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Un fauve indomptable est entré dans l’arène de Nice
Il ose tout, n’a peur de rien. Avec sa crinière noire, Jérémy Ferrari explose sur scène comme il fait exploser son public de rire. L’humoriste était présent samedi 1er février au Palais de la Méditerranée, à Nice. Il a joué son spectacle Allelujah Bordel devant une salle comble de 900 personnes. Récit.
Un humour grinçant pour un regard intelligent sur la société
« J’ai vraiment adoré ! « . C’est une phrase qu’on a beaucoup entendue à la sortie du Palais de la Méditerranée. Un humoriste énergique et dynamique pour un spectacle d’une grande qualité. Et quantité aussi ! Deux heures trente de rires dans une ambiance chaude comme les flammes de l’enfer (et pour cause …).
Allelujah Bordel est un spectacle qui s’interroge sur les religions et qui s’attaque aux extrémismes religieux. L’humoriste et auteur de 29 ans s’attache à décrypter les textes religieux : Bible, Coran et Torah. Il utilise un humour grinçant, parfois cruel. Il n’hésite pas à dire ce qu’il pense, quitte à en choquer certains. Un très bon comédien littéralement déchaîné et provocateur. Il sait doser son interprétation pour être doux pendant un temps et tout à coup violent pour redonner de l’intensité à ses propos et dénoncer. Une véritable pile électrique qui décharge ses électrons sur des sujets sensibles. Des piques de méchanceté disséminés tout le long du spectacle décidément corrosif. Précisons toutefois (comme il l’a fait à la fin de sa représentation, visant implicitement un certain Dieudonné) qu’il a tenu à être objectif : s’il se moque de la chrétienté, il se moquera aussi de l’islam et du judaïsme.
Outre la causticité et l’humour de Jérémy Ferrari, il faut souligner qu’il s’est beaucoup documenté pour écrire Allelujah Bordel. Il est un homme qui se cultive et qui sait de quoi il parle. C’est un pari osé que de s’attaquer aux religions. Mais c’est un pari réussi grâce à sa finesse et sa subtilité. Cet « homme [qui] va trop loin » selon le sous-titre de son spectacle, ne pose qu’une seule limite dans sa noirceur : le rire.
Quand le public rit jaune, noir
Comme Jérémy Ferrari le dit lui-même, les cinq premières minutes d’un spectacle déterminent l’ambiance de la suite. Et c’est dire si ces cinq premières minutes étaient mouvementées ! Un petit imbroglio sur des places à tarif réduit, et l’artiste va à la rencontre de ses spectateurs pour railler ces « radins ». Un peu d’improvisation pour se moquer des Niçois. Surtout quand il discute avec une certaine Marine, « un prénom que vous aimez bien dans cette région ». Il se moque autant des conséquences de ses plaisanteries (à l’image de la rubrique Risques de procès de son site Internet) que du public. Comme ce couple de « vieux », André et Claudine, « prénoms qu’on dirait sortis d’un bar des années 40 », auquel il demande s’ils sont ensemble ou mariés depuis 52 ans, et qu’André répond « oui ». Un rire et un « je comprends rien », puis il remonte sur scène pour courir, sauter de plus belle sur la scène, le tout accompagné d’une gestuelle parfois loufoque. On appréciera le moment où il fait lire à certains spectateurs des passages d’un texte religieux qui semblent douteux. Ou encore la partie totalement cinglante sur la pédophilie, l’une des plus couillues (c’est le cas de le dire …). On remarquera aussi quelques pointes d’autodérision, comme « est-ce qu’il y a des couples dans la femme » avant de se reprendre « euh, des couples dans la salle ! ». Lapsus révélateur ?
Clap de fin
La tournée d’Allelujah Bordel est bientôt terminée. Jérémy Ferrari revient avec un nouveau spectacle sur la guerre (« un sujet plus léger ! ») qui s’intitulera Vends deux-pièces à Beyrouth.
Pour en savoir plus, retrouvez l’interview de Jérémy Ferrari à paraître dans quelques jours.
Camille Degano
Jérémy Satis
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