« Mimi », la poule aux œufs d’or de la presse people

Personne ne la connaît mais elle connaît tout le monde. Michèle Marchand est sans doute la colonne vertébrale de la presse people française. Coup de projecteur sur une femme de l’ombre.

Ce n’est pas pour rien que la journaliste est appelée « la Mata-Hari de la presse people ». Les deux femmes ont bien une chose en commun : l’espionnage. Car les journalistes de ce type de presse utilisent eux aussi des méthodes tout à fait illégales pour dégotter l’info qui fera mouche. À 67 ans, Michèle Marchand est la plus redoutable des chasseurs de scoops.

La liaison Sarkozy-Carla Bruni, la grossesse de Rachida Dati, la future paternité de Jean Sarkozy, la célèbre photo de Zahia en une de Paris-Match, les premières photos du couple Hollande-Trierweiller à la plage… Tout ça, c’est signé Michèle Marchand. Ou « Mimi », pour les intimes dans le métier. Plus récemment, elle est grandement soupçonnée d’être à l’origine de l’Affaire Gayet, qui a mis au grand jour la relation secrète du Président français. Ce qu’elle s’évertue, bien sûr, à contredire.

 La une du magazine Closer, le 10 janvier dernier. (Crédits : AP/Remy de la Mauviniere)

La une du magazine Closer, le 10 janvier dernier. (Crédits : AP/Remy de la Mauviniere)

Portrait express

 Difficile de retracer la vie d’une femme si secrète. Dans les années 90, elle gère des discothèques parisiennes (Le Garage, Le Cirque…). On sait aussi qu’elle fut mariée à un braqueur. Aujourd’hui, elle partage la vie d’un ancien commandant de police. Mimi a le cul entre deux chaises, comme on dit. C’est sûrement à la fois ce goût pour l’interdit, pour le secret, et cette aptitude à entretenir un réseau ultra foisonnant de personnes haut placées qui permettent à Mimi d’être l’un des personnages les plus influents des médias français.

Elle est à la tête de Bestimage, une des trois plus grandes agences françaises de photos de célébrités. Elle a aussi cofondé le site Purepeople, qu’elle a aujourd’hui vendu mais sur lequel elle semble encore avoir de l’influence (ce que la direction se garde bien d’officialiser).

C’est en 1996 qu’elle commence à travailler pour Voici, le premier magazine de scoops sur les people. Mais elle le fait dans l’ombre, sans trop en dire autour d’elle. « Elle apportait 90% des sujets français », reconnaissent des anciens de la rédaction. Car Mimi se débrouille toujours pour tout savoir sur tout et sur tout le monde.

Mais Mimi est passe-partout. Sur internet, presque aucune photo. Marion Van Renterghem, journaliste au Monde, l’a décrite à l’issue d’un entretien : Mimi, c’est « la parfaite Mme Tout-le-Monde, de celles qui pendant la guerre franchissaient aisément les contrôles avec un détonateur planqué sous les poireaux. ». Une discrétion qu’elle compte bien garder, comme en témoignent les nombreuses affaires dans lesquelles elle a trempé et dont elle est pourtant sortie indemne (une fausse interview avec le garde du corps survivant de l’accident de la princesse Diana et un circuit d’argent douteux pour rémunérer des informateurs, l’Affaire de la caisse noire de Voici, entre autres.

« Une machine à scoops, une centrale de renseignements »

Mimi est souvent décrite ainsi dans le métier. Et pour cause. Pas un titre de presse people auquel elle n’aurait pas contribué : Paris-Match, Public, Gala, France Dimanche et Voici. Elle s’est construit un gigantesque réseau, que l’on dit « inégalé » : stars, hommes politiques, policiers, PDG, bandits… Elle a des amis partout, mais ceux qu’elle a dans le viseur doivent sûrement moins l’apprécier. D’ailleurs, il vaut peut-être mieux l’avoir en amie. Qui sait si Mimi accepte le silence pour certains proches ? Mais sûrement jamais gratuitement.

Impossible de faire fléchir Mimi. Une volonté de fer et un sacré culot la caractérisent. Son expression habituelle : « Je m’en bats les couilles. » Charmant. Mimi déshabille les célébrités avec une telle aisance que dans le métier, on ne peut que constater le talent.

Suzanne Shojaei

Doit-on considérer le travail des paparazzis comme un art photographique à part entière ? C’est sûrement l’avis du Centre Pompidou de Metz, qui propose une grande exposition sur l’esthétique paparazzi  jusqu’au 9 juin.

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