metz une conférence sur le bilan social dans le monde journalistique en 2013. Un bilan plus qu’alarmant et pas ou peu de discours positifs prononcés concernant le futur des journalistes. Le constat est clair : le statut de journaliste se perd !

Jean-Marie Charon : « 6% des postes de la presse quotidienne régionale ont été supprimés en 2012-2013). » (crédit: NG)

Jean-Marie Charon : « 6% des postes de la presse quotidienne régionale ont été supprimés en 2012-2013). » (crédit: NG)

Ce débat, animé par Amaury de Rochegonde, rédacteur en chef-adjoint à Stratégies, a assombri encore un peu plus le ciel messin -qui n’en avait franchement pas besoin-. Pendant cinq longues minutes, Jean-Marie Charon, chercheur associé à l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales), a abasourdi la salle avec des chiffres plus terrifiants les uns que les autres : 2 000 suppressions d’emplois en 2013, 370 postes de journalistes en presse quotidienne régionale supprimés en deux ans, première baisse dans l’histoire, en 2010, des demandes de cartes de presse etc. Des chiffres qui reflètent une triste vérité, celle de la crise sociale que traverse le journalisme. Les divers protagonistes sur scène ont profité de l’occasion des Assises du journalisme pour tirer la sonnette d’alarme.

« Etre journaliste c’est un métier…mais plus un statut »

Lise Blanchet, vice-présidente de la Scam, est venue mettre en garde les journalistes présents sur la situation économique et sociale de la profession. « Je veux alerter l’opinion publique sur les conditions précaires dans lesquelles les journalistes exercent leur métier. Cette précarité se retrouve notamment pour les reporters de guerre et pour les pigistes. » Afin que l’auditoire prenne vraiment conscience de la gravité de la situation, Lise Blanchet ira jusqu’à dire que « le terrain c’est maintenant une roulette russe pour les journalistes. » Des propos forts qui viennent renforcer les chiffres donnés un peu plus tôt par Jean-Marie Charon. Avec la diversité des médias, l’émergence des nouvelles technologies et les nouveaux statuts qu’exigent certaines entreprises, Lise Blanchet remet en cause la convention du journalisme. « Aujourd’hui, on ne sait plus ce que ça veut dire être journaliste. A l’heure actuelle, être journaliste c’est un métier…mais plus un statut. Je préconise des états généraux afin de redéfinir la carte de presse, dont seulement un peu plus de 50% des journalistes professionnels sont dotés. »

Une lueur d’espoir ?

Si vous êtes une femme voulant travailler pour des médias pure players, alors il vous reste une petite chance. Elise Plissonneau, chargée de mission à l’Afdas, apporte un peu de légèreté dans ce débat chargé d’interrogation sur le futur des journalistes. Selon une récente étude, il y a eu en 2012 une légère hausse des demandes de cartes de presse, et 45% des effectifs des rédactions sont composés de femmes (contre 40% en 2000). Par ailleurs des recrutements, certes à faible échelle, ont été effectués dans les pure players (Le Huffington Post a recruté 10 journalistes, Rue 89 7 journalistes et Médiapart 8 journalistes). Malgré cette petite éclaircie, le discours de Lise Blanchet reste ferme : « il y a une révolution à faire au niveau des rédactions afin que le métier de journaliste retrouve ses lettres de noblesse. »

Axel Bluteau