IVG : un pas en arrière pour l’Espagne

L’Espagne est en passe d’adopter une loi réduisant le recours à l’IGV (interruption volontaire de grossesse). Concrètement, elle interdit l’avortement hormis pour des cas particuliers (viol, danger grave pour la femme enceinte ou malformation fœtale).

L’avortement, outre ces restrictions, sera passible d’une peine de prison. Un encadrement strict approuvé par le gouvernement de Mariano Rajoy qui scandalise en Europe. Cette loi sera sans nul doute adoptée par le parlement à majorité du Parti Populaire (droite).

Un recul des libertés qui choque

Cette loi est un revirement politique après l’adoption en juillet 2010 d’une des politiques les plus libertaires autorisant l’avortement. Les Espagnoles sont autorisées au recours à l’IVG jusqu’à 14 semaines (22 en cas de malformation du fœtus) contre 12 semaines de grossesse en France.

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IVG en Espagne

Les réactions d’incompréhension sont nombreuses. Selon la gynécologue Isabel Serra Fuster, cette loi n’empêchera pas les Espagnoles d’avorter « les femmes riches iront se faire avorter dans d’autres pays comme c’était le cas dans les années 80 et 90 […] les plus modestes n’auront d’autre choix que de fréquenter des cliniques clandestines. » Seulement 37% des Espagnols soutiennent cette décision selon un sondage « El Pais » du 8 janvier. Des manifestations ont éclaté dans tout le pays suite aux appels des associations féministes et du parti socialistes qui dénoncent un « retour de 30 ans en arrière ».

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Cette mesure fait réagir en France. L’Etat français s’est dit opposé à cette loi. La porte parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a exprimé son inquiétude « cela vient illustrer ce que je dis régulièrement, c’est-à-dire que les droits des femmes ne sont jamais acquis. » Des manifestants se sont rassemblés devant les consulats espagnol de Paris, Perpignan et Montpellier, d’autres événement de ce type sont prévues dans tout l’hexagone

Victoire pour les pro-life

L’organisation Derecho a vivir (droit à vivre) s’enthousiaste de la décision de Mariano Rajoy qui « confère enfin des droits aux non-nés. » Les association pro-life (anti-avortement) ont organisé depuis quelques mois des actions de lobbys, comme l’affichage de photos de fœtus morts sur des bus à Madrid.

En Irlande, ces groupes de pression utilisent les mêmes campagnes chocs pour dissuader les femmes d’avorter. Un scandale avait par ailleurs secoué le pays en novembre 2012 lorsqu’une femme était morte suite au refus de l’équipe médicale de mettre un terme à sa grossesse alors qu’elle souffrait de douleur au dos.

Une participante d'une manifestation pro-life en février 2013 à Cork (Irlande)

Une participante d’une manifestation pro-life en février 2013 à Cork (Irlande) (Photo : Flickr/Mark O’Doherty)

Quelle situation dans le monde ?

Le parlement européen a rejeté un texte pour faire de l’IVG un droit européen le 10 décembre dernier. Le besoin d’harmonisation des législations s’explique par le fait que de nombreuses femmes enceintes se rendent dans des pays plus flexibles sur l’IVG que leur pays d’origine pour avorter. C’est le cas, par exemple, de l’Angleterre qui accueille les Irlandaises désireuses de mettre fin à leur grossesse.

Si la loi espagnole est adoptée, l’Espagne deviendra l’un des pays les plus réactionnaires d’Europe aux côtés de Malte, et de la Pologne. La Suisse a été l’un des premiers pays autorisant l’avortement (1942). Le pays va pourtant soumettre au vote un projet de loi visant à exclure des prestations d’assurance obligatoire l’avortement, le 9 février prochain à l’initiative du parti conservateur UDC (Union Démocratique du Centre).

Cliquez sur la carte ci-dessous pour voir la situation du droit à l’avortement en Europe :

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En Afrique, l’avortement est très majoritairement illégal (sauf cas de risques vitaux pour la mère). Il y a cependant des exceptions comme en Afrique du Sud, Zambie ainsi que la Tunisie.

La Corée du Sud à décidé d’appliquer depuis 2010 une loi interdisant l’IVG votée en 1953. Le gouvernement voulant stimuler l’accroissement démographique, ne l’avait pas mis en application. Désormais les médecins qui pratiquent l’avortement (hors cas de viol ou d’inceste) risquent une amende (1500 euros), deux ans de prison et le retrait de leur droit d’exercer. Quant aux patientes, elles encourent un an de prison.

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IGV dans le monde

Pour accéder à l’infographie sur l’avortement dans le monde en chiffre, cliquez si dessous :

ivgg

Jessica Coudurier

Nathan Gourdol

Léa Reguillot

Alexia Samuel