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Une nuit à la rencontre des SDF de Cannes
Christophe aura 45 ans demain. Il ne compte pas les fêter. « Il y a trois ans, un chauffard a écrasé ma femme et ma fille. Alors pour moi, Noël et le Jour de l’an ne seront plus jamais comme avant. »
Comme six soirs par semaine, une vingtaine de sans-abri sont réunis devant la gare pour attendre le SAMU Social. Les bénévoles apportent nourriture, couverture et contact humain à ces personnes parfois très seules. Les gens se connaissent pour la plupart. Ils discutent, rient, et ne parlent pas tous la même langue. Les SDF peuvent compter sur l’écoute et le soutien des bénévoles. Une femme d’une cinquantaine d’années très alcoolisée se joint au groupe. Le ton monte, ils s’injurient et se menacent de mort. Christophe et certains SDF tentent de calmer la situation. Deux policiers sont aussi chargés de surveiller la distribution.
« Nous vivons dans un grenier »
Un jeune couple raconte qu’il dort dans la rue depuis sept ans. Marie vient de faire une fausse couche. Tous les deux ont déjà des enfants placés par les services sociaux. Marguerite, 70 ans, le visage illuminé, rapporte un café à son mari malade qui l’attend dans le hall de la gare. « Nous vivons dans un grenier. Nous ne pouvons pas faire de bruit, mais au moins nous avons un toit. »
Derrière le luxe de la Croisette
Un homme appelle le Samu au Gray d’Albion. Les bénévoles tournent plusieurs fois dans les rues de la Croisette aux vitrines de luxe, mais ne le trouvent pas. Sous un pont, au bord d’une quatre voies, Ali, un homme peu bavard habite dans une cabane de tôle. C’est le dernier SDF que le SAMU aide cette nuit. Il accepte un bol de soupe et des chocolats de Noël. D’une voix timide, il remercie les bénévoles.
*Les prénoms ont été changés
Manon David
Raphaëlle Daloz