Dupontel et 9 mois ferme, l’énorme succès d’un déjanté

Albert Dupontel est un original, ce n’est pas une nouveauté. Le 16 octobre dernier, avec la sortie de son dernier film 9 mois ferme, stéréotype même de l’humour « dupontellien », le public français a pu redécouvrir tout un personnage. Avec 546 618 spectateurs pour sa première semaine d’exploitation, il faut croire que son bébé crimino-judiciaire séduit.

Avec 9 mois ferme, Dupontel signe peut-être la meilleure comédie de l'année (Photo D.R.)

Avec 9 mois ferme, Dupontel signe peut-être la meilleure comédie de l’année (Photo D.R.)

Une tournée partout en France

Le réalisateur de Bernie avait tout prévu. En effet, Albert Dupontel a mis en place tout une campagne post-sortie. La rédaction de Buzzles avait pu le constater lors de sa venue à Avignon, au cinéma Capitole en juin dernier. Il était alors prévu qu’Albert Dupontel tienne une « masterclass » sur ses réalisations. Ce dernier s’était bien rendu au lieu indiqué, mais pas pour une « masterclass » : « Un truc d’intello que je n’aurais pas la prétention de faire » avait-il déclaré. Il avait d’abord fait croire à un retard de son train, laissant la salle devant la projection du film 9 mois ferme pas tout à fait terminé. Ce n’est qu’à la fin que les cinéphiles présents apprenaient que Dupontel était là depuis le début, prêt à guetter le moindre rire, la moindre de leur réaction. Il avait ensuite pu entamer une discussion avec les spectateurs. Cette supercherie, le réalisateur de 49 ans l’a rééditée pendant près de cinq mois avant la sortie du film, dans les quatre coins de la France.

« J’ai écrit le scénario sous anxiolytiques »

Albert Dupontel a parcouru pendant près de cinq mois les salles de France, comme ici à Avignon, pour rencontrer son public de cinéphiles avertis, et ainsi affiner son œuvre (Photo : Nathan Gourdol)

Albert Dupontel a parcouru pendant près de cinq mois les salles de France, comme ici à Avignon, pour rencontrer son public de cinéphiles avertis, et ainsi affiner son œuvre (Photo : Nathan Gourdol)

A Avignon comme dans les autres salles de France, quelque chose est né. Albert Dupontel se préparait chaque fois à « recevoir les insultes et les critiques », mais il n’en fut rien. Au Capitole, les échanges sont rythmés, parfois pointilleux. Albert Dupontel fait du Dupontel, même face aux éventuelles critiques. Il répond sans tabou. Tout est passé en revue. Les moments comiques ne manquent pas, et le « j’ai écrit le scénario sous anxiolytiques, pour tester. Résultat : 100 pages en 4 jours. C’était intéressant, pas à refaire » finit de poser le personnage. Certes, le second degré peut perdre le spectateur. Mais l’univers dépeint ne laisse pas insensible.

Loufoque et burlesque

Dans 9 mois ferme, Dupontel a récidivé. Après son Bernie de 1996, orphelin jeté dans les poubelles à la naissance qui va vivre dans sa paranoïa, il crée cette fois un autre marginal tout aussi fou. Il s’agit de Bob Nolan qu’il interprète à merveille, un criminel accusé de « globophagie », c’est à dire de déguster les yeux de ses victimes. Du classique. Sauf quand ce doux détraqué met enceinte malgré lui Sandrine Kiberlain dans le rôle d’Ariane Felder, jeune juge aux mœurs strictes. Vous y êtes ? On appelle ça l’effet Dupontel.

Le comique s’empare de chaque scène, des simples fautes de français de Bob digne de Franck Ribéry, à la sur-émotivité d’Ariane, en passant par les bégaiements coupables de l’avocat de Bob, Maître Trolos (alias Nicolas Marié). L’apparition en guest de Jean Dujardin dans le rôle d’un traducteur pour muet résume, à elle seule, l’œuvre loufoque et rafraîchissante. Une vraie bonne comédie majoritairement encensée par les critiques. En trois mots : A voir absolument !

Nathan Gourdol