L’ascension du Kilimandjaro par une tétraplégique

L’ascension du Kilimandjaro par une handicapée moteur ? Oui c’est possible ! Et Dominique Véran le prouve. Férue de trek, d’escalade et de randonnées, cette dernière n’a pas voulu se laisser limiter par sa nouvelle condition lorsqu’elle est devenue, il y a un peu plus de dix ans, tétraplégique, à la suite d’erreurs médicales. Pour cela l’ancienne infirmière a créé l’association Osons la différence dont elle est présidente.

Au sommet du Kilimandjaro (D.R.)

Au sommet du Kilimandjaro (D.R.)

Entre Rocher de Mutzig (Alsace), Handitrail de Sospel et marathons, « Osons la différence » permet de faciliter l’intégration des personnes en situation de handicap mais aussi de leur permettre de réaliser des projets malgré leur état physique. Dominique, elle, n’avait pas abandonné son rêve de gravir le Kilimandjaro. Une joëlette –fauteuil spécial -, une amie malentendante, un membre de l’association non-voyant et quelques mois de préparation plus tard, l’équipe est prête pour la Tanzanie. Le projet s’appelle « On a tous le même soleil » et regroupe douze personnes. Le 8 septembre 2012, Dominique et son équipe quittent la France. La présidente a dû, en plus de la préparation physique, travailler sa force mentale. « C’est dur pour moi d’être dépendante d’autant de personnes, j’ai l’impression d’être un poids » avouait-elle après le périple. En effet, pour moins de dix jours de trek, ce sont trente et un porteurs qui ont dû l’aider.

Cela en valait la peine puisqu’après six jours de trek et conformément aux prévisions, le sommet est atteint. « Et là tout se dégage. On a l’impression de pouvoir toucher les nuages. Les porteurs se sont mis à chanter. Et moi à pleurer ».

Le handicap : un tabou en Tanzanie ?

Au-delà de l’aboutissement d’un rêve, Dominique Véran souhaitait lever le tabou qui règne en Tanzanie sur les handicapés. « Même un de nos guides [ndrl : un Tanzanien] expliquait que ce périple lui avait ouvert les yeux sur le handicap, et qu’il fallait que la Tanzanie soit plus ouverte d’esprit quant au sort des personnes qui en souffrent ». Redescendue sur la terre ferme, elle raconte sa vision des choses.

Et de la volonté, Véronique en a eu, puisqu’à la fin de son périple, Osons la différence consacre trois jours à la cause solidaire. Au programme : sensibilisation à l’écologie en promouvant, notamment, l’utilisation de cuiseurs à bois économes en partenariat avec l’association « Bolivi Inti – Sud Soleil », mais surtout une rencontre dans une école primaire organisée en partenariat avec l’association internationale « Young Women Christian Association » de Moshi, une ville tanzanienne, qui interagit fortement avec « Education Pour Le Kilimandjaro » afin de traiter la question du handicap.

En effet en Tanzanie le handicap est vécu comme un coup du sort. Malgré une part de presque 10% (selon l’Analyse de la pauvreté en 2003) de personnes handicapées, la Tanzanie reste très frileuse à la différence. L’association Aide et Action relate par exemple que les albinos (environ 240 000 sur les 40 millions de tanzaniens) sont très discriminés en raison de croyances populaires. Une peur qui va jusqu’à entraîner démembrements et assassinats de ces populations qui vivent dans la crainte. Il en est de même pour les tétraplégiques ou les déficients visuels même si de nombreux organismes se mettent en place afin de combattre ce phénomène comme le Comprehensive Community Based Rehabilitation in Tanzania ou Shivyawata, qui est une organisation parapluie regroupant plusieurs Organisations de Personnes Handicapées.

Le projet «  Baobab Maternity Hospital » par Comprehensive Community Based Rehabilitation in Tanzania

Le projet « Baobab Maternity Hospital » par Comprehensive Community Based Rehabilitation in Tanzania. (D.R.)

 

Véran et les autres relatent leur projet « On a tous le même soleil » dans le film Hakuna Matata, mon ami… traduit en langage des signes, bien sûr ! La prochaine étape, pour 2013, c’est l’ascension du Mont Blanc !

Léa Reguillot