Municipales : un vote local ?

Derrière la présidentielle, les élections municipales sont le scrutin préféré des français. Mais vont-ils voter en fonction de critères locaux ou en faveur d’un parti politique ? Enquête.

Carte électorale avec urne. (Crédit photo : D.R.)

Carte électorale avec urne. (Crédit photo : D.R.)

 

Selon un sondage Ifop, 69% des sondés voteront pour des aspirations locales et non pour un parti aux municipales ce dimanche. «On assiste à un phénomène de relocalisation de la motivation du vote, analyse Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’institut de sondage Ifop. C’est le score le plus fort depuis que l’on teste cette question.» Cela résulte de la défiance des Français envers le gouvernement et l’opposition de droite qui enchaîne les scandales d’État avec la même régularité que Charlie Chaplin serrait ses boulons dans « Les temps modernes ».

Sur la photo à gauche, Nathalie Kosciusko-Morizet et à droite Anne Hidalgo se battent pour la mairie de Paris. (Crédits photo : Jacques Demarthon, Pascal Pavani, Lionel Bonaventure)

Sur la photo à gauche, Nathalie Kosciusko-Morizet et à droite Anne Hidalgo se battent pour la mairie de Paris.
(Crédits photo : Jacques Demarthon, Pascal Pavani, Lionel Bonaventure)

 

L’exception des grandes villes

Evidemment, Paris et son duel féminin entre NKM (UMP) et Anne Hidalgo (PS) devrait confirmer de peu l’ancrage socialiste dans la capitale et se résumer à une bataille politique. Ça c’est la théorie. En pratique, 54% des électeurs parisiens déclaraient en avril dernier qu’ils voteraient selon des enjeux locaux d’après un sondage Opinion Way .

Tout comme à Marseille où Jean-Claude Gaudin (UMP) et Patrick Menucci (PS) se livreront un duel typique gauche – droite. À Lyon en revanche, pas de sigle PS sur les affiches de Gérard Collomb, une volonté de se limiter à l’échelle locale, mais aussi on s’en doute, une volonté de fuir le bilan du gouvernement. À Nice, Christian Estrosi, à qui les Niçois vouent un véritable culte de la personnalité, devrait faire carton plein dès ce week-end. Ce sera un mélange d’enjeu national puisque l’UMP y est fortement implanté, et de local pour son bilan des mandatures passées.

Le FN, vote national

S’il y a bien un parti pour lequel les électeurs ne voteront pas local, c’est bien pour le Front National. Ce devrait être un vote contestataire à l’échelle nationale. Les électeurs ne se reconnaissent plus dans les partis de l’alternance. Ce pourquoi des électeurs croient faire le bon choix en se tournant vers le FN. Les candidats vont jouer la carte nationale, la présence de Marine Le Pen sur les affiches électorales et les tracts des candidats en est la parfaite illustration. D’autant qu’il n’y a jamais eu autant de listes FN lors d’une élection municipale. En votant pour un candidat FN, on vote plus que jamais pour un disciple de Le Pen.

Pas toujours politisé

Les villes de moins de 1000 habitants voteront bien évidemment pour des enjeux très locaux. Pour ceux qui voteront… car certains n’ont même pas de candidats…). Dans des villes modestes comme à Honfleur, où 8 500 habitants vivent autour du célèbre vieux bassin, les intérêts locaux prennent le pas sur la politique nationale. Si le maire sortant Michel Lamarre n’a pas réellement d’appartenance politique malgré un penchant socialiste avant son premier mandat, un de ses deux concurrents Alain Astresse est membre de l’UDI mais n’est pas investi par son parti et ne met en exergue dans son programme que des mesures locales. Le « désengluage » du centre-ville est une des questions centrales de la campagne.

À Honfleur, le petit bassin amène un nombre de touristes conséquent. Un des enjeux de la campagne est la cohabitation entre résidents et touristes (Crédit photo : D.R.)

À Honfleur, le petit bassin amène un nombre de touristes conséquent. Un des enjeux de la campagne est la cohabitation entre résidents et touristes (Crédit photo : D.R.)

 

« À Antibes, c’est pas politisé du tout »

À Antibes, ville de plus de 70 000 habitants, c’est Jean Leonetti (UMP) qui est solidement accroché au fauteuil de maire depuis 19 ans. Dans une région très ancrée à droite, le sigle UMP ne semble pas être décisif pour Laurent, un électeur antibois « À Antibes, ce n’est pas politisé du tout, le maire a un clan à gauche, un clan à droite, il boit un coup avec chacun, et ils votent pour lui, c’est tout »  lâchait-il avec conviction. Raymond, électeur de gauche, votera même pour Leonetti samedi, tout simplement parce qu’il apprécie sa gestion du territoire au-delà de la barrière politique. Et pourtant, au cœur de la campagne, on ne peut pas dire que ça ne parle pas
politique. Gérard Piel (communiste/FDG) n’hésite d’ailleurs pas à interroger Michelle Muratore (PS) sur le bilan du gouvernement.

Fillon vs Copé

: Le duel national entre François Fillon et Jean-François Copé pour l'UMP se traduit à Cannes avec Philippe Tabarot et David Lisnard. (Crédit photo : Miguel Medina/AFP)

: Le duel national entre François Fillon et Jean-François Copé pour l’UMP se traduit à Cannes avec Philippe Tabarot et David Lisnard.
(Crédit photo : Miguel Medina/AFP)

 

À Cannes, enjeux nationaux se confondent avec enjeux locaux. La bataille sans merci que se livraient François Fillon et Jean-François Copé a eu des répercussions sur la vie politique cannoise. L’UMP n’a d’ailleurs investi aucun des deux candidats : ni le copéiste Philippe Tabarot ni le filloniste David Lisnard. Sans que les deux candidats soient différents sur tous les fronts, on note toutefois des différences en termes de sécurité, de stationnement et de finance, mais rien de réellement clivant sur le fond.

Jérémy Satis