La jeunesse d’aujourd’hui, les champions de demain

À Antibes, de jeunes espoirs de la voile rêvent de représenter la France aux Jeux Olympiques. Pour réussir, ils doivent concilier études et sport.

Le CREPS d’Antibes (Centre de Ressource, d’Expertise et de Performance Sportives)  situé dans le port de la ville, forme des jeunes sportifs au haut niveau. Les jeunes sont en classe SHN (sportifs de haut niveau), les effectifs sont réduits et les athlètes suivent des cours de rattrapage pendant les vacances scolaires. Le CREPS comporte plusieurs pôles comme la natation, le golf, la gymnastique (acrobatique et trampoline), le basket et la voile.

Le pôle espoir de voile se compose de seize jeunes de 15 à 19 ans. Tous naviguent sur des 420, dériveurs à deux équipiers.

Certains ont tout quitté pour intégrer le CREPS. Lara Granier, 19 ans, est arrivée en troisième, elle a quitté le Kenya pour se consacrer à sa passion. Cette année, en parallèle, elle est entrée à l’école de commerce la SKEMA sur le campus de Sophia-Antipolis.

Une passion avant tout

 

Hippolyte Machetti et Sidoine Dantès, 17 ans, sont originaires de Valbonne. Ils rentrent chez eux après les entraînements. “On est amis d’enfance, nous avions prévu depuis nos 12 ans de faire équipe ensemble”. Vice-champions de France 2013 en 420, les résultats et l’envie de progresser les motivent. “On fait un sport dans un environnement plaisant, on est sur l’eau et on voyage dans des endroits magnifiques”. L’équipage a remporté les championnats d’Europe des moins de 18 ans en 2013 au Portugal.

 

Autres talents prometteurs, Marina Lefort et son équipière Lara Granier représentent l’espoir féminin français du moment. Marina a rejoint Lara au CREPS il y a deux ans. Même si sur chaque voilier les coureurs occupent une place spécifique, barreurs ou équipiers doivent être interchangeables. “Dans l’olympisme on est obligées de savoir faire les deux” confirme Marina. Leur coach explique que “l’équipière est toujours la plus grande”. Avant c’était Lara mais depuis peu Marina l’a dépassée en taille. Alors la barreuse passe au trapèze et c’est à son tour de se suspendre au-dessus de l’eau. “Quand on échange, tout ce qu’on veut c’est s’amuser” dit Lara. Pas toujours sérieux mais déterminé le duo a un même objectif : participer aux Jeux Olympiques.

Des jeunes prodiges

Ces champions n’ont pas la même vie que les autres adolescents. Avec des entraînements quotidiens et des compétitions le week-end, ils n’ont plus beaucoup de temps pour eux. Leur emploi du temps est aménagé, les voileux vont au lycée jusqu’à treize heures.

Lors de l’entraînement les équipages font “une argentine” : les bateaux sont proches et doivent s’esquiver. La difficulté vient aussi des règles de navigation comme la “priorité tribord”. En cas de faute, le voilier doit faire deux tours sur lui-même. En plus de la pratique, les jeunes ont des cours théoriques de météorologie, de technique et bien sûr de préparation physique : le centre a recruté Nicolas Marietta, entraîneur physique d’Alain Bernard notamment, champion olympique de natation.

Pour réussir, il faut en avoir dans les jambes et dans la tête. Hippolyte veut rentrer à Sciences-Po Aixl’année prochaine et Sidoine à Polytech, une école d’ingénieurs. “Quand tu fais du sport de haut niveau, tu apprends à mieux gérer les situations de stress, tu as plus de rigueur” précise Sidoine. Tous les deux veulent intégrer le pôle France de Marseille pour continuer la voile à un haut niveau. Et peut-être comme ils l’espèrent, être sélectionnés en équipe de France de voile pour les Jeux Olympiques.

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Barreuse et équipière, une vie à deux

Lara Granier et Marina Lefort s’entraînent au CREPS d’Antibes, elles sont le meilleur équipage féminin français du moment en 420 :

Comment avez-vous commencé la voile?

L.G: J’ai commencé la voile à neuf ans sur le lac Naivasha au Kenya, mon père en faisait. J’ai débuté le haut niveau à quinze ans, j’en rêvais depuis toute petite.

M.L: J’avais dix ans, j’ai essayé sur des plus petits bateaux : des optimistes, et ça m’a plu.

Vous passez beaucoup de temps ensemble, réussissez-vous à garder de bonnes relations dans votre équipage ?

L.G: Même si sur terre on ne s’entend pas tout le temps, sur l’eau on fait complètement abstraction, pour bien naviguer il faut communiquer.

M.L: Quand on est sur le bateau ça devient tout de suite plus professionnel, on essaye de ne pas trop se disperser. On a le même objectif, finir dans les dix premières aux mondiaux d’Allemagne en 2014. Et dans deux ans, on aimerait rentrer au pôle France de Marseille.

 

Cette année, l’élite est ici”

Jean-Philippe Coin s’occupe de la section voile au CREPS. Il entraîne huit équipages, dont seulement quatre filles, avec lesquels il confie passer plus de temps qu’avec sa propre famille. Être sportif de haut niveau est un engagement des jeunes mais aussi des parents. “Ils m’impressionnent par tout le travail qu’ils fournissent pour en arriver là” confie le coach. Arriver à ce niveau demande “pas mal de concessions”. Sur le plan scolaire, l’exigence est “100% de réussite au bac” précise-t-il. Avoir un métier est d’autant plus important en voile, c’est un sport peu médiatisé et peu de personnes en vivent.

Soraya Bezombes,

Raphaëlle Daloz

et Manon David