Vinyle Record Shop : une boutique dans la boutique

L’antre de Philippe Vernay est un lieu à connaître pour les amoureux des vieux disques. Située en centre-ville de Cannes, elle ne se révèle qu’à ceux qui la cherchent vraiment.

Une façade banale, un magasin avec des climatiseurs en présentation… J’entre, la boutique est très sombre, je sens comme une légère odeur de renfermé. Je me retrouve dans une pièce où je suis entouré par quelques climatiseurs. Rien de plus normal, me direz-vous, pour un vendeur de clim ! Mais au fond de la boutique, une volée de marches permet d’accéder à un bureau. Deux hommes y sont installés : le premier chante d’une voix grave des paroles en anglais, le second pianote sur un clavier « vintage » tout en bidouillant sur son ordinateur. Me voilà submergé par une musique électro-rock complétement psychédélique !

Une fois la volée de marches passée, je m’avance à la rencontre de ces deux types, qui arrêtent leur morceau pour me serrer la main. Je tourne la tête et là… Une véritable caverne d’Ali Baba. La voilà, cette fameuse boutique de vinyle cachée derrière les clims. Le claviériste me fait signe pour me souhaiter la bienvenue. Philippe Vernay, bouc et rouflaquettes taillées, perfecto sur le dos, est donc l’improbable disquaire que je recherchais.

La boutique Vinyle Record Shop (crédit photo : Antoine Coste Dombre)

La boutique Vinyle Record Shop (crédit photo : Antoine Coste Dombre)

Cette boutique est donc… dans une autre boutique. Il y a des vinyles partout, rangés dans des bacs en plastique ; certains sont même affichés aux murs. Mon regard se porte sur un coffret de Jimi Hendrix, Philippe m’explique que c’est une édition très limitée. Une véritable pièce de musée. Je continue ma visite et me laisse embarquer dans cette folle machine à remonter le temps : des Creedance Clearwater Revival aux Who, de Lou Reed à Led Zeppelin, sans oublier Jimmy Smith, Ennio Morricone ou Alain Bashung. Je ressens le parfum si particulier de ces objets, qui refont petit à petit surface et qui paraissent de plus en plus sortis des greniers.

Une collection impressionnante de vinyles. (Crédit photo : Antoine Coste Dombre)

Une collection impressionnante de vinyles. (Crédit photo : Antoine Coste Dombre)

Philippe Vernay est un OVNI. Qui penserait à vendre des vinyles en même temps que des climatiseurs ? Il possède plusieurs casquettes. La première est donc celle de la vente de clims. Il gère cette boutique depuis 14 ans, et ça marche plutôt bien : « Vendre des clims à Cannes, c’est sûr que c’est bien plus simple qu’à Saint-Etienne ». Mais pourquoi cette boutique si particulière ? « Le magasin est plus un prétexte. Je me rends sur place pour les devis, en fait je ne vends pas en magasin » explique-t-il. Pour ce qui est de la clientèle, Philippe est très clair : « Je travaille bien. C’est beaucoup de bouche-à-oreille, de fidélisation de clientèle, mais aussi d’utilisation des réseaux sociaux ».

Les réseaux sociaux, il les utilise aussi pour la vente de vinyles. Cette idée lui est venue il y six ans. Ce grand collectionneur de disques (il en possède plus de 10 000 chez lui) avait pour habitude d’acheter des lots entiers, quitte à se retrouver avec plusieurs exemplaires identiques sur les bras. « J’achetais beaucoup de disques et de lots dont je ne savais pas quoi faire », raconte Philippe. Pourquoi ne pas vendre les exemplaires superflus dans ce cas ? Par chance, il avait « un bureau jonché de conneries » qu’il suffisait d’aménager. Au début il ne proposait que 300 disques, « c’est rien du tout ! ». Aujourd’hui, Philippe a réussi à se constituer une véritable clientèle de passionnés. «  La vente de disques, ça rapproche. Il faut être intéressé pour venir, on n’y tombe pas par hasard et c’est ça que j’aime ».

Une troisième casquette s’est ajoutée très récemment : celle de producteur. Depuis six mois, Philippe Vernay fait de la production de musique. Deux groupes ont déjà été produits. Et s’il reçoit déjà des maquettes et des démos par internet, il ne veut pas aller trop vite : « on reste sur deux groupes car il faut déjà les vendre, c’est le nerf de la guerre ! ».

Philippe Vernay, c’est un couteau-suisse : collectionneur passionné, musicien, disquaire, producteur de musique et vendeur de clims. Cette passion de la musique, il la partage avec enthousiasme, entraînant les clients et les amateurs de « vieilleries » dans son antre si originale et accueillante.

Antoine Coste Dombre

Petit rappel, la rédaction avait déjà rencontré  le disquaire cannois.