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Stromae : le choc des générations
Mercredi 30 avril, Stromae clôturait la tournée printanière de l’album Racine Carrée, au Dôme à Marseille. Le rendez-vous de 6000 fans conquis par l’univers musical du Belge.
Dès 18 heures le Dôme ouvrait ses portes au grand public. Le phénomène Stromae séduit toutes les générations : des adultes aux enfants et même des personnes âgées. Erika 37 ans, accompagne son fils Ryan, 12 ans, un très grand fan. Ryan arbore le look du chanteur : les cheveux rasés sur le côté, la chemise colorée et boutonnée jusqu’au col. Le véritable mini Stromae du clip Papaoutai . Trop intimidé, c’est sa mère qui témoigne de sa ferveur « il adore, à la maison c’est Stromae en boucle. » Eve, 21 ans est accompagnée de son amie Stella. Elles dansent et chantent ensemble alors que le concert n’a pas encore commencé. Eve est séduite par le flow du Belge mais aussi par « son style excentrique, et par le fait qu’il fasse des chansons différentes ».
Stromae semble être devenu incontournable, tous ses concerts affichent complet. Il est clair que le verbe du chanteur est fort, on pense au titre moralisateur Humain à l’eau : « Moi humain Papou. Primaire et pas vous ?Si évoluer c’est ça, Moi j’évolue pas pour un sou… ».Des paroles tranchantes mélangées à un son électro, voilà la recette du succès de Stromae. Il brise même le tabou du genre en se déguisant en femme dans son clip Tous les mêmes. On comprend pourquoi le chanteur Belge rassemble, réunit le monde. Karine, mère de Kévin, 11 ans, est venue au concert avec sa compagne Laurie et ils écoutent Stromae en famille. Kévin, dans la fosse, est debout sur la barrière et guette l’arrivée de l’artiste. La foule s’impatiente, s’agite, elle crie et appelle « Stromae, Stromae, Stromae ! ». Les projecteurs baissent leur lumière, le show commence.
Un performer live
Le travail de mise en scène est bluffant. L’introduction est un comme un dessin animé : des rouages, des outils, des bruits de cliquetis. Puis un Stromae en personnage animé, semblable à ceux des théâtres d’ombre, marche et s’envole. Enfin, le véritable Stromae, ouvre le bal avec Ta fête. La salle est en feu, le public connait les paroles par cœur. Les musiciens, chapeau melon sur la tête, jouent de leur instrument avec ardeur. Ils sont de chaque côté de la scène, installés derrière deux immenses racines carrées lumineuses et mobiles, à l’image de l’album.
Stromae lance un véritable show coloré de lumières et d’images. La technique est impressionnante. Lorsqu’il attaque Quand c’est ? , une de ses chansons les plus sombres qui parle du cancer, la scène est en contrejour. En fond, une ombre noire qui comme une araignée accapare l’écran, puis disparait. Cette représentation du cancer et la voix fluette de Stromae nous plongent dans une ambiance terrifiante. La magie de la scène. L’artiste longilign esautille dans tous les sens, et encourage le public à faire de même. Alors qu’il gesticule, des personnages projetés sur l’écran du fond de scène, imitent la chorégraphie de Stromae.
Et même pas essoufflé !
En plus de faire danser les Marseillais Stromae brûle les planches. Il est ce personnage en marge de la société et il l’interprète parfaitement dans Formidable. A la manière du clip, il débarque sur scène en titubant, chemise ouverte. Et c’est le titre phare Papaoutai qui marque la fin du concert. Là encore, une mise en scène spectaculaire. Stromae est dans une chambre, figé comme une statue, ce sont ses musiciens qui le portent jusqu’au micro. L’ambiance est à son comble.
Le Belge surprend une fois de plus les spectateurs. Après que la scène a été vidée de tout artifice, lumières, images, sons, il revient accompagné de cinq chanteurs. A capella, ils interprètent moules frites. Deux font les chœurs, trois autres marquent le rythme à l’aide de leur voix et Stromae chante. Un moment magique, qui fait du bien à nos oreilles et qui démontre qu’avant tout, Stromae est un artiste novateur.
Gyotis Delsart