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Hellfest 2014 : au cœur des polémiques
L’édition 2014 du Hellfest, l’un des plus gros festivals de métal en Europe, fait face à de nombreuses polémiques à quelques semaines de son ouverture.
Clisson en Loire-Atlantique : 6 700 habitants, son château médiéval, ses vestiges historiques et … son festival de métal : le Hellfest. La petite ville y a vu défiler des superstars du métal comme Guns N’ Roses, Slash, Motörhead ou encore Black Sabbath. Cette année, les festivités auront lieu du 20 au 22 juin et accueilleront plus de 110 000 personnes, soit près de 16 fois la population de la ville. Pour donner une idée plus précise de l’ampleur de la chose, lemonde.fr a réalisé une infographie très édifiante sur l’édition de l’année dernière . Connu de tous, la réputation de l’évènement n’est plus à faire. Cette année pourtant, les organisateurs ont du faire face à de vives protestations.
Le « sexy project » du Hellfest qui tombe à l’eau
Tout commence le 17 avril dernier avec ce tweet des organisateurs du festival :
L’idée? Montrer que, malgré les conditions de vie en festival et le temps parfois peu avenant de la Loire-Atlantique, le Hellfest sait se montrer glamour ou « sexy ». A travers une vidéo, maintenant supprimée du web, les organisateurs annonçaient leur collaboration avec le magazine Le Tag, spécialisé dans la culture porno. On y voyait l’actrice Proxy Paige annonçant qu’ils allaient « exploiter les filles du festival ». L’idée de mauvais goût aurait simplement pu faire un flop, mais elle a suscité la colère des internautes. En quelques heures, les community managers de l’évènement ont reçu des milliers de messages, notamment de femmes fans de métal qui revendiquaient leur droit à profiter de la musique qu’elles aiment sans avoir peur d’être harcelées ou « exploitées », comme le promettait le projet.
Cette histoire, qui aurait pu ternir la réputation du célèbre festival, s’est finalement bien terminée, grâce à la bonne foi, si l’on peut dire, des responsables du rassemblement. En effet, dès le lendemain, la vidéo était supprimée et le projet annulé. Les organisateurs, à la vue des réactions des internautes, ont préféré admettre une « erreur de jugement » et abandonner le projet Girls x Hellfest. En montrant qu’ils savaient écouter les revendications de leur public, les auteurs du projet ont donc su redorer le blason du Hellfest.
Catholiques intégristes et « fête de l’enfer ».
« Le Hellfest doit être annulé ! ». Voici l’intitulé de la pétition qui a recueilli plus de 12 000 signatures sur le site Petitio . On peut lire sur la page de la pétition des affirmations telles que « des groupes satanistes vont hurler leurs appels à la haine et la violence contre les chrétiens » ou « le satanisme attise la violence chez nos jeunes ou adolescents ». En parlant « d’offensive antichrétienne », les auteurs de cette pétition appellent à la réaction des internautes contre le maire de Clisson dont la « complaisance » envers le festival ne pourrait être interprétée que comme « une cause des débordements et des troubles à l’ordre public » qu’engendrera à coup sûr le Hellfest, toujours selon les auteurs. Ils s’en prennent directement à des groupes tels que Slayer ou Behemoth en prenant leurs paroles, certes très vindicatives à l’encontre des religions en général, au premier degré, ne considérant en rien la dimension artistique et créatrice que peut prendre la musique de ces groupes de black métal.
Mais d’ailleurs, qui sont les auteurs de cette pétition ?
La pétition en question est signée par la société française pour la défense de la Tradition, Famille, Propriété , plus connue sous les initiales de TFP. Il s’agit là d’une association de catholiques intégristes,considérée dès 1995 comme sectaire par une commission d’enquête parlementaire. Ses membres décrivent eux-mêmes leurs actions comme « une croisade en défense de la civilisation chrétienne ». Les responsables de l’association, se voyant peut-être comme des messagers de la bonne-parole et de la bienséance, se sentent investis d’une mission : celle de combattre « la révolution culturelle athée, immorale et socialiste » qui vise à saper les trois piliers de la société française : la Tradition, la Famille et la Propriété. On imagine que toute ressemblance avec un slogan portant les mêmes initiales est bien évidemment involontaire.
Paul Kempenich