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La puce à l’oreille
Le vivant est envahi par la technologie: vaccination en masse, implants sous-cutanés… Il en est de même pour les animaux d’élevage, au risque de déplaire aux éleveurs qui ne « peuvent plus la boucler ».
Élevage et nouvelle technologie
Le 21ème siècle se définit par ses innovations et son avancée technologique permanente et sans frontière. Nanotechnologie, clonage, génotypage… les scientifiques repoussent toujours plus loin les limites du possible. L’innovation touche tous les secteurs, de la médecine à l’agriculture en passant par l’élevage de chèvre et de brebis. Une réglementation européenne oblige désormais les éleveurs à poser une puce électronique sur leurs animaux nés après le 1er janvier 2010. Cette puce remplace la boucle de plastique que l’on voit habituellement sur le bétail d’élevage. Même si Bruxelles a accepté de repousser la mise en place de cette mesure jusqu’en 2015, la France a choisi de s’en tenir à la date initiale en 2013. Certains éleveurs considèrent cette obligation comme « un pas de plus vers une industrialisation forcée de [leurs] fermes. »

Brebis dans la ferme bio La Martinerie à Millau, dans le sud de la France. Source: AFP/PASCAL PAVANI, via Le Monde
Le cas d’Irène et Étienne
Un couple d’éleveurs dans le sud de la Drôme élève un troupeau de 60 brebis, produit du fourrage, des céréales et des légumineuses en agriculture biologique depuis plus de 25 ans. Considérant l’obligation du port de puce électronique comme une « atteinte à la liberté de l’élevage », Irène et Étienne ne s’y sont pas pliés. L’ASP (Agence de Service et de Paiement) est un organisme qui s’occupe du contrôle de la bonne application des normes qui déterminent l’accessibilité aux aides et subventions agricoles. Lors d’un contrôle de l’ASP en avril 2012, l’absence de puce électronique a suffi à mettre le couple d’éleveurs en difficulté. Pour n’avoir pas respecté la réglementation en vigueur, Irène a été sanctionnée par une suppression de 6 000 euros de prime, et condamnée à payer 6 000 euros de pénalités supplémentaires. La Direction Départementale des Territoires a également classé le troupeau du couple « à risque » et « hors circuit ». Etienne et Irène ont choisi de demander l’annulation de la sanction: ils ont saisi le tribunal administratif de Grenoble, le verdict devrait être rendu ce 27 mai. Étienne et Irène sont soutenus dans leur combat et dans leur démarche par de nombreuses associations d’élevage, comme la Confédération Paysanne. Agriculteurs et éleveurs s’unissent contre l’industrialisation de leur profession: « nous avons de profondes inquiétudes sur l’avenir d’une société qui ‘puce » de plus en plus largement les êtres vivants et qui ne voit de salut que dans toujours plus de technologie » conclut Irène.
Eva Garcin
Eva, en prenant systématiquement la défense de la veuve et de l’orphelin, vous êtes tout à la fis incorrigible et sympathique! Mais cette histoire parait bien triste. Ce n’est pas pour autant qu’elle me tirera le début d’un soupçon de larme.
Vouloir la liberté de l’élevage apparait comme une demande éminemment sympathique Seulement voilà, on ne peut en même temps être libre et attendre des primes de l’Europe ou d’ailleurs. Lorsque l’on demande une subvention, il y a forcément des contreparties à accepter. Ce n’est pas spécifique à l’agriculture mais il n’y a aucune raison pour que l’agriculture s’affranchisse de cette contrainte.
Le bagage (et maintenant la puce, au passage plus facile à lire) a essentiellement 2 raisons d’être : identifier l’animal, donc avoir une meilleur connaissance du troupeau individuel et global et en assurer le suivi, notamment sanitaire. Aujourd’hui, les consommateurs sont très « à cheval » sur le suivi de la chaine alimentaire, à juste titre d’ailleurs. Et aller contre, n’est pas servir l’agriculture, bien au contraire.
Il y a donc, selon ce que vous dites, en jeu trois niveaux de contraintes :
l’Europe qui édicte un règlement dont le respect est nécessaire pour bénéficier des primes à l’élevage,
une réglementation nationale dont le non respect entraîne sanction
une responsabilité territoriale qui doit vérifier l’identification de l’animal pour en suivre l’état sanitaire et le non respect de cette identification entraine par le simple principe de précaution de classer l’animal comme « à risque ».
