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« Femmes, c’est vous qui tenez […] le salut du monde » (Léon Tolstoï)
La journée internationale de la femmeest célébrée le 8 mars de chaque année. Retour sur ce jour si particulier.
D’après l’ONU, cette journée est « l’occasion de dresser un bilan des progrès réalisés, d’appeler à des changements et de célébrer les actes de courage et de détermination accomplis par les femmes ordinaires qui ont joué un rôle extraordinaire dans l’histoire de leur pays et de leur communauté. » Le thème de l’année 2014 est « L’égalité pour les femmes, c’est le progrès pour tous et toutes ». L’occasion de montrer le rôle primordial des femmes dans le développement économique et social. Rappelons que c’est l’ONU qui a officialisé en 1977 cette journée ; 37 ans que ce jour existe. Et pourtant, beaucoup reste à faire.
Des célébrations originales
Pour l’occasion, Google a créé un Doodle. C’est une vidéo avec des portraits de femmes qui souhaitent une bonne journée mondiale de la femme. Tous les âges, toutes les couleurs, toutes heureuses d’être l’objet de toutes les attentions… le temps d’une journée.
Dans la série What kind of man are you ? (Quel genre d’homme es-tu ?), le dessinateur AleXsandro Palombo dénonce les violences conjugales en mettant en scène des héros de dessins animés. L’artiste italien nous fait ainsi passer de la fiction à la réalité.
Au tour d’Annelie Nordström, la présidente d’un des plus importants syndicats suédois, de se mettre en scène.
Elle explique comment obtenir un augmentation en moins d’une minute. Tout simplement en devenant un homme.
Et pourquoi pas une journée de l’homme ?
La journée de la femme est censée promouvoir l’égalité homme-femme. Les femmes, car elles sont « plus fragiles », « moins intelligentes » ; car elles sont « celles qui enfantent », « qui sont mères au foyer » (on note 96 mères au foyer pour 4 pères au foyer en 2013). Pour toutes ces raisons et tant d’autres, les femmes sont soumises aux hommes. Logiquement, elles ont moins de droits qu’eux. Alors oui, cette journée sert à quelque chose si c’est pour revendiquer plus d’égalité et de droits, pour montrer l’ampleur des luttes pour les droits des femmes.
Violences conjugales, égalité salariale, lutte contre les stéréotypes, précarité, responsabilités, profession, salaire… La liste est longue. Il reste encore beaucoup de progrès à faire. Les chiffres font peur (même si les choses tendent à évoluer dans le bon sens) : en France, une femme sur cinq a déjà été victime de harcèlement sexuel au travail, une femme gagne 5000 euros de moins qu’un homme chaque année, 1 femme sur 10 a été violée ou le sera au cours de sa vie, une Française sur dix est victime de violences conjugales. En Europe, un tiers des femmes a été victime de violences physiques ou sexuelles depuis l’âge de 15 ans. 500 000 femmes par an sont victimes de traite à fin de prostitution. Et il y a 126 millions de femmes excisées. Il est temps d’y remédier. Mais une seule journée suffira-t-elle ?
Une journée pour quoi faire ?
Il y a quelque chose de dérangeant dans cette journée pour les droits des femmes. Pourquoi doit-on attendre le 8 mars pour se pencher sur la condition féminine ? Les progrès ne sont pas prêts de voir le jour de cette façon. Et même en 2014, les gens ne comprennent pas le message. Cette journée est seulement une sorte de grande Saint-Valentin, un simple coup marketing où on offre des roses à toutes les femmes. Comment combattre le sexisme avec de telles initiatives ? Une offre « Spéciale journée de la femme » pour des lavages automatiques. Une initiative douteuse parmi d’autres.
Aujourd’hui, des hommes célèbres ou anonymes sont invités à se prendre en photo avec les lèvres maquillées et à poster leur portrait sur les réseaux sociaux. Alors si les hommes sont prêts à prendre la place des femmes, pourquoi pas après tout ? Ils verront ce que c’est, lorsque l’on est considérée comme inférieure.
