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« Le copain d’avant » : homme et sdf
« Le copain d’avant » de Françoise-Renée Jamet et Laurent Marocco, diffusé mercredi 22 janvier à l’occasion du Festival International des Programmes Audiovisuels de Biarritz, marque les esprits. Aussi saisissant qu’émouvant, il reconstruit le cheminement d’un Homme devenu sdf.
Quelques jours avant de mourir, un sdf, Thierry G, jette à la poubelle un manuscrit autobiographique de près de 450 pages. Ce manuscrit est finalement retrouvé et devient la pierre angulaire du documentaire « Le copain d’avant » de Françoise-Renée Jamet et Laurent Marocco, présenté au Fipa dans la sélection « création française ». « L’écriture était très belle, très fine. Et puis, c’est fort, de jeter à la poubelle, de se débarasser ainsi de tout un pant de notre vie« , commente la réalisatrice, visiblement émue. « Le copain d’avant » suit l’errance d’un Homme qui, de souffrances en souffrances, est devenu sans domicile fixe. Un film qui permet de mieux comprendre le cheminement d’un Homme de celui à qui la vie n’a fait aucun cadeau, un film qui donne enfin la parole aux fantômnes de notre société.
« Un témoignage pour dire des vraies choses »
« Le copain d’avant » est avant tout le portrait d’un Homme. Parias de nos sociétés, les sdf n’ont jamais l’occasion de s’exprimer. Dans ce documentaire, on découvre un Homme loin des clichés et idées reçues. Artiste, aimé, honnête et malheureux, Thierry méritait bien un film, « pour qu’il ne reste pas muet éternellement« , précisent les réalisateurs du film. Le témoignage de Thierry est donc un document précieux et rare car sincère et saisissant. Sincère car non misérabiliste. « La rue c’est d’abord tout mettre dans des sacs et jeter tout le reste, même les choses qu’on aimait », avoue Thierry. Saisissant car le film nous met face à nos propres préjugés et laisse place au silence pour mieux nous laisser songer. On découvre, en effet, un Homme complexe. « Je crois pas qu’ils s’y pensent, tous les gens qui nous croisent, à tout le temps qu’on a passé avant de réaliser qu’on va devoir s’assoir sur un trottoir« , nous dit d’ailleurs Thierry. Si le fond du documentaire de Françoise-Renée Jamet et Laurent Marocco est marquant, la forme supporte quelques critiques. Mais passons, ce film est une vraie prise de conscience.
Méline Escrihuela