Franchement je ne vois pas ce qu’il y a de choquant dans cette approche, et je juge bien dommage de prendre des risques financiers en refusant d’appliquer ces diverses réglementations assurant globalement la sécurité du consommateur. D’autant que l’application d’une puce ne remet absolument pas en cause les principes de l’agriculture biologique. Sauf à ce qu’il y ait des non-dits.
Dominique, votre vision me semble bien simpliste. En fait, les éleveurs dénoncent le risque d’industrialisation de leurs petits élevages et redoutent une société envahie par les puces électroniques. Ils n’ont jamais été consultés sur cette question. On veut une fois de plus mettre en péril les producteurs locaux et privilégier l’élevage et l’agriculture intensifs. C’est une grave erreur.
Je vous invite à lire cet article–> http://www.lagedefaire-lejournal.fr/la-marche-des-sans-puces/
Éva soulève un problème intéressant (dont je ne connaissais rien).
Dans son article, il n’est nulle part question de donner son avis personnel ou de monter au créneau, bien que le sujet la touche sûrement. Première partie explicative, correctement sourcée, elle définit cette norme. Et une deuxième partie où elle présente le cas de ces deux tous petits agriculteurs (60 brebis…), et des répercussions que ce système à eu sur leur façon de travailler, de vivre, quand ils ne s’y sont pas plié. C’est un angle presque intime et concentré, certes, mais qui à sa place parmi d’autres articles plus… Généraux.
Bonne Question approves.
Et le titre est génial ahah !
Bonjour Dominique, je conçois le fait que vous ne soyez « pas d’accord » avec cet article. Mais je me demande: pourquoi? Le sujet même n’est pas l’Europe et ses enjeux financiers, subventions primes etc. Je ne prends pas la défense de ces éleveurs, j’expose simplement leur cas. Comme dit Nicolas ci dessus, le sujet est la vision des éleveurs vis à vis de cette obligation. On connait tous les problèmes que pose l’élevage intensif, et la crainte des éleveurs de voir leur profession industrialisée est légitime. Ils ont le droit de dire « non ». D’autre part, je ne pense pas prendre systématiquement « la défense de la veuve et de l’orphelin ». Si j’admets que mon article sur le vigneron était contestable, je ne pense pas que ce soit le cas ici. Comme dit Bonne Question, ce sujet m’intéresse et me touche, d’où cet article. Je pense pouvoir écrire sur ce genre de cas, même s’ils ne font pas la une de la presse nationale, et même si la décision d’Irène et Etienne ne fait pas l’unanimité. Ne pas partager leur point de vue n’est pas une raison suffisante pour ne pas écrire, et encore moins pour ne pas le respecter.
Eva, je suis désolé de n’avoir pu répondre plus tôt.
Bien évidemment je ne critique pas le fait d’écrire ou ne pas écrire sur ce sujet. Ce qui me fait réagir sur cet article, ce n’est ni sa propre existence ni sa forme, mais le fonds. On est devant un refus de la règlementation et un « jusque boutisme » dommageable Et sauf à preuve du contraire, je juge pour l’instant les raisons mises en avant comme arguties.
Par contre, je suis étonné que dans votre réponse vous me disiez « Le sujet même n’est pas l’Europe et ses enjeux financiers, subventions primes etc. », car dans l’article vous y consacrez les 2/3 du 2nd paragraphe et que c’est bien ces sanctions que le couple cherche à faire casser par le tribunal de Grenoble.
J’estime que sur de tels sujets on a intérêt à prendre un peu de recul et de se poser la seule vraie question : Pourquoi?
Pourquoi une puce électronique choque tant alors que la boucle d’oreille est en usage (y compris évidemment dans cette exploitation) depuis fort longtemps? Et pourquoi elle serait plus une « atteinte à la liberté d’élevage » que la boucle d’oreille?
Pourquoi une puce « industrialiserait » d’avantage que la boucle d’oreille? Quel lien faites-vous entre cette soi-disant industrialisation et la puce? et pourquoi cette puce obligerait l’éleveur à changer la taille et la conduite du troupeau pour passer de la fonction d’éleveur à celle d’industriel?
