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Les carcans politiques contraires à l’intérêt général
« Il m’arrive souvent, au Conseil général, que l’UMP présente une délibération, je trouverais naturel de la voter parce qu’elle me semble aller dans le sens de l’intérêt général…mais j’ai pas le droit de le faire ». Marc Concas (Conseiller général des Alpes Maritimes pour le PS) exprime aujourd’hui un des problèmes de la politique en France.

La liste dissidente d’Olivier Bettati lors de l’inauguration de sa permanence le 25 janvier (Crédit photo : Soraya Bezombes)
La dissidence, qu’elle soit de gauche ou de droite, doit interroger. Pour Olivier Bettati, il s’agissait de dire stop à la politique qu’il avait jusque là soutenue, bon gré mal gré. Pour Marc Concas, qui était au parti socialiste, c’est le même combat. Mais il a choisi de s’allier à Bettati plutôt qu’à Patrick Allemand (candidat socialiste) qui est selon lui « ce que la gauche a de plus faible à proposer face à Estrosi. »
Des supporters présents lors de l’inauguration sont à l’image des leaders de la coalition. Certains dénoncent la déception provoquée par l’UMP, comme le confie un ancien conseiller communal consultatif de la ville de Nice. Il avait payé 1000 € à l’UMP pour faire partie du « cercle proche » d’Estrosi et pouvoir parler politique avec lui. Sur les huit réunions prévues sur deux ans, seulement une a été tenue. Ce qu’il reproche à l’UMP, c’est de ne « pas avoir tenu ses engagements. »
D’autres sont indécis. Jeanne, présidente d’une association culturelle, avoue avoir voté à droite pendant longtemps avant de voter à gauche l’année dernière pour finalement revenir à droite. « C’est pas une question de quitter un parti, c’est avoir des objectifs et des idées qui sont dans l’intérêt général. »
Les partis traditionnels sont-ils si éloignés des préoccupations actuelles ? Sous prétexte qu’une idée n’est pas proposée par son parti, est-il impossible d’y adhérer, du moins officiellement ? Pourtant le débat et l’opposition sont des éléments essentiels dans une démocratie. À partir du moment où le débat est biaisé par la pression d’une quelconque appartenance politique, on est en droit de se poser des questions sur l’efficacité de ce débat.
Le pari de Pascal
Basculer de droite à gauche comme l’a fait la France en 2012 était peut-être un vote contestataire face à l’UMP, mais aujourd’hui les Français semblent aussi déçus du PS, avec seulement 24% d’opinions favorables en novembre 2013 . Alors quelles alternatives ? S’orienter vers les partis extrêmes ? C’est malheureusement une des conséquences avec « 34% des Français [qui] souhaitent que le FN soit renforcé à l’issue des élections » selon un sondage Ipsos.
Au-delà de Nice et de l’enjeu municipal, l’idée de déconstruire les frontières entres partis et de reconstruire la scène politique est un pari. Il ne s’agit pas de parier sur l’existence de Dieu mais sur l’avenir de partis « au-delà des partis. » Au vu du rapport sur les « fractures françaises » publié par l’institut Ipsos en janvier qui montre clairement le désaveu des politiques dans l’opinion française, il est impératif de changer quelque chose. Et on ne risque rien à parier sur cette alternative, sauf d’être déçu…encore.
Soraya Bezombes