Qui vivra verra

Samedi 25 janvier, Boulevard Victor Hugo à Nice avait lieu l’inauguration de la permanence d’Olivier Bettati. Candidat aux municipales, il a démissionné du conseil municipal  de Christian Estrosi, actuel maire de Nice et candidat UMP. Il s’oppose aujourd’hui fermement à sa politique. 

La stratégie politique du « contraire »

Christian Estrosi est celui « qui se voit Président de la République chaque matin » et Olivier Bettati celui qui prétend avoir « la fibre de la politique locale ». Le dissident UMP promet de « faire le contraire » du maire actuel, ainsi titrait Nice-Matin. À l’inverse, à-t-on déjà vu un candidat faire campagne et s’inscrire dans la ligne politique de l’opposition ? Clamer sa différence n’est pas tant un acte engagé qu’une nécessité. On a rarement vu un candidat vanter la politique de son opposant puis proposer son propre programme, parce que quitte à changer, autant changer pour le mieux.

Olivier Bettati présente son programme à sa permanence le 25 janvier. (Crédit photo : Soraya Bezombes)

Olivier Bettati présente son programme à sa permanence le 25 janvier. (Crédit photo : Soraya Bezombes)

Une « politique de proximité »

En attendant qu’Olivier Bettati prenne la parole, dans la foule on se bouscule, on se rencontre et tous ont le même mot à la bouche. La « proximité » se décline sous tous ses aspects. Bettati, c’est un homme « abordable » pour Audibert, venu supporter le candidat. Brigitte Tanauji-Dahan, actuellement conseillère municipale de la ville de Nice et collaboratrice d’Olivier Bettati dénonce justement « le manque de proximité » d’Estrosi qui s’est « désintéressé de la ville de Nice » ajoute Nicolas Roland, membre du Modem  et soutien de la liste dissidente.

Chacun cherche à s’approcher pour être au plus près du candidat. Celui que tout le monde attend impatiemment monte sur l’estrade et prend la parole. Sous les acclamations, l’étonnement d’Olivier Bettati face aux nombreux supporters fait bientôt place au sérieux et à la fermeté pour énoncer chacun de ses six engagements. Défendue par ses collaborateurs, « la politique de proximité » est le fer de lance de son discours. En accord parfait avec le slogan de sa campagne, « mon parti c’est Nice », Olivier Bettati s’engage à n’être « que le maire ». Ses adjoints devront, eux, avoir un travail, afin de garantir leur indépendance et de ne pas « perdre les pieds de la réalité » (sic).

Rester les pieds sur terre, c’est bien l’ambition d’Olivier Bettati. D’abord, « mettre fin à des privilèges indus », se démarquer des habitudes de Christian Estrosi, et se mettre à la portée des citoyens. D’une part, grâce à la réorganisation du territoire (deuxième engagement) : le candidat à la mairie veut créer cinq arrondissements (trois urbains et deux colinéaires), et s’engage à se rendre une fois toutes les cinq semaines dans chaque arrondissement pour recevoir entre huit heures et midi « tous ceux qui voudront rencontrer le maire ». D’autre part, en réorganisant les services municipaux : à chaque arrondissement seront affectés 120 agents de police et des patrouilles d’agents municipaux chargées d’entretenir et rénover la ville. Pour Olivier Bettati, simplifier le fonctionnement de la ville est un moyen non seulement de faire des économies mais aussi d’assurer un service de proximité qui doit rassurer et satisfaire les Niçois.

Lorsqu’ Olivier Bettati parle du carnaval qui doit avant tout redevenir une fête pour les citoyens, on peut n’y voir qu’une simple anecdote ou plus sérieusement sa volonté de remettre Nice entre les mains des Niçois.

Olivier Bettati et ses collaborateurs saluent les supporters présents lors de l’inauguration de la permanence le 25 janvier (Crédit photo : Soraya Bezombes)

Olivier Bettati et ses collaborateurs saluent les supporters présents lors de l’inauguration de la permanence le 25 janvier (Crédit photo : Soraya Bezombes)

 

Vite dit…vite oublié ?

L’inauguration était comme un galop d’essai, l’occasion de tester l’engouement de chacun. Les supporters étaient là, l’espoir aussi, celui d’un véritable changement. Une femme, qui se fait appeler Nad, interpelle Marc Concas (conseiller général des Alpes Maritimes pour le PS qui a rejoint Olivier  Bettati le 9 janvier) : « Je voulais plus voter, même pas pour les municipales, mais je voterai pour vous ». Alors le  » changement c’est maintenant  » (slogan lors de la campagne présidentielle de François Hollande) ? Susciter l’enthousiasme lors de ce genre d’événement est facile. Presque tous adhèrent déjà au candidat. L’incroyable n’est pas tant dans ce qui a été dit, les hommes politiques ont l’art de faire miroiter un avenir fabuleux, mais résiderait dans l’aboutissement de ces promesses.

Soraya Bezombes