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Le slow journalisme a le vent en poupe
Faire du journalisme en sortant de la spirale de l’urgence ? C’est possible avec le Slow Media.
Les mooks, objets hybrides entre livre et magazine, se sont largement développés ces dernières années. Grands reportages, grands formats, mise en page originale ou encore nombreuses illustrations, tels sont les quelques ingrédients de fabrication des mooks. Mais pas seulement car ils se disent indépendants et sans publicité. Autant dire que XXI, 24h01 ou encore The Believer sont des ovnis par rapport aux autres formes de journalisme aujourd’hui.
Le slow journalisme existe aussi sur Internet
Tour de France des Alternatives est le site internet d’un journaliste indépendant, Emmanuel Daniel. Son projet ? Faire le tour de France dans le but de s’attaquer aux alternatives observables dans plusieurs domaines tels que l’écologie, la politique ou la culture. Du reportage à grande échelle pour faire connaître des choses peu traitées par les médias.
Pourquoi le slow journalisme ?
L’accélération du rythme de l’information avec Internet et le sentiment d’être moins informé pour le lecteur sont les cibles du slow journalisme. Des journalistes allemands ont conçu le manifeste du Slow Media en 2010 pour une approche moins quantitative mais plus qualitative. Les Slow Medias contribuent à la pérennité de l’information, se diffusent par la recommandation et reposent sur la qualité dans la production et la réception des contenus médiatiques.
Le slow journalisme essaye de réagir à la perpétuelle course à l’audience, à l’immédiateté de l’information. Une course que privilégient les chaînes d’information en continu (BFM TV, I>Télé, LCI). Il faut en effet qu’il y ait un flux incessant d’informations pour donner quelque chose au téléspectateur, sous peine de le voir zapper. Par exemple, lors de l’affaire Dominique Strauss-Kahn/Nafissatou Diallo, les directs se multipliaient devant la maison de l’ancien secrétaire du FMI. Les journalistes ne cessaient de répéter « nous sommes devant la maison de DSK, nous attendons sa sortie ». Beaucoup de sensationnel, de suspense pour tenir en haleine le spectateur. Cela donne aussi parfois lieu à de fausses informations ou à des rumeurs. BFM TV avait ainsi donné le faux scoop de l’arrestation de Mohamed Merah.
Même si tous les auteurs ne sont pas journalistes, la démarche reste journalistique. Le slow journalisme prend donc plusieurs formes. Et le succès de magazines télé bien installés sur de nombreuses chaînes, tels que Thalassa ou Faut pas rêver, le prouvent : le slow journalisme a le vent en poupe !
Camille Degano
Mathilde Brun
Ah! voilà qui me plait. Le slow journalisme ! Adieu les exclusivités foireuses, bonjour les vrais articles de fonds. Vous faites bien d’en parler ici, car dans le grand public que je représente un peu, c’est une notion méconnue.
On peut donc, peut-être hâtivement, en conclure que l’article de fonds, qui a toujours existé, reprendra la place qu’il aurait toujours du occuper.
Par contre, ce qui m’interpelle, c’est le mot mooks (??!! en français ça veut dire?) Dites-vous quand même qu’en France, nul n’est obligé de devoir parler anglais pour comprendre et se faire comprendre. Comme j’ai horreur de ne pas comprendre, j’ai recherché sur internet, et il semble, selon le Nouvel Economiste, que ce terme est jugé par les éditeurs comme « horrible », ces derniers les appellent donc des revues. Là tout de suite, je comprends mieux. Et cela me rassure, je ne lirai jamais de mooks, mais des revues, oui!
Ce qui est assez marrant d’ailleurs, c’est que quand on dit « mooks » on a l’impression de citer la dernière nouveauté! Quand on dit revue, c’est moins « mode », mais ça a l’avantage d’être connu depuis fort longtemps.
Alors, vous me direz que je vous fais un mauvais procès puisque vous dites « mooks, objets hybrides entre livre et magazine ». Sauf qu’avec une telle traduction, vous êtes obligées de continuer d’utiliser le mot mooks, puisque personne n’achètera un objet hybride entre livre et magazine!
Alors qu’avec revue, on peut immédiatement revenir à notre langue et même en acheter!
Je n’adhère pas plus au slow média et au slow journalisme ! D’abord, parce que dans notre civilisation la lenteur n’est pas flatteuse, et d’autre part cela suppose que l’article de fonds et le grand reportage est lent. Ce que je ne crois pas, j’imagine que l’auteur le muri, le peaufine, mais ne traîne pas pour autant. Et comme le mot lent a aujourd’hui une connotation un peu péjorative, je me demande si le premier qui a utilisé ce terme n’était pas un adepte du « scoop » !
J’arrête là ces aspects sémantiques pour revenir au fonds.Disons-le tout bonnement, il me réjouis, et s’il y a plus de magazines TV tels ceux que vous citez, ce ne sera que mieux, d’autant s’ils sont diffusés en « prime time !!!! »
Ce soir, je suis un lecteur grognon, car je suis viscéralement contre tous ces anglicismes, qui, souvent par snobisme, envahissent notre langue, notre presse et nos entreprises, et font des bastions professionnels ou culturels imprenables par M Toutlemonde. .