Nouveau regard sur l’esclavage noir américain

Le 22 Janvier, 12 years a slave sort dans les salles de cinéma françaises.  En seulement cinq jours, il attire plus de 300 000 spectateurs. Il se place en tête du Box-Office et devance même Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese. Ce film américain, réalisé par Steve McQueen II (Shame, Hunger) est co-produit par Plan B Entertainment (société créée par Brad Pitt). 

Un film inspiré d’une autobiographie

Solomon Northup (interprété par Chiwetel Ejiofor), musicien afro-américain et bourgeois vit avec sa femme et ses deux enfants à New-York. En 1841, peu avant la guerre de Sécession, il est approché par deux prétendus artistes, qui le droguent et l’enlèvent. Après un voyage en bateau vers la Nouvelle-Orléans (Louisiane), son identité d’homme libre lui est retirée. Désormais, son nom est Platt. Il est vendu  à un premier propriétaire (Benedict Cumberbatch) et réduit à l’esclavage.  Suite à un conflit, il est revendu à Edwin Epps (Michael Fassbender), propriétaire violent. Platt travaille dans les champs de coton sous le regard malveillant de son esclavagiste. Viols, tortures, humiliations, meurtres… Sauvé en 1853, il passe le reste de son existence à raconter ce calvaire, dont il a été la victime pendant douze  ans. C’est l’un des seuls noirs américains enlevés qui a pu retrouver sa liberté et témoigner.

Le calvaire de Platt dans les plantations de coton. (Crédit photo : D.R.)

Le calvaire de Platt dans les plantations de coton. (Crédit photo : D.R.)

Une réalité crue

Ce long métrage de 2h13 ne cache rien de la violence aussi bien physique que morale. Steven McQueen II lève le voile sur un sujet encore tabou il n’y a pas si longtemps aux Etats-Unis : « Il ne s’agit pas de choquer les gens, mais de faire preuve de responsabilité face à cette histoire ».

Le spectateur se prend la réalité en pleine figure. Chair déchiquetée par les « séances de fouet insoutenables » (Paris Match), on est pétrifié par tant de souffrance, mais aussi de cruauté humaine. Pas de poudre aux yeux, la dureté à l’état pur.

Même si les critiques positives pleuvent, le film n’a pas réussi à convaincre tout le monde. Le journal L’Express, affirme que son succès est prévisible : « cinéaste + Noir + auteur + esclavage + romanesque = Oscar ».

Platt menacé par son propriétaire. (Crédit  photo : D.R.)

Platt menacé par son propriétaire. (Crédit photo : D.R.)

Nominations et récompense

12 years a slave est le troisième film américain à traiter de l’esclavage, en un peu plus d’un an. Il suit Django Unchained  de Quentin Tarantino et Lincoln de Steven Spielberg. Lors de la 71ème édition des Golden Globes, il reçoit la récompense du meilleur film dramatique. Il fait partie des favoris pour les Oscars avec neuf nominations. La cérémonie se tiendra au Dolby Theater de Los Angeles le 2 Mars. 12 years a slave est également nominé aux BAFTA (British Academy of Film and Television Arts, équivalent des Oscars américains) dans plusieurs catégories, dont celle du Meilleur Film.

Steve McQueen II reçoit son Golden Globe, entouré de ses acteurs. (Crédit photo : The Wrap)

Steve McQueen II reçoit son Golden Globe, entouré de ses acteurs. (Crédit photo : The Wrap)

Gyotis Delsart

Manon Bazerque