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Un vigneron poursuivi pour avoir refusé de polluer
Un viticulteur bio de Beaune, Emmanuel Giboulot, est passé devant le tribunal correctionnel le 24 février dernier en Bourgogne pour avoir « refusé de polluer ». Il encourait alors six mois de prison ferme et une amende de 30 000 euros.

Emmanuel Giboulot, viticulteur de Beaune, est passé devant le tribunal correctionnel le 24 février dernier en Bourgogne pour avoir « refusé de polluer ». Crédit photo : D.R.
« Je suis jugé pour avoir refusé de polluer mes propres terres. »
Le propriétaire a été convoqué par le tribunal de Dijon, après avoir refusé de traiter ses vignes contre la flavescence dorée. Une maladie très contagieuse et mortelle pour les vignes, véhiculée par un insecte : la cicadelle. Aucun foyer n’était détecté en Côte d’Or, mais par précaution, un arrêté préfectoral imposait l’utilisation unique d’un pesticide. Ce pesticide détruit l’équilibre de la faune, qu’Emmanuel Giboulot tente de préserver depuis plus de 40 ans. D’autres alternatives plus naturelles sont possibles et moins drastiques. Préserver la biodiversité permet de lutter contre la cicadelle. Cependant, les araignées et mantes religieuses, éradiquées des vignes, ne peuvent plus assurer leur rôle, à savoir manger la cicadelle qui colporte la flavescence dorée. A l’issue de l’audience, une amende de 1 000 euros, dont la moitié avec sursis, a été requise. Le délibéré est prévu pour le 7 avril.
Un contre tous mais tous pour un
Une pétition a été lancée par l’IPSN (Institut pour la Protection de la Santé Naturelle). Largement relayée sur le net, elle regroupe plus de 400 000 signatures. La page Facebook de soutien dépasse quant à elle les 100 000 « like ». Un « buzz » soutenu également par le parti EELV (Europe Ecologie les Verts) ; Sandrine Bélier, députée européenne, explique que « L’assignation d’Emmanuel Giboulot vient démontrer une nouvelle fois l’absurdité d’un système qui condamne ceux qui font le choix courageux de promouvoir d’autres approches agricoles. » Des sites d’extrême droite comme Fortune se sont liés à la mobilisation, en diffusant la pétition et en publiant des informations sur le déroulé du procès. Le vigneron a expliqué aux journalistes des Inrockuptibles qu’il ne souhaitait pas être associé à des groupes identitaires. Une récupération qui reste virtuelle et limitée, dont il faut relativiser l’importance.
Eva Garcin
Titre racoleur et article limite de la désinformation.
1 Vous le dites la flavescence dorée, une maladie mortelle pour la vigne. Seul « traitement envisageable » : l’arrachage et le brûlage des plants.
2 Vous le dites aussi, le vecteur de cette maladie est une cicadelle, petit insecte qui en suçant la sève transmet à la vigne un « bacille » source de la flavescence.
Et sachez qu’aujourd’hui la seule lutte possible de la flavescence est le traitement chimique du vecteur.
Ce traitement est décrété (c’est le terme juste) par les pouvoirs publics non sur les cas de flavescence mais sur la présence des cicadelles. Si le traitement est bien fait, aucune voire très peu de plants touchés. S’il est mal fait ce peut-être une catastrophe pour toute une profession.
A mes yeux, aujourd’hui un vigneron responsable n’a pas le droit de s’opposer à cette lutte quel que soit son mode de production et pour 2 raisons :
1 Il s’agit d’une loi, et une loi, force est de l’appliquer, du moins tant qu’elle n’est pas abrogée, Sinon, il devient hors la loi et il ne faut pas s’étonner que les tribunaux interviennent, tribunaux qui dans le cas d’espèce ont été bien cléments!
2 il ferait courir à l’ensemble d’une profession un risque majeur. Peut-être le savez-vous, mais si une parcelle est touchée à 20% par la flavescence, l’intégralité de la parcelle (même les plants paraissant sains) doit être arrachée et brûlée.
Alors bien sûr cela peut paraître comme une sorte de diktat des pouvoirs publics. Et pourtant…faites le parallèle avec la Bulgarie, qui il y a un demi-siècle avait d’importantes plantations de prunus. Un virus, la sharka, est apparu dans ces vergers de prunus, et les moyens de défenses (détection + arrachage + brulage des plants contaminés) n’ont pas été mis en place, pour tout un tas de « bonnes » raisons. Les prunus ont disparu de la Bulgarie et la sharka a été exportée vers l’ensemble de l’Europe. Le vecteur du virus sharka sont différentes espèces de pucerons et la lutte chimique est très peu opérante sur ces pucerons. Je peux vous dire que nombre de producteurs regrettent l’inefficacité de cette lutte !
Alors cet homme n’a pas refusé de polluer. Il a refusé d’appliquer une loi et a mis en danger économique toute une profession. Pas de quoi être admiratif.
J’ai en matière de désinformation lu pire que votre article! Une association dans une demande de soutien pour le même cas écrivait :
« Ceci alors que l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), a lui-même publié un rapport sur cette maladie, expliquant que les traitements actuels imposés aux agriculteurs sont polluants, coûteux, et contrecarrent la démarche de réduction de pesticides de la filière viticole. Ces plans de lutte obligatoire posent en outre d’énormes problèmes aux viticulteurs engagés en Agriculture Biologique ou en processus de conversion vers celle-ci. »
L’INRA dit bien cela, mais il y a une suite à la phrase qui ici est tue ! C’est : « Proposer des méthodes qui vont permettre de mieux gérer la lutte actuelle et développer des solutions de lutte alternatives plus économes en insecticides est donc indispensable à court terme. Ceci nécessite une meilleure connaissance du pathogène, du vecteur et des mécanismes qui gouvernent les interactions entre le phytoplasme, la cicadelle et la vigne. »
En clair, l’INRA est bien consciente des problèmes, parle au futur, et lance des programmes de recherche. Mais tant que ces programmes n’ont pas abouti, on s’en tient aux règles actuelles dans l’intérêt de tous.
Bonjour, le titre porte peut être à confusion. Avant de le publier, j’avais émis quelques doutes à son sujet, devrais je peut être m’excuser de ne pas en avoir trouver un plus adéquat. Malgré tout, j’ai fait mon mieux pour regrouper des informations sur ce sujet que je considère difficile à traiter. Comme vous l’avez fait remarqué, il est compliqué de s’y retrouver parmi tous les sites où la situation est présentée de manières totalement contradictoires Il me tenait à cœur, j’ai décidé d’essayer. L’angle que j’ai choisi ne semble pas être assez objectif à vos yeux et j’en suis désolée. Cependant, bien que tout ce que vous dites dans votre commentaire soit vrai, le fait est qu’à force d’usage de pesticides et autres, nous avons déstabilisé les écosystèmes, et entre autre, supprimé les insectes susceptibles de protéger les vignes contre ce type de maladie. Emmanuelle Giboulot a décidé de s’opposer à un arrêté municipal, pour des raisons d’éthique (personnelles, qui ne sont pas forcément les miennes, je tiens à le rappeler). A tort ou à raison, sans être admirative, j’ai trouvé sa démarche intéressante. Bien qu’utopistes et idéalistes, ses arguments sont aussi valables que ceux du préfet. Je n’encense pas son acte, il peut cependant servir d’une piqûre de rappel, et pousser l’INRA à agir vite pour proposer ses méthodes, et développer des solutions alternatives moins drastiques. Cet acte, par sa symbolique, peut (à mes yeux), encourager l’INRA à se pencher plus rapidement sur les solutions futures envisageables. Vous parlez de désinformation, je ne pense pas être allée jusque là. Quoi qu’il en soit, merci de votre commentaire, je le prendrai en compte pour la rédaction de mes prochains articles.
Ne vous inquiétez pas outre mesure pour l’opinion que j’ai porté sur votre article! Il est vrai que si le titre avait été du genre « Des associations prennent fait et cause pour un agriculteur rebelle » j’aurai sans doute réagis différemment! Et puis, c’est un sujet que je connais bien, c’est un sujet pour lequel ces temps-ci j’ai été à plusieurs reprises sollicité, et je reconnais avoir « tapé » un peu fort, j’en suis désolé.
Pour votre gouverne, sachez que je suis un écolo convaincu mais au sens scientifique et pratique du mot, surtout pas politique ni associatif, groupes souvent éloignés des réalités! J’ai par exemple pour mon camping obtenu un label écolo la clef verte et m’interdis tout traitement, tout en limitant à 1 passage annuel les désherbants, je protège une colonie de pipistrelles, je tond les espaces verts en méthode de protection des insectes etc..
Sur les pesticides qui ont fait disparaître quantité d’insectes (et le pire concerne les abeilles) je suis entièrement d’accord avec vous, car souvent l’agriculture a traité sans retenue et aurait peut-être même continué sur le même rythme s’il n’y avait le problème du coût croissant des produits phytosanitaires.
Mais là, il en va différemment. Traiter cette cicadelle est la seule solution aujourd’hui connue pour enrayer une maladie qui peut anéantir un vignoble. Le traitement préconisé, loin d’être inoffensif, n’est toutefois pas le pire, il est à base de pyrèthre. Et le décret, ( je doute qu’il soit municipal, il est plutôt préfectoral) a force de Loi.
Donc la position de cet homme appelle une réflexion plus philosophique que la seule description du problème constaté.
Quiconque a-t-il le droit d’enfreindre la loi pour quelque motif que ce soit?
En faisant court, je dirai :
Si oui, à quoi sert la loi? Et comme pour chaque loi qui existe, il y a forcément des détracteurs, n’y a-il pas un risque d’anarchie?
Sinon, et bien comme je le disais, il devient « hors la loi » et doit en assumer les conséquences.
Cet homme a bien d’autres solutions pour se faire entendre, d’autant que le lobby agricole existe, qu’il est parfaitement organisé, c’est même sans doute l’un des plus puissants de France, et écouté par l’Etat.
Sachez quand même que la lutte contre cette cicadelle est gérée par la loi française mais aussi européenne tellement les risques phytosanitaires sont importants. Et en plus du risque phytosanitaire, le risque économique que courent tous les vignerons concernés est une réalité.
Quant à l’INRA, rassurez vous! Dans mon commentaire, je vous cite la phrase écrite par l’INRA dans un rapport, phrase reprise par l’association Institut pour la Protection de la Santé Naturelle ( que vous citez d’ailleurs) mais sans la suite (et c’est là que je pense à la désinformation!) qui explique que l’INRA juge urgent de trouver d’autres solutions.
Seulement voilà, même si on a tous envie de voir rapidement évoluer les choses, la recherche agronomique a son rythme, lié à la biologie animale et végétale.Quand on travaille sur le vivant, les résultats ne sont jamais aussi rapides que sur l’inerte.Mais soyez persuadée que le problème est pris en compte. Et qu’il l’a été avant même cette malheureuse affaire.
Je reconnais qu’il faut une bonne dose de courage pour s’attaquer à un tel sujet, technique d’une part, et aussi médiatique. Rassurez-vous je continuerai à lire vos articles et je suis très heureux que vous ayez eu le courage de défendre votre point de vue dans votre réponse !