« Le secret, c’est du pain béni pour le cinéma »

Cette année, Gérard Camy et François Lapérou, organisateurs des RCC et des Rencontres de Cannes ont choisi de rapprocher leur événements autour du thème du secret.

Gérard Camy (avec François Lapérou) : « sur les quarante films que j’ai visionnés pour la sélection, je me suis rendu compte qu’il y avait toujours un problème de secret. » (C.P.)

Gérard Camy (avec François Lapérou) : « sur les quarante films que j’ai visionnés pour la sélection, je me suis rendu compte qu’il y avait toujours un problème de secret. » (C.P.)

D’où vous est venue cette idée de créer un partenariat entre vos deux événements ?

Gérard Camy : Un jour je reçois un coup de téléphone de François, qui me dit : « Cette année, j’aimerais qu’on travaille ensemble. J’ai une thématique, le secret, est-ce que ça t’intéresse ? » J’ai répondu oui bien sûr, c’est une thématique cinématographique par excellence.

Pourquoi le secret ?

François Lapérou : C’est internet qui m’a éveillé à cette idée. J’avais vu les Anonymous et ce qui m’avais frappé c’est que ce sont des gens qui se cachent pour dévoiler. Il y a un paradoxe dans le fait de se servir du numérique pour mettre sur la place publique des choses enfouies par des anonymes eux même. Ensuite, il y a eu Wikileaks, ça prenait de l’ampleur. D’autant plus cette année avec ce qui s’est passé autour de Snowden et la NSA, ça n’arrête pas ! C’est une problématique éternelle !

Donc, François Lapérou, vous avez axé sur l’aspect journalistique, et Gérard Camy, sur la cinématographie ?

G. C. : Le cinéma dévore toutes les informations et événements qui existent dans la société. Pour le cinéma, le secret c’est du pain béni ! Ca permet de faire des scénarios extraordinaires avec des climax [point d’orgue d’un scénario], avec de fausses pistes ! D’ailleurs, je pense qu’un scénario est déjà écrit autour de l’affaire Snowden. Ce qui est intéressant c’est de voir que tous les secrets sont traités. Par exemple, sur les quarante films que j’ai visionnés pour la sélection, je me suis rendu compte qu’il y avait toujours un problème de secret.

Comment les films sont- ils sélectionnés ?

G. C. : Pour les Rencontres de Cannes, François m’a dit : « J’ai besoin de films dans tel et tel domaine, qu’est-ce que tu verrais ? » Alors je lui ai proposé une sélection.

F. L. : Je lui ai donné trois thématiques et ça nous a sauté aux yeux assez vite.

G. C. : Surtout, on voulait des grands films populaires, des « monstres » du cinéma qui allaient remplir la salle et on les a trouvés.

Pourquoi organisez-vous vos événements en décembre ?

F. L. : Les Rencontres cinématographiques existent depuis vingt-six ans et les Rencontres de Cannes depuis neuf ans.

G. C. : Je suis ton grand frère en fait ! [rire]

C’est volontaire, on a toujours eu cette idée de panorama des festivals, c’est à dire de présenter des films qui ont reçu des prix ailleurs. La meilleure période c’est donc autour de décembre, une fois que tous les festivals sont terminés. Ca nous emmène dans une toute autre direction par rapport au festival de Cannes, parce que ce qu’on veut surtout, c’est pas de vigiles, pas de barrière entre les invités et le public. La deuxième chose, ce sont les stages avec le jeune public. On veut faire venir 350 jeunes pendant une semaine au cinéma.

F. L. : Je dis toujours aux gens qui viennent aux Rencontres de Cannes, vous entendez Cannes, mais il faut entendre rencontres. On ralentit, vous venez, il faut se regarder, prendre le temps, on mange ensemble, on écoute. La parole est libre, personne n’interrompt personne, tout le monde peut s’exprimer et c’est ce qui compte. Comme pour Gérard, la deuxième chose, c’est de mettre en avant la jeunesse. Mon obsession, c’est donner une vitrine à la jeunesse cannoise. Les jeunes auront toujours raison, pas forcément parce qu’ils ont raison, mais parce qu’ils auront toujours le dernier mot !

Recueilli par Léa Reguillot et Charlotte Palau