Ras-le-bol des émissions culinaires !

Les émissions culinaires font leur show sur la TNT. Vraie gastronomie ou téléréalité ?

Qui ne connaît pas Masterchef ou Top Chef   ? À vrai dire, il est assez difficile d’éviter ce genre d’émissions, quand on allume la télévision. À l’heure du goûter, à l’heure de l’apéritif et même à dix heures du soir, on ne voit que des gens qui préparent à manger pour des chefs qui critiquent leurs plats et qui doivent prendre dix kilos en une saison. Comble de la société de consommation : on nous présente pendant presque trois heures des plats appétissants, dans une émission entrecoupée de publicités pour des produits alimentaires. Alors on grignote, on consomme, on salive devant sa télé, devant ces centaines de kilos de nourriture qu’on utilise à chaque fois, pour vous dire que votre dressage d’assiette est joli. Mais bon, c’est divertissant.

Comment les grands chefs français perçoivent-ils ce genre d’émissions? Le point de vue de Serge Gouloumès, étoilé au Guide Michelin, interviewé par Buzzles :

 

Le jury de Top Chef sur M6, émission concurrente de Masterchef sur TF1/ DR

Le jury de Top Chef sur M6, émission concurrente de Masterchef sur TF1/ DR

 

De la concurrence à la bonne cause

Dans le domaine des émissions culinaires, la concurrence fait rage. Les chaînes de télévision, comme toujours, copient leurs concepts d’émission. Quand ça ne s’appelle pas Top Chef (M6), c’est Masterchef (TF1). La différence ? S’il y en a bien une (à part le nom) c’est que Top Chef est réservé aux professionnels de la cuisine alors que Masterchef est ouvert aux personnes qui n’ont jamais travaillé dans un métier de bouche. On joue l’audience : Top Chef récolte en moyenne 3 700 000 téléspectateurs, Masterchef, quatre millions.

Si au moins il y a un point sur lequel on ne vous raconte pas de salades, c’est que les restes sont donnés à des associations caritatives. Top Chef est partenaire depuis trois ans de la Croix-Rouge. D’ailleurs, trois tonnes de nourriture ont été données pendant la saison quatre. Sept-cent familles ont ainsi pu être nourries pendant deux mois. De même, Masterchef donne ses excédents au Secours Populaire.

Masterchef séduit de moins en moins de téléspectateurs/ Crédit: Médiamétrie

Masterchef séduit de moins en moins de téléspectateurs/ Crédit: Médiamétrie

 

Vous avez encore faim ? Vous reprendrez bien trois émissions

Alors quand on voit que les gens ont l’eau à la bouche devant ces deux émissions, on n’hésite pas. On en lance d’autres. Comme si on n’était pas repu. Cette année, on a le droit à plusieurs émissions bonus. D’abord, l’émission L’addition, s’il vous plaît. Elle sera lancée le sept avril à dix-sept heures. Le concept : pendant une semaine, quatre restaurateurs d’une même région, gérant différents établissements (bistrot, pizzeria, brasserie, crêperie …), s’invitent chacun leur tour. Une note sera attribuée sur les critères suivants : la cuisine, l’ambiance, le cadre et le service. Celui qui obtiendra la meilleure note remportera trois mille euros. Le concept ressemble étrangement à celui de Un dîner presque parfait sauf que pour cette nouvelle émission, ce sont de vrais restaurateurs qui s’affrontent. Et bizarrement, M6 lance en même temps l’émission Mon bistrot préféré  à 17h20, dès le 7 avril. Le but est, on l’aura compris, d’élire le meilleur bistrot de France. Autant dire qu’on va encore se précipiter devant la télé. Et attention ! Comme si cela ne suffisait pas, TF1, qui a décidément un grand appétit, table sur le programme culinaire Le Meilleur menu de France.  Cerise sur le gâteau : c’est (encore) une compétition mais cette fois avec soixante chefs de restaurants renommés. Le meilleur pourra servir son repas lors d’un prestigieux événement (par exemple, en Angleterre, les gagnants ont cuisiné pour la famille royale).

 Que ce soit sur les chaînes privées ou de plus en plus sur le service public, l’engouement semble, malgré des audiences qui déclinent, être encore là. Alors on produit toujours plus d’émissions… jusqu’à dégoûter les téléspectateurs ?

Camille Degano