De même pour l’émission de France 2 (diffusée le 8 mars à 20h50), « Une femme, un artiste ». Pourquoi un artiste ? La femme doit-elle toujours être désignée par un nom masculin ? Bref, si cette seule journée sert à s’apitoyer sur le sort des femmes, autant ne pas la célébrer.
Camille Degano
Un article à retrouver sur : SOS Société
Un article intelligent, sensible qui ouvre la voie à bien des interrogations.
On peut regretter que la journée de la femme soit noyée dans les 364 autres journées décrétées par n’importe qui (la journée sans internet, celle sans tabac, celle du sourire, celle des mères, des pères, des grands-mères…j’en passe et des meilleures) laissant à penser que la femme ne vaut guère mieux qu’un temps sans tabac! C’est mieux que rien, mais cela reste anecdotique. Et ce n’est pas ce type de journées, réservées aux peuples réceptifs à la communication, qui feront varier les croyances archaïques de peuples qui pratiquent par exemple l’excision.
C’est vrai nous sommes à l’ouest dans une civilisation axée sur la communication, sur les droits de l’homme (et donc de la femme), très nombriliste, mais le décalage de la condition féminine entre ces pays riches et ceux restés dans des traditions quasi moyenâgeuses, rend cette journée un peu « ridicule ».
Certes il y a encore beaucoup à faire dans nos pays dits civilisés, mais si l’on veut vraiment qu’une journée de la femme puisse avoir un effet mondialement reconnu, il est impensable de mélanger les genres. Peut-on comparer les différences de revenus entre hommes et femmes de l’Ouest avec les mariages forcés de gamines dans certains pays? les stéréotypes avec l’excision? Évidemment non. Ce qui ne veut pas dire que s’intéresser aux unes et aux autres est une erreur mais que de les amalgamer en est une.
Si l’on raisonne au niveau mondial, le salut des femmes passe par l’éducation et donc l’école. D’ailleurs, dans nos pays, les choses ont commencé à évoluer avec l’élévation du niveau scolaire des filles. CQFD.
Jean Ferrat disait que la femme est l’avenir de l’homme. Alors, il y a encore du boulot ! Et une journée annuelle n’y suffira pas.
Personnellement, je suis totalement insensible au fait par exemple qu’on parle « d’une femme, un artiste ». C’est une simple règle de grammaire, et je n’y vois pas de sexisme. Je trouve ridicule de farder les hommes, ramenant cette journée au niveau de mardi gras. Les pubs style éléphant bleu sont évidemment des récupérations honteuses d’un évènement, mais reconnaissons-le ensemble, rien ne l’interdit. Par contre j’approuve toutes les initiatives nombreuses et durables qui concernent l’éducation des filles, la lutte contre les mutilations sexuelles etc…et dont vous auriez pu faire état dans cet article Là est le vrai combat.
D’autre part, au risque de me faire écharper, j’ai une vision différente de beaucoup sur les salaires en France.
Dans nombre d’entreprises, les revenus à poste égal (ce qui est la seule base intangible) entre homme et femme sont rigoureusement identiques.
Pour avoir travaillé dans une grande entreprise du CAC 40, je n’ai jamais vu de différence salariale entre sexe. Aujourd’hui patron d’une TPE, j’embauche indifféremment fille ou garçon sur les mêmes bases. Donc je refuse la généralisation de cet écart de revenu entre homme et femme, même si je reconnais que cela doit exister quelque part, pour qu’on en parle autant ! Par contre, force est de constater que les évolutions de carrière sont différentes, et c’est là le problème, plus que dans le revenu à mes yeux. Mais là, pèsent tous les acquis culturels et familiaux et peut-être même les schémas de pensée liés au sexe. Les sources de satisfaction au travail ne sont pas les mêmes entre homme et femme, et peut-être cela génère-t-il des approches de l’évolution de carrière différentes entre sexe.
En tous cas, un article intéressant, mais j’attends bien sûr la réponse sur la question fondamentale que vous posez :
Et pourquoi pas une journée de l’homme ?!