D’hier à aujourd’hui, les joutes nautiques à Sète

Publié par La rédaction le 5 juin 2014 dans Local, Sports | Un commentaire

Quand sport rime avec folklore au son d’instruments traditionnels. A la Saint Louis, le public se presse dans les gradins des quais du Canal Royal pour assister à de spectaculaires tournois.

Les joutes languedociennes sont apparues vers 1270 à Aigues-Mortes (Gard). A cette époque les soldats en partance pour les croisades défiaient les marins dans le port. A Sète, les premières joutes ont eu lieu pour l’inauguration du port par Louis XIV en 1666.

Les joutes naut iques sont de grandes festivités estivales. (Crédit photo : Office de tourisme de Sète)

Bleu contre rouge

Sur le canal s’avancent deux barques de différentes  couleurs où sont installés 8 à 10 rameurs. A l’extrémité de chacun des bateaux, sur une plateforme de trois mètres de haut (la tintaine), se place un jouteur muni d’un pavois (bouclier) et d’une lance, puis, lorsque les barques se croisent, ils s’affrontent. Le but ? Faire tomber son adversaire à l’eau. A l’origine, la confrontation nautique opposait  deux équipages, celui des hommes mariés (aujourd’hui la barque rouge), et celui des jeunes hommes (aujourd’hui la barque bleue). Mais à partir de 1846, ce tournoi par équipe devient tournoi  individuel. La tenue vestimentaire est codifiée : chemise blanche sur tricot marin rayé, pantalon et chaussettes blanches.

Un sport qui rassemble

Pour Rémi Pécheral, le chargé de communication de l’École de joutes de la Marine, les valeurs transmises sont “le courage, l’amitié et la convivialité”. A Sète, durant l’été, une compétition a lieu chaque semaine et un tournoi se déroule fin août, le jour de la St Louis. Pourquoi ce jour précis ? En 1904, Louis Vaillé dit “Le Mouton” est vainqueur de la compétition. Il remportera cette épreuve  pendant dix années consécutives. Cet événement dure 6 jours, le gagnant reçoit alors un pavois décoré par un artiste régional. Sur chaque barque, installés à la proue, se trouvent également deux musiciens. L’un joue du tambour, l’autre du hautbois traditionnel (dépourvu de clefs). Les musiciens animent chaque joute avec de la musique traditionnelle, ils donnent la cadence aux rameurs.

Sur les quais du canal, une pena (groupe de musique de rue composé d’instruments à vent et de percussions) encourage les jouteurs. La durée et le style musical font partie du rituel. Les joutes sont de grandes fêtes populaires, avec musique et animations. Plusieurs milliers de spectateurs assistent aux tournois, preuve que les traditions ne sont pas toutes dépassées.

Manon David

Raphaëlle Daloz