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Remake d’un duo de choc
Deux grandes gueules du cinéma français débarquent aux RCC. Philippe Torreton, président du jury, totalise près de soixante films et pièces de théâtres. Mathieu Kassovitz a, lui, réalisé sept longs métrages, dont le célèbre thriller Les Rivières pourpres. Une ambiance sombre, propre au réalisateur, qu’on retrouve dans L’Ordre et la morale sorti en 2011. Ce film, relatant le drame sanglant d’Ouvéa en 1988, est à l’image de son réalisateur et de son interprète : polémique.
Que s’est-il réellement passé en avril 1988 en Nouvelle Calédonie ? Aujourd’hui encore, le déroulement exact des événements fait débat. A la suite de l’occupation d’un poste de gendarmerie de Fayaoué, des gendarmes sont assassinés, d’autres pris en otages. Faute de négociation, Paris ordonne l’assaut des militaires. Un « prétexte » pour Kassovitz, qui y voit un complot de l’Etat. La France se trouve alors entre les deux tours des élections présidentielles. Selon la version du film, des négociations étaient possibles et Mitterrand en était informé. En révélant les secrets, les mensonges et autres zones d’ombre, le film est source d’une vive polémique.
« Kasso » l’impertinent
« Je ne suis plus fier d’être Français », déclarait Mathieu Kassovitz au quotidien britannique The Guardian, lors de la promotion internationale du film. D’ailleurs, « Kasso » a mis les voiles depuis, direction la Californie, où il réside désormais. Il invoque des raisons professionnelles avec « une France pas très excitante niveau cinéma », déplorant de « ne pas être mis au défi par les autres réalisateurs ». Enfant prodige du cinéma français, le réalisateur avait séduit la Croisette en 1995, lorsqu’il a remporté le prix de la mise en scène au Festival de Cannes pour La Haine. Salué comme l’héritier de Truffaut, ce Parisien enchaînera ensuite les films sombres comme Assassin(s), également présenté à Cannes, avec moins de succès cette fois.
Torreton accuse
Si Mathieu Kassovitz n’a pas la langue dans sa poche, Philippe Torreton n’a lui, pas la plume dans la sienne. Le 17 décembre 2012, il publie dans les colonnes de Libération une féroce lettre ouverte adressée à Gérard Depardieu, lui reprochant son exil fiscal. Plus récemment, il a signé une tribune contre l’ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac. Pour autant, le Rouennais, ancien conseiller municipal de Paris, ne s’est jamais éloigné du Parti Socialiste. Il a même soutenu publiquement Ségolène Royal, lors des élections présidentielles de 2007. On dit parfois que les opposés s’attirent, ces deux là se retrouvent aujourd’hui à Cannes.
Simon Hue
Juliette Redivo