Le Cannes Jeune Ballet a enflammé la Croisette

Publié par La rédaction le 9 décembre 2013 dans Local | 2 Commentaires

Ce sont de jeunes talents de la danse qui auront ouvert la dernière journée du Festival de Danse de Cannes, dimanche 24 novembre à 15h au Théâtre de la Croisette. Le spectacle réunit des élèves de la dernière année commune des écoles supérieures Rosella Hightower (Cannes) et ENSD Marseille, rappelant le lien étroit qu’entretient le festival avec ces deux écoles. Car Rosella Hightower fut essentielle à la naissance du festival et son actuel directeur artistique n’est autre que Frédéric Flamand, qui assure par ailleurs la direction du Ballet de Marseille. Un petit tour dans les coulisses du spectacle s’impose.

La pression monte dans les studios de répétition ; et pour cause. Les élèves ont travaillé d’arrache-pied, avec les plus grands de la danse contemporaine, sur deux pièces exigeantes. Tout d’abord, « Autour du Sacre » marque l’incontournable de cette année 2013, à savoir l’anniversaire du centenaire du Sacre du Printemps, l’œuvre tant contestée puis tant admirée du musicien Igor Stravinsky. Concernant le ballet, de nombreuses versions sont connues à ce jour, toutes construites à partir du peu qu’il reste de la version originale de 1913 (celle de Vaclav Nijinski). Pour présenter leur propre version, les deux écoles ont proposé le projet à des invités de marque : Angelin Preljocaj, Jean-Claude Galotta, Christine Garcia et Josette Baïz, chacun créant sa version du Sacre, version dont un extrait sera présenté lors du spectacle. Car « Autour du Sacre » est une véritable mise en scène entre extraits dansés, textes et vidéos. Sur scène, 68 danseurs du Cannes Jeune Ballet montrent toutes les qualités d’un rapprochement entre deux écoles. « Les deux écoles collaborent ensemble depuis seulement deux ans, explique Amélie Clisson, chargée des études et adjointe de direction des cycles supérieurs des deux écoles. C’est un rapprochement encore tout jeune mais que nous essayons d’entretenir le plus possible par des travaux communs entre élèves et plus particulièrement entre élèves de 3^ème année du cycle supérieur, la dernière année de l’école. »

Le Cannes Jeune Ballet a enflammé la Croisette. (Crédit : Nathalie Sternalski)

Sur un air de Bach

Durant le spectacle, ce qui suit est plus intimiste mais pas moins explosif : la pièce « Concerto ». Elle n’a pas été créée pour le spectacle du Cannes Jeune Ballet, mais elle a été transmise aux élèves par ses créateurs : Marco Cantalupo et Katarzyna Gdaniec, qui ont donné naissance à la pièce en 1996. Cette fois-ci, seulement quatre danseurs, tous issus de l’école Rosella Hightower. Ou plus exactement, quatre danseurs et une table qui constitue (presque) un personnage à part entière. La musique ? Une œuvre pour clavecin de Jean-Sébastien Bach. Le thème semble donc être celui de la tension. Tensions harmoniques propres à l’époque baroque (celle de Bach) mais aussi tensions des rapports humains constituant le sujet central du mouvement recherché par les deux chorégraphes. Et à propos de mouvement : une courte conférence aura été tenue durant le spectacle par Geneviève Vincent, historienne de la danse. « Ce texte, qui s’appelle « Le corps mémoire », permettra de contextualiser Le Sacre et d’évoquer la mémoire du corps, la manière dont elle fonctionne et comment un danseur s’en sert », précise Amélie Clisson. Un beau programme et une réflexion pertinente sur cet art du mouvement, véritable musique du corps.

Focus sur l’école Rosella Hightower

Elle reste quelque peu méconnue des Cannois, mais ils peuvent pourtant en être fiers. L’école fait en effet partie des plus célèbres dans le monde. A tel point que plus de 50% des élèves sont étrangers. Sa renommée est d’ailleurs loin d’être infondée, puisqu’elle forme de futurs interprètes, étoiles ou professeurs comme elle a pu révéler auparavant Dominique Bagouet (grande figure de la danse contemporaine) ou encore Eleonora Abbagnato (danseuse étoile du Ballet de l’Opéra de Paris). L’école recrute de tout jeunes enfants (dès l’âge de 11 ans), car « tout le monde sait qu’il est primordial de commencer très tôt si on veut faire de la danse son métier » dixit Amélie Clisson, chargée des études et adjointe de direction des cycles supérieurs.

Suzanne Shojaei