Loeb/Ogier : meilleurs ennemis ou pires amis ? #1

Sébastien Ogier et Sébastien Loeb se sont souvent croisés, mais rarement réellement affrontés.   À cause, notamment, d’une collaboration malvenue en 2011 chez Citroën. Retour sur une brouille entre les deux plus grands pilotes de Rallye français.

À gauche, le nonuple champion du monde des Rallyes Sebastien Loeb, 40 ans. À droite, Sebastien Ogier, champion du monde en titre, 30 ans, annoncé comme la relève. (Crédit photo : D.R.)

À gauche, le nonuple champion du monde des Rallyes Sebastien Loeb, 40 ans. À droite, Sebastien Ogier, champion du monde en titre, 30 ans, annoncé comme la relève. (Crédit photo : D.R.)

Lorsqu’Ogier et Loeb sont interviewés, les deux Sébastien n’échappent pas à la comparaison et à une question l’un sur l’autre. En cause, une guerre d’égo entre les deux meilleurs pilotes de rallye des cinq dernières années, qui concouraient ensemble pour Citroën jusqu’en 2011. L’année où un clash a rendu impossible leur collaboration.

Rallye de Grèce, Acte 1

« En Grèce (ndlr : Rallye de Grèce 2011), ce n’est pas le fait que Citroën ait laissé rouler Ogier qui me gêne, mais qu’on lui donne toutes les chances de me battre alors que j’étais en tête du championnat et que mon adversaire était Hirvonen », déclarait Sébastien Loeb à l’issue du Rallye.
Juin 2011 : les deux hommes courent pour Citroën et Loeb, alors en tête du championnat du monde, reproche à son écurie de laisser Ogier s’envoler vers la victoire. Ce qui aurait été préjudiciable pour le nonuple champion du monde qui voyait Mikko Hirvonen, deuxième au classement général, recoller au championnat. Résultat : Ogier l’emporte et fragilise la première place de Loeb. Cette affaire aura une suite, car ce n’est que le premier round d’un combat de coq entre les deux pilotes.

Sébastien Loeb, au sortir de sa machine au Rallye de Grèce, est frustré par les consignes d’équipe qui ont privilégié Ogier. (Crédit photo : D.R.)

Sébastien Loeb, au sortir de sa machine au Rallye de Grèce, est frustré par les consignes d’équipe qui ont privilégié Ogier. (Crédit photo : D.R.)

Le coup de gueule ironique de Sebastien Loeb :

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Rallye d’Allemagne, Acte 2

La seconde joute prend une dimension encore plus importante, puisque le novice Sébastien Ogier va craquer nerveusement au Rallye d’Allemagne. Nous sommes deux petits mois après la brouille en Grèce. Au soir du vendredi, Loeb mène la danse avec 7 secondes d’avance sur son meilleur ennemi et coéquipier Ogier. Les deux hommes infligent plus d’une minute de retard aux autres concurrents : tous les ingrédients sont réunis pour une super bataille entre les deux pilotes français. Sauf que l’intérêt de Citroën est ailleurs : il faut que les deux pilotes restent en tête pour conforter Citroën au classement constructeur. Le directeur sportif de Citroën Racing Olivier Quesnel décide donc de figer les positions. Loeb restera premier, et Ogier deuxième. Une bataille entre les deux hommes les aurait conduits à prendre des risques pour l’emporter. La prévention a donc pris le pas sur le spectre d’une sortie de route, d’autant que les deux dernières spéciales étaient propices à la casse en cas d’attaque.

Mais Sébastien Ogier, annoncé comme la relève du maître Loeb, ne l’entend pas de cette oreille et commet une grosse erreur de communication : il se livre à chaud, à la presse, et fait une déclaration fracassante : « Comme d’hab, Seb va pleurer et va dire : ah il faut des consignes sinon je vais me faire embêter par mon petit coéquipier. Voilà ce qui va se passer », confiait le Gapençais, narquois. Être en désaccord, c’est possible. L’exprimer devant la presse un peu moins, c’est en tout cas l’analyse de l’excellent Christian Pasquet.

Après s’être plaint de son coéquipier Sébastien Loeb qui réclamait des consignes qui lui ont été favorables, l’Alsacien a finalement crevé le dernier jour et laissé les commandes à son jeune coéquipier Ogier, qui n’a pas manqué d’arroser Daniel Elena, le co-pilote de Loeb. (Crédit photo : D.R.)

Après s’être plaint de son coéquipier Sébastien Loeb qui réclamait des consignes qui lui ont été favorables, l’Alsacien a finalement crevé le dernier jour et laissé les commandes à son jeune coéquipier Ogier, qui n’a pas manqué d’arroser Daniel Elena, le co-pilote de Loeb. (Crédit photo : D.R.)

Ironie du sport, le lendemain, l’Alsacien est victime d’une crevaison et perd une minute. Ogier s’empare de la première place et ne la quittera plus. Et Ogier de conclure : « Je dirais simplement qu’il y a des personnes qui me faisaient rêver, et qui me le font de moins en moins ». Le divorce est consommé. D’autant que le président de PSA est venu en personne négocier la prolongation de contrat de Loeb, l’ambassadeur de la marque, à qui Volkswagen faisait les yeux doux. Un contrat pour lequel Ogier pensait tout bas qu’il avait une clause de « pilote n°1 ». C’en est trop pour le natif de Gap, qui décidera de rejoindre Volkswagen en fin de saison, avec qui il a été champion du monde et flambe aujourd’hui.

Le deuxième et dernier épisode du feuilleton Loeb/Ogier est à retrouver très prochainement sur Buzzles.

Jérémy Satis