Pourquoi la majorité des éleveurs utilisent cette puce a priori sans problème majeur et qu’une poignée d’agriculteurs s’y opposent?
Pourquoi refuser le progrès et ne pas chercher au contraire à tirer partie de cette nouvelle technologie? (cf.biopic par exemple)
Pourquoi cette puce est d’actualité, autrement dit, pourquoi l’Europe l’a mise en place?
Et l’on peut continuer comme cela sur d’autres items, la sécurité sanitaire, la sécurité alimentaire, sur le risque d’une image rétrograde de l’agriculture …etc et bien sûr sur le risque financier pour l’exploitation.
Et je pense que vous-même comme le lecteur pourraient se faire une idée plus complète du sujet par les réponses à ces questions ! (si réponse il y a, évidemment). Cela supposerait une enquête de terrain auprès des anti, des pros, des administrations… enquête dont vous n’avez pas les moyens, je l’imagine bien.
Que vous soyez intéressée par le sujet, c’est bien et je le conçois d’autant plus que moi aussi, avec des visions peut-être pas si éloignées qu’elles n’y paraissent ,d’ailleurs !
Et bien sûr, au risque d’agacer Nicolas Richen,je maintiens totalement ce que je dis dans mon premier commentaire, (hors la petite phrase sur la veuve et l’orphelin que je veux bien supprimer!!) préférant passer pour avoir des raisonnements simplistes plutôt que naïfs.
Eva, pour votre simple satisfaction personnelle, et pour vous seule, si ce sujet vous passionne, cherchez à l’ approfondir en laissant de côté les aspects médiatiques..
Je vais faire en sorte de répondre de manière brève car c’est un débat sans fin. Je parle de l’Europe car à la base c’est une réglementation européenne qui est à l’origine de cette puce. Mais je ne suis absolument pas assez qualifiée (pour l’instant) pour pouvoir parler enjeux économiques etc, avec justesse et rigueur, c’est pourquoi je dis que l’Europe même n’est pas mon sujet. Je comprends dans votre commentaire que ce qui vous choque est: « pourquoi refuser ce progrès? » Je pense que chacun a ses raisons… Étienne et Irène, comme d’autres, ressentent apparemment une atteinte à leur liberté, soit. C’est leur vision, aussi valable la vision de ceux que cette puce ne dérange pas. Personnellement, cette puce ne m’inspire pas grande confiance. C’est peut-être injustifié, mais la manière dont l’électronique s’introduit partout, même jusque sous la peau des moutons que l’on mange par la suite… je ne trouve pas ça rassurant. Comme vous le relevez dans votre commentaire, il serait par contre intéressant de se pencher sur la question: Pourquoi l’Europe a t elle instauré cette mesure? Et aussi, pourquoi l’a t elle repoussé jusqu’en 2015? ça semble être un angle intéressant à traiter. je prends vos remarques en compte, et si je trouve le temps et les moyens de traiter ce sujet sous un angle plus globale, je le ferai.
bjr je viens de prendre connaisssance de votre article je suis dans le meme cas depuis 2010 lors d un contrle europeen le controleur me signifie que mes chevres( certaines) ne sont pas bouclées une seule posée l autres dans un sac mes chevres sortent dehors et reviennent avec les oreilles arrachées etc de plus il se trompe mais rien y fait je prend donc une pénalité plus le remboursement de 2010 plus le non paiement de 2011 et bien sur de 2012 mais comme l europe a mis une pénalité dessus 2013 out je n ai pas finis comme mon chargement est nul en 2010 on me demande de rembourser la phae la mae etc mais ce n est pas fini on me demande donc de rembourser la totalité de 2010 a 2013 et oui j ai ecris un courrier au prefet de l indre rien j ai tord point barre j ai pris rdv avec la député de l indre elle a aucune réponse de paris on la renvoie au prefet je ne fais pas le calcul des pertes de primes j estime a environ 8000€ je vous signale aussi que de nombreux eleveurs dans l indre on des problemes avec les administration francaises et tous sans exception sonr en bio comme moi chercher l erreur merci et bon courage