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Une visite chinoise en grande pompe pour des contrats juteux
Pendant trois jours, de Lyon à Paris, le président chinois Xi Jinping a reçu les honneurs de la République notamment pour renforcer les liens entre la France et la Chine, et pour signer une moisson de contrats.

François Hollande a accueilli le président chinois Xi Jinping pour une visite officielle de 3 jours/ DR
Le président chinois Xi Jinping avait choisi la France pour sa première visite en Europe depuis son accession au pouvoir il y a un an. L’occasion pour la France, dixit le président François Hollande, de rééquilibrer les liens économiques entre les deux nations : « Sur le plan bilatéral, nous avons d’excellentes relations, même si nous avons un devoir pour ce qui nous concerne, c’est de rééquilibrer le commerce extérieur entre nos deux pays ». Une visite qui coïncidait aussi avec la commémoration du cinquantième anniversaire de la reconnaissance de la Chine de Mao par le général de Gaulle.
Pour cela, le chef de l’Etat avait tout prévu. Tout d’abord Xi Jinping est arrivé à Lyon. Au programme : visite au centre de recherche en biologie moléculaire de la firme BioMérieux, laboratoire très implanté en Chine, et visite de l’institut franco-chinois en présence d’officiels comme le sénateur-maire de l’ancienne capitale des Gaules, Gérard Collomb. A Paris, le président chinois a eu l’honneur de fouler la cour des Invalides, où se déroulent un grand nombre de cérémonies solennelles. Et a terminé sa visite en France par un concert à l’Opéra Royal du château de Versailles et un dîner privé au Grand Trianon. Xi Jinping a donc eu droit à tous les honneurs.
Une visite qui a été marquée par la signature de cinquante contrats, parmi lesquels une vingtaine concernant notamment le rapprochement entre les constructeurs PSA Peugeot Citroën et Dongfeng, avec la signature d’un « mémorandum » confirmant l’entrée du groupe chinois et de l’Etat français au capital du constructeur.
Airbus a vu la production de son usine de Tianjin prolongée pour une durée de dix ans. La branche hélicoptères du constructeur aéronautique français a conclu un accord de « coopération industrielle » avec Aviation Industry Corporation of China (AVIC), géant chinois de l’aéronautique, portant sur la production de mille hélicoptères. Enfin, la compagnie a dévoilé un protocole d’accord portant sur l’achat de soixante-dix appareils, pour un montant total de 10,2 milliards de dollars.
Cette visite a aussi été l’occasion d’intensifier les échanges agricoles et agroalimentaires, et de signer des accords dans les domaines de l’énergie, la technologie, la science ou encore la coopération culturelle et universitaire. Tous ces contrats entre la France et la Chine atteignent un montant de plus de 18 milliards d’euros. «Avec le président Hollande, nous avons décidé de valoriser la complémentarité et le potentiel de nos deux économies», a dit le président chinois qui a donc salué « une visite historique ». Une visite qui se voulait synonyme d’un avenir prospère entre les deux pays, d’un nouveau départ économique. L’avenir dira pour qui et dans quelle mesure ces objectifs seront atteints.
Mathilde Brun
Un bon article qui fait le tour des réussites commerciales de la France lors de cette visite du Président chinois. Et la conclusion est pertinente.
François Hollande parle de rééquilibrer les liens économiques entre les deux nations. Disons que c’est mieux que rien, que c’est un début, mais que la France est encore largement déficitaire.
Le sujet des rencontres franco-chinoises est toujours intéressant. On se réjouit des ventes, à juste titre lorsque la France est plongée dans une situation économique exceptionnelle, telle que nous la connaissons aujourd’hui. Alors, se réjouir à l’instant T est une bonne chose. Mais voilà, en dehors des biens de 1ere consommation les produits issus de l’agriculture, la Chine exige généralement ce que l’on appelle pudiquement des « transferts de technologie ». En clair, on vend un produit, ils apprennent à le réaliser avec notre aide, et ensuite on est évincé du marché. Donc à terme, il n’est pas dit que ces magnifiques contrats soient porteurs d’avenir. Mais ne boudons pas notre plaisir, instantanément, c’est bon à prendre. Ne soyons pas dupes non plus, visite du n°1 chinois ou pas, les accords de Peugeot avec Dongfeng auraient été signés.
Maintenant, ceux qui sont un peu plus âgés que vous se souviennent que lorsque Chirac ou Sarkosy se rendaient en Chine, la gauche, et notamment le 1er secrétaire du PS de l’époque, François Hollande critiquait leur attitude de « VRP de la France » qui, pour vendre n’abordaient pas les épineux sujets des droits de l’homme en Chine et de la situation au Tibet. Lors de cette récente visite, je n’ai pas l’impression que les remarques sur ces sujets aient été beaucoup plus nombreuses qu’auparavant. Les élus français seraient-ils des cabotins dans l’opposition et des pragmatiques une fois élus? Et cela au risque d’une totale décrédibilisation d’un pays qui mets soit-disant les droits de l’homme en 1ere ligne!