Roumains, Bulgares, Grecs, Lettons : ils vont faire l’Europe en 2014

Qui dit nouvelle année, dit nouvelles réformes, nouvelles mesures, nouvelles lois. Et l’Union Européenne ne déroge pas à la règle. Trois changements majeurs viendront bousculer l’institution cette année. De la -déjà- polémique autorisation de travail pour les ressortissants Bulgares et Roumains, à la présidence de la Grèce en passant par l’adoption de l’euro par l’Estonie, les cartes sont redistribuées, à quelques mois des élections européennes.  Ces neuvièmes élections auront lieux, en France, le samedi 24 mai.

1/ Roumains et Bulgares sur le marché du travail

Depuis le 1er janvier, au nom du principe de la libre circulation des travailleurs, Roumains et Bulgares peuvent travailler librement dans toute l’Union européenne. Une mesure qui n’est pas nouvelle puisqu’ils pouvaient déjà exercer un métier dans 17 autres États, comme la Suède ou l’Italie. C’est la dernière étape de la période transitoire démarrée lors de l’intégration de ces deux pays à l’Union Européenne en 2007.

Même si la liste des métiers interdits aux travailleurs roumains et bulgares n’est plus d’actualité depuis le 31 décembre 2013, ces derniers ne pourront toutefois pas profiter des emplois de la fonction publique dite régalienne (Défense, justice, impôts, police…).

Au terme d’une période de 6 mois, s’ils n’ont pas trouvé de travail, il leur faudra apporter la preuve qu’ils continuent à rechercher activement un emploi et que leurs chances d’être embauchés dans les plus brefs délais sont réelles.

Selon un rapport du Gisti (Groupe français d’information et de soutien des immigrés), aucun impact sur le marché du travail suite à son ouverture successive aux citoyens des autres pays membres de l’UE n’a été constaté. En Grande-Bretagne, les membres du Parti conservateur s’inquiètent de cette ouverture du marché et craignent une arrivée massive de travailleurs roumains et bulgares.

Travailleur

2- La Grèce prend les rênes de l’UE

La Grèce a repris, le 1er janvier et jusqu’au 30 juin prochain, la gouvernance de l’Union Européenne.  Tous les six mois, la présidence du Conseil de l’Union Européenne change de mains au profit d’un autre pays membre. Après la présidence lituanienne, c’est donc la Grèce – en proie à une grave crise financière depuis plus de six ans – qui assume la lourde tâche d’orienter les politiques économiques de l’Europe à 27.

Le Ministre Grec des Affaires Européennes, Dimitris Kourkoulas, a d’ores et déja fixé des objectifs pour l’Europe : la croissance, l’emploi et la cohésion. Des thèmes en parfaite adéquations avec les préoccupations du pays qui affiche une dette publique avoisinant les 175% du PIB,

 VIDEO du logo de la présidence grecque :

Programme phare de cette présidence grecque : la mise en place du plan Horizon 2020. Ce tout nouveau dispositif est dédié à la recherche et à l’innovation pour la période 2014-2020. 15 milliards d’euros seront investis les deux premières années pour impulser l’excellence de la recherche scientifique, selon la formule, et stimuler le secteur industriel. Le financement global s’élève à près de 80 milliards d’euros.

Depuis son adhésion à la Communauté économique européenne (CEE) en 1981, c’est la cinquième fois que la Grèce préside le conseil de l’Union Européenne. Le pays passera le relais à l’Italie, le 1er juillet 2014.

Retour sur la politique européenne de la Grèce
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3Lettonie, 18ème membre de la zone euro

Une majorité de Lettons refuse d’adhérer à la zone euro, alors que le pays a adopté depuis le 1er janvier la monnaie unique. (Ilmars Znotins/AFP)

Une majorité de Lettons refuse d’adhérer à la zone euro, alors que le pays a adopté depuis le 1er janvier la monnaie unique. (Ilmars Znotins/AFP)

Ce 1er janvier, la Lettonie a adopté la monnaie unique, et devient donc le 18ème membre de la zone euro. Ce pays d’à peine 2,2 millions d’habitants, voisin de l’énorme Russie, devient la deuxième nation de l’ex-Union soviétique à intégrer l’euro. Son adhésion, discrète sur le plan économique, est entachée par des conditions d’entrée discutables.

60% de la population y est opposée

Officiellement, l’UE se réjouit de ce nouveau partenaire. Officieusement, le passage à l’euro s’est fait d’une manière indécente d’un point de vue démocratique : les Lettons ont été obligés d’adopter l’euro. En effet, Riga a refusé un référendum à son peuple sur le passage à la monnaie unique. Conséquence, 60% de la population souhaite –déjà- retrouver le lats, son ancienne devise nationale.

Le pays connait par ailleurs des troubles, ce qui pourrait nuire à la cohésion européenne. En froid avec la Russie depuis son indépendance en 1991, la Lettonie a dû faire face à plusieurs affrontements l’an dernier entre Lettons et immigrés soviétiques. Plusieurs associations ont également pointé du doigt le népotisme au sein de la classe politique. Ce lundi, le président Andris Berzins a d’ailleurs chargé Laimdota Straujuma de former un nouveau gouvernement.

Un cocktail économique explosif

Sur le papier, la Lettonie affiche une croissance à deux chiffres, une inflation d’à peine 2% et un des taux de chômage les plus bas de l’UE. Un pays bien dirigé en façade. Officieusement, le tableau est plus sombre. L’Etat balte a subit la crise de 2008 de plein fouet. Il y a moins de cinq ans, son PIB chutait de 17%, son taux de chômage atteignait plus de 22% et sa population a diminué de 23% en vingt ans.

Concernant la transparence financière, la Lettonie rejoindrait les Etats à fiscalité avantageuse, qui accueillent les capitaux étrangers, les yeux à demi-fermés. Ainsi, plus de la moitié des 20 milliards d’euros qui dorment dans les banques lettones proviennent de non-résidents.

La BCE doute. Pire, elle regrette presque l’adhésion de la Lettonie. Mario Draghi a taclé le système financier en invoquant « l’importance des dépôts étrangers dans les banques lettones, source de risques importants pour la stabilité financière« . Baisse de 30% du nombre des fonctionnaires, réduction des salaires et appauvrissement de la population : Frankfort craint de devoir débloquer des fonds financiers en cas de crise économique, ce qui impacterait évidemment sur la devise monétaire.

La Lettonie, bombe à retardement de la zone euro ?

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Victor Vasseur
Meline Escrihuela
Vincent Bourquin