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« Tous les viticulteurs devraient être en bio en Provence »
Le vin bio prend son essor et évolue vers un marché prometteur.

Laurent Barrera devant ses fûts de la cuvée Côtes-de-Provence rouge « NOWAT » (Crédit photo: Aurélie DL)
D’après l’institut de sondage français : Ipsos, le chiffre d’affaires des vins biologiques a progressé de 15% en 2012, soit 413 millions d’euros. Pour Laurent Barrera, viticulteur dans le Var, ce n’est pas une histoire de marketing, mais d’éthique, la qualité du produit avant tout. Alors que se cache-t-il derrière le vin biologique ?
Laurent Barrera et Romain Bournaud, l’œnologue qui travaille avec lui, nous ouvrent les portes de leur cave dans le Var, en pleine période d’assemblage. C’est au cœur de cette grande salle, entouré de fûts, de caisses, de palettes remplies de bouteilles de vin rouge, blanc ou rosé, que le propriétaire nous raconte l’histoire du domaine.
« En Provence, le bio c’est facile »
Laurent Barrera et Emmanuelle Dupéré sont devenus négociants de vin, avant d’acheter le domaine : le Clos de la Procure en 2003. Le couple possède aujourd’hui six hectares et une grande partie négoce, soit 80 à 90 mille bouteilles par an. Cette production est vouée principalement à l’export qui représente 90% de leur marché, visant le Canada, le Japon, les Etats-Unis, la Suisse et depuis peu la Suède. Ils fournissent également les grands restaurants et quelques caves.
Ce domaine utilise l’agriculture biologique depuis le début, le climat et le beau temps de Provence étant favorable à cette exploitation. Les maladies de la vigne sont moins fréquentes comme le «mildiou» lié à la pluie, ou alors « l’oïdium », un champignon traitable par le soufre, un produit naturel.
La grande crainte pour les vignerons en culture biologique c’est la « flavescence dorée », un tout petit insecte redoutable dont le traitement chimique est obligatoire. Cependant ce phénomène reste très rare, c’est pourquoi Laurent Barrera nous annonce que « tous les viticulteurs devraient être en bio en Provence ».
« En théorie vous aurez moins de chance d’avoir mal à la tête avec le vin bio »
Depuis février 2012, l‘Union européenne a adopté de nouvelles règles , on parle du « vin bio« plutôt que du « vin obtenu à partir de raisins issus de l’agriculture biologique ». Il y a « plus de contrainte désormais au niveau de la vinification » annonce Laurent barrera. Avant les viticulteurs pouvaient fabriquer un vin chimique, l’importance était la provenance du raisin. Aujourd’hui certains produits sont interdits : comme le « PVPP » qui permet d’éclaircir « le Côtes-de-Provence rosé» très à la mode. Par ailleurs, le tôt de sulfite, facteur du mal au crâne, est moins élevé dans un vin biologique. Le soufre permet de conserver le vin face aux écarts de température, éviter qu’il tourne au vinaigre. Il est donc difficile de le supprimer complètement. La nouvelle législation fixe un seuil de 100 mg/l pour un vin bio rouge et 150 mg/l pour un vin blanc ou rosé. Soit 50 mg/l de moins que pour un vin non bio. Pour vérifier le respect de cette nouvelle réglementation, une analyse est effectuée sur les vins en fin de fabrication.
L’œnologue révèle également que la « levure doit être certifiée bio ». Cette levure qui réveille nos saveurs d’enfance, ces goûts de bonbons que l’on retrouve dans le rosé de Provence.
Aurélie de Larquier
Vous avez raison, le climat méditerranéen est favorable au bio. Et c’est aussi vrai que la vigne s’y prête plutôt bien..
Mais dans cet article, vous faites un confusion : la flavescence dorée, qui est une maladie gravissime, incurable, de la vigne, n’est pas un insecte. Elle est due à des petits « bacilles » transmis à la plante par un tout petit insecte porteur qui est une cicadelle. Il n’existe aucun traitement pour la flavescence dorée, et les plants touchés sont donc arrachés et brûlés. Par contre la lutte chimique contre le vecteur de la maladie, donc cette petite cicadelle, est décrétée par les pouvoirs publics, est obligatoire (même pour un particulier qui n’aurait qu’un pied de vigne) et est donc réalisée à titre préventif. Une épidémie de flavescence peut détruire l’intégralité d’un vignoble, d’où l’importance économique de la lutte préventive.
Merci de la précision Dominique.
J’en prends note pour la prochaine fois.
Bonne journée
L’actualité du jour vous offre une opportunité géniale d’écrire une suite à votre article!
Un vigneron bio de Côte d’Or refuse en 2013 de traiter ses vignes contre la cicadelle, alors que la préfecture avait émis un décret. Le non respect du décret peut être passible d’une peine lourde y compris de prison (jusqu’à 3 ou 6 ans je crois). Le tribunal a infligé ici une amende de 1000€ dont 50% avec sursis! Autant dire rien.
La question que l’on est alors en droit de se poser est ;
Une philosophie ou, ici, une technique de production, qui relève tout de même d’une certaine philosophie, permettent-elles de s’affranchir de la loi ?
Si oui, cela équivaut à dire que la loi est mauvaise, alors il faut la changer! Que fait-on en ce sens?
Si non, comment justifier la clémence des juges ? Et quels sont les risques réels ?
Au passage, je vois que vos ainés de la presse écrite commettent la même erreur que vous, mais pour eux, je suis évidemment beaucoup moins tolérant! Ils confondent la maladie et son vecteur. C’est comme si l’on disait que le paludisme se traite par insecticide ! Son vecteur, l’ anophèle mali, oui! Le paludisme, non! Dieu merci pour les malades…
Bonnes vacances!
Bonjour Dominique et merci de votre indulgence.
L’affaire qui paraît aujourd’hui partout dans les journaux, était déjà en cours au moment où j’ai écrit cet article. Mais je ne voulais pas faire un article à rallonge.
Je vous remercie en tout cas d’avoir mis au point cette erreur de ma part, j’ai ainsi pu en parler plus amplement avec des viticulteurs de ma région.
Bonne journée.