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La Russie s’enfonce davantage dans la dictature #3
La Russie a beau être un peu mieux placée que la Corée du Nord (148 sur 179) dans le classement mondial 2013 de la liberté de la presse, ses méthodes n’en sont pas moins expéditives. Le pays noyauté par le pouvoir de V. Poutine n’hésite pas à expulser des journalistes jugés trop critiques. C’est ainsi que la Russie a interdit de séjour le journaliste et écrivain américain David Satter pour cinq ans, le 14 janvier 2014. Il aurait séjourné en Russie du 22 au 26 novembre 2013 avec un visa périmé et ainsi entravé la loi russe sur les migrations, selon le ministère des affaires étrangères (MID).
Un acte manqué ? L’exemple de David Satter

Le journaliste David Satter a été jugé indésirable en Russie et expulsé en 2013
(Crédit photo : D.R.)
David Satter est un spécialiste du journalisme d’investigation. Il travaillait à Moscou depuis septembre 2013 pour la radio américaine Radio Free Europe/Radio Liberty. Toujours selon le MID, il aurait attendu cinq jours pour renouveler son visa. Le tribunal de Moscou l’a immédiatement expulsé le 29 novembre 2013. Le journaliste rétorque qu’il n’a »enfreint aucune règle ». On lui a dit que »[son] visa serait renouvelé mais la lettre destinée au service des migrations n’a pas été faite. L’administration a tardé et maintenant on [lui] reproche d’avoir laissé passer la date ». Est-ce volontaire de la part des autorités russes ? Très probablement, car les services de sécurité ont jugé sa présence indésirable en Russie (consigne qu’il a reçu du pouvoir). En outre, aucune explication n’a été donnée. Une opacité totale qui remet fondamentalement en question la liberté d’expression en Russie.
Un cas isolé ?
David Satter n’est pas le seul dans ce cas. On sait ô combien les journalistes sont appréciés dans les pays des droits de l’Homme comme la Russie ou la Corée du Nord. Comme du temps de la Guerre froide, les journalistes étrangers un peu trop curieux ou un peu trop critique (c’est leur métier, non ?) sont expulsés. En 2007, Natalia Morar (journaliste pour le magazine russe New Times) a été interdite d’accès au territoire russe alors qu’elle avait écrit sur les manipulations financières de généraux des services de sécurité. En 2007, c’est au tour de Luke Harding, le correspondant du quotidien britannique The Guardian, d’être expulsé sous le prétexte d’une erreur administrative.
Parfois, les autorités russes offrent des vacances aux journalistes dans des jolies boîtes en bois où personne ne viendra les déranger. En 2013, c’était le cas de deux journalistes : Mikhail Beketov et Akhmednabi Akhmednabiev. Ces derniers font partie des soixante-quinze journalistes tués en 2013 dans le monde. La liberté de la presse est donc très menacée en Russie. Chaque parole qui dévalorise le système de V. Poutine est sanctionnée. Anna Politkovskaïa en a fait les frais en 2006. Cette journaliste russe a longtemps milité pour les droits de l’Homme. Elle est surtout connue pour son opposition à la politique de V. Poutine ainsi que sa couverture du conflit tchétchène et ses critiques envers les autorités de la République caucasienne. Elle est la vingt-deuxième journaliste assassinée en Russie depuis l’arrivée de V. Poutine au pouvoir en 2000.
Alors qu’on est à moins de trois semaines des Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi, on est en mesure de se demander quel sera le degré de liberté accordée à la presse. Alors que les critiques fusent, notamment à propos du discours de V. Poutine sur les homosexuels, un pas de plus vers la dictature semble bien avoir été franchi.
Camille Degano
Il n’est pas facile de se débarrasser des mauvaises habitudes, la preuve! Poutine n’est que le successeur de nombre de dignitaires de l’ancien régime. Et pourtant, si l’on devait classer ces personnages, je resterais convaincu que Poutine est un enfant de chœur par rapport à Kim Jong-Un.
Un article intéressant, documenté, mais une de vos phrase, (« On sait ô combien les journalistes sont appréciés dans les pays des droits de l’Homme comme la Russie ou la Corée du Nord ») que je comprends comme un trait d’humour, me « laisse sur ma faim »! Elle me semble ambigüe . Pour renforcer l’effet voulu, j’aurai bien lu la même phrase mais sans « des droits de l’Homme » ou avec en rajout « des non droits de l’homme »!
Mais ce n’est qu’une question d’appréciation, ce qui n’enlève rien à la qualité de l’article.