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À la recherche de la gauche dans la région cannoise
Buzzles part à la recherche des groupes d’opposition de gauche dans la région. Existe-t-il actuellement une dynamique de changement ? Les têtes des listes alternatives de Mandelieu, Cannes, Le Cannet et Vallauris nous répondent.
« Je pense que Cannes est la ville la plus à droite du département », affirme Dominique Henrot, candidat communiste cannois. D’après le dernier sondage , il remporterait 4% des votes. Le Parti Socialiste et le Front de Gauche comptabilisent 12% des voix. 85% iront voter pour des partis de droite. D’après un autre sondage, 95% des Cannois ne connaissent pas le nom du candidat Front de Gauche : « mes propositions ne peuvent être entendues ; lors du débat organisé par Nice-Matin, j’ai eu un temps de parole équivalent à mon poids politique. En gros, je dis « bonjour » et « au revoir », et c’est terminé. Dans les médias publics à la télé et à la radio, on donne une prime à ceux qui sont déjà en place ». Et puis il y a la contrainte économique : « On a un budget maximal de 10 000 euros pour cette campagne et on n’est pas sûr d’être remboursé. Alors que l’UMP peut faire des banquets et louer le Palm Beach. »

« Action coup de poing sur ce yacht de Madoff par des militants Front de Gauche à Juan-Les-Pins »/ D.R
Ancrage à droite, réelle opposition de gauche
« La droite dure génère son antidote : une gauche dure. » C’est Hervé Lavisse, du Parti de Gauche, candidat à la mairie de Mandelieu, qui tient ces propos. « Dans cette région on n’a pas d’alliance avec le PS, et on en n’aura jamais. Cette liste socialiste a toujours suivi une ligne Strauss-khanienne. Cela entraîne une réelle opposition de gauche, intègre, résolue et indépendante. » Pour lui toute alternative passe par le fait « d’ouvrir grand les fenêtres » et de déloger le maire en place, Henri Leroy (UMP), qu’il qualifie d’« antirépublicain » et d’« antidémocrate ». Ensuite, il veut développer la démocratie citoyenne et les logements sociaux. Il raconte qu’il est difficile de défendre cette alternative et dénonce des pressions envers son projet : « Un maçon qui était sur ma liste a été menacé de ne plus être embauché s’il ne retirait pas sa candidature. »
L’alternative : liste citoyenne ou liste Front de Gauche ?
C’est surtout à Vallauris Golfe-Juan que cette problématique se pose. Une liste citoyenne menée par Jean-Noël Falcou et soutenue par le PS départemental s’oppose à la liste de Jean-Lou Pece, appuyée par la section locale du PS et du Front de Gauche. La première prétend être l’alternative car « c’est un rassemblement citoyen, en marge des partis, avec des gens de droite et de gauche », d’après la tête de liste. La deuxième se revendique de gauche, humaniste et écologiste. Pour Falcou, sa liste citoyenne dépasse les clivages
politiques : « Elle regroupe plein de mondes différents, avec des compétences diversifiées. Des gens souvent sans étiquette politique, qui veulent juste s’investir pour leur commune. » Il raconte que le projet a commencé par rassembler les habitants intéressés, et qu’ensuite, ils l’ont proposé aux différents partis. « On n’a pas réussi à s’entendre avec le Front de Gauche, qui a préféré travailler avec d’autres candidats, mais on a des militants Front de Gauche sur notre liste. » Jean-Noël Falcou est très optimiste quant aux résultats du 23 mars, même si le seul sondage réalisé lui attribue entre 8 et 9 % des voix : « La démarche d’ouverture de notre liste plaît aux habitants. On arrive sans mot d’ordre national, avec seulement un programme local. On est dans la démocratie locale. Grâce au porte-à-porte et aux multiples réunions publiques, on veut associer les habitants aux décisions qu’on prend. »
Michelle Gaydon est sur la liste soutenue par le Front de Gauche, dont elle est militante. Sa critique est virulente au sujet de Falcou: « Son spectre politique est trop large ; on a du mal à le situer. Elle souligne les différences entre les deux listes : « Nous on défend plus le côté social que Falcou. »
Et à Cannes, pourquoi n’y a-t-il pas liste de rassemblement ? « Une liste qui dépasse les couleurs politiques ? On a voulu que des militants associatifs, syndicaux et professionnels nous rejoignent mais il est difficile d’élargir sa liste avec des citoyens qui n’adhèrent pas aux valeurs du Front de Gauche », répond Dominique Henrot, le candidat cannois.
« Dans l’agglomération, il y a une dynamique intéressante dont le Front de Gauche est l’initiateur »
Les inégalités sociales existent aussi sur la Côte d’Azur. « Au Cannet certaines personnes dorment dans des voitures. « Mais Madame Tabarot [maire UMP en place] ne veut pas construire de logements sociaux » s’indigne Jean-Michel Bourdillon, candidat Front de Gauche cannetan. « On espère faire aux alentours de 10%. On veut que des associations nous rejoignent. Le droit au logement, les crèches, les maisons de retraites publiques, le social, c’est notre raison d’exister. »
Pour Dominique Henrot, il existe une dynamique de changement mais « qui est encore au stade embryonnaire ». Il y a eu plusieurs réunions publiques conjointes, avec tous les candidats Front de Gauche du bassin cannois. « Localement, nous sommes la seule alternative : notre programme préconise une véritable transformation sociale et remet en question le capitalisme en quelque sorte. » Les électeurs ne sont pas pour autant convaincus. « Les gens s’intéressent aux « chicayas » entre les 2 candidats UMP , pas aux programmes », renchérit le candidat à Cannes.
Hervé Lavisse, de Mandelieu, garde la foi: « Il y des souvenirs dans le département : la Résistance, les rapatriés d’Algérie… Et puis, lors des tractages, on entend de moins en moins les « allez vous faire voir à Moscou ». »
Nicolas Richen
César Prieto Pérochon