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Euthanasie enfantine : la Belgique dit oui
Jeudi 13 Février, les députés belges ont adopté la proposition de loi visant à permettre l’euthanasie des mineurs. Cette législation avait déjà été votée par le Sénat en décembre.
Jusqu’à présent, seuls les Pays-Bas autorisaient légalement l’euthanasie des enfants. Cependant, elle ne peut pas s’appliquer à ceux qui ont moins de douze ans. La Belgique est donc le premier pays au monde à légaliser cette pratique sans condition d’âge. Avec 12 abstentions, 86 pour et 44 contre, le texte entrera en vigueur dans les prochaines semaines.
Des conditions très strictes
Cette nouvelle législation impose tout de même des conditions sine qua non. Si l’enfant est en âge de comprendre et de faire son propre choix, alors il doit être évalué par un psychologue ou un pédopsychiatre. Ce sera à ce professionnel de déterminer si sa demande doit être prise en compte ou non.
Les deux parents, ainsi que l’équipe médicale, doivent donner leur autorisation pour que l’enfant soit euthanasié. Si l’un d’eux oppose son veto, personne n’est autorisé à agir.
La maladie doit être irréversible. Pour qu’un mineur soit euthanasié, il doit être condamné et victime « de souffrances physiques insupportables ». Autrement dit, si son désir de mourir est lié à une souffrance purement psychique, sa demande est rejetée. Sur ce dernier point, la loi diffère de celle autorisant l’euthanasie pour les majeurs (adoptée en 2002 en Belgique).
Du côté du corps médical, chacun peut décider ou non de pratiquer l’euthanasie. Si le médecin est contre le principe, rien ne l’y oblige.
Une loi très controversée
L’adoption de cette loi ne fait pas l’unanimité. Sur le plan politique, tous ne sont pas en faveur de l’euthanasie pour les mineurs. Les deux principaux partis qui s’y opposent encore sont les partis chrétiens démocrates : le CD&V (Christen-Democratisch en Vlaams) et le CDH (Centre Démocrate Humaniste). Pour les évêques belges, « il s’agit de la transgression de l’interdit de tuer, qui constitue la base de notre société humaine », comme le rapporte le journal Libération.
Les opposants mettent principalement en avant deux arguments. Le premier est l’évaluation de la capacité de discernement d’un enfant. Est-il apte et assez mature pour prendre une telle décision ? Ne serait-il pas influencé par son entourage ? Le second porte sur un possible désaccord entre les parents. Si l’un des deux refuse l’euthanasie pour son enfant, alors que l’autre la demande, à qui doit-on donner le dernier mot ?
Quoi qu’il en soit et malgré une tradition catholique encore forte en Belgique, la loi votée ce 13 février servira peut-être d’exemple dans de nombreux pays.
La France est quant à elle très en retard par rapport à son voisin européen. Mais le cas de Vincent Lambert semble sur le point de faire évoluer la situation.
Manon Bazerque
Il faut du courage pour traiter un tel sujet ! Car cela met en jeu plein de concepts qui bien sûr, comme toujours sur ces thèmes, se percutent violemment. Quelle idée se fait-on de la vie? de la mort, de la souffrance? A-t-on le droit de disposer de la vie d’autrui? et inversement, a-t-on le droit de laisser souffrir un être cher? J »imagine que dans les assemblées d’élus, les débats ne doivent pas être simples.
Sur un tel sujet, personnellement, je l’avoue, je serai dans l’incapacité de trancher. Et encore on n’aborde pas les problèmes psychologiques que doivent connaître ultérieurement les parents.Un sujet donc pas simple, qui forcément ne peut donner en aucun cas satisfaction, mais qu’il est bien d’aborder ici. Bravo!