La Syrie ou le pays de la guerre invisible #2

La Syrie est à la place 176 sur 179 dans le classement de Reporters Sans Frontières en matière de liberté de la presse. Le pays ne cesse de régresser dans le classement, alors que plus aucune information ne circule. Bachar el-Assad gouverne l’un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes. Depuis mars 2011, une centaine d’acteurs de l’information ont été assassinés et une soixantaine sont encore détenus ou retenus en otages. Quel avenir pour le journalisme en Syrie ?

Des médias dominés par le pouvoir

Toutes les informations relatives à la Syrie sont noyautées par le parti Baas. Une censure se met  rapidement en place au fur et à mesure que le conflit syrien s’accentue. 200 sites sont inaccessibles sur Internet. Depuis 2007, les gérants de cybercafés doivent enregistrer les commentaires publiés par leurs clients sur des forums de discussion. En 2010, une loi a été promulguée pour juguler l’information sur le Web. Il existe même une cyber-armée qui surveille minutieusement la Toile. Le pouvoir diffuse des fausses informations, piratent les boîtes mail et les comptes des réseaux sociaux.

Depuis le début du mouvement de contestation populaire en 2011, le pouvoir empêche tous les journalistes de couvrir les manifestations. Nombreux sont les journalistes syriens arrêtés ou torturés. Les journalistes étrangers, quant à eux, sont la plupart du temps expulsés. La chaîne de télévision Al-Jazeera a d’ailleurs suspendu pour une durée indéterminée toutes ses activités, dès le 27 avril 2011. Les équipes ont reçu diverses menaces et les locaux ont été vandalisés. Bachar el-Assad a mis en place le 28 août 2011 un décret sur les médias. Le décret concerne (attention, accrochez-vous bien) le  »respect des libertés fondamentales présentes dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et des conventions internationales ». De plus,  »toute attaque contre un professionnel des médias sera assimilée à une attaque à l’encontre d’un fonctionnaire de l’Etat syrien ». 

Bachar el-Assad a mis en place un décret pour protéger la liberté de la presse alors qu'un black-out médiatique sévit en Syrie depuis le début du conflit. (Crédit photo : larousse.fr)

Bachar el-Assad a mis en place un décret pour protéger la liberté de la presse alors qu’un black-out médiatique sévit en Syrie depuis le début du conflit. (Crédit photo : larousse.fr)

 

Une guerre invisible

Ce qui est assez drôle, c’est que parallèlement à ce décret, les autorités imposent un black-out médiatique sur le moindre événement qui se déroule en Syrie. Une véritable répression se met en place. La population a même peur de témoigner auprès des médias, au vu des risques que tous encourent. Le conflit se pousuit pourtant, les morts se multiplent. Mais sinon, on ne sait rien. On ne voit rien. On n’entend rien. Les rares images proviennent du pouvoir, autant dire qu’elles embellissent la guerre. Les prédateurs de la liberté de la presse sont de plus en plus nombreux en Syrie, à commencer par Bachar el-Assad. La Syrie : une zone de non-droit pour les journalistes, une désinformation qui devient alarmante. Le journalisme en Syrie semble bien être mission impossible.

Corée du Nord, Russie, Syrie : trois exemples parmi tant d’autres où la liberté de la presse est menacée voire inexistante. Des pays autoritaires où la violence à l’égard des journalistes est véridique. On dit souvent que c’est mieux dans les pays démocratiques. Mais quand on remarque que la France se classe seulement 37è, on a de quoi réfléchir sur la concentration des médias qui nuit à une information de qualité.

En savoir plus : La liberté de la presse dans le monde + Un monde sans journalistes 

  

Camille